La 15e édition du festival Kaleta et des arts Agouda s’est tenue du 21 au 23 décembre à Ouidah. Pendant trois jours, la cité des Kpassè a été la capitale des masques et a fait l'objet d’une grande attraction. Le promoteur et délégué général de l’événement, Wilfried Houndjè donne quelques précisions à propos de ce festival.
La Nation : Le festival kaleta en est cette année à sa quinzième édition. Que peut-on en retenir ?
Wilfried Houndjè : Le festival Kaleta et des arts Agouda est une manifestation populaire artistique et culturelle qui valorise le patrimoine Agouda à travers les masques Kaleta et Bourian. C'est un projet culturel qui fait le lien entre le Bénin et le Brésil qui ont tous deux de commun l’histoire de la traite négrière. Nous avons donné corps à ce projet en partant du triste constat que la pratique de la danse Kaleta est en voie de disparition. Or, la pratique de cette danse est une école de vie, d’éducation socioculturelle pour les jeunes enfants. Puisque c’est dans un groupe Kaleta que l’enfant arrive à travailler avec ses camarades, c’est dans ce même groupe qu’il parvient à gagner ses premiers sous à partir de son propre travail, c’est aussi dans ce groupe qu'il apprend à garder le secret ; d’où le mythe « Soukpota ».
Quelle particularité revêt cette édition?
Du 21 au 23 décembre nous avons vécu les manifestations de la 15e édition du Festival Kaleta et des arts Agouda dans la commune de Ouidah. C’est la première manifestation culturelle populaire de cette commune et de tout le département de l’Atlantique qui a pu tenir la route pendant quinze années de suite. La particularité de cette édition est que seuls les groupes lauréats des quatorze dernières éditions ont été invités pour animer les spectacles de concours Kaleta. Ces groupes proviennent de six communes du Sud Bénin. Il s’agit de Ouidah, Kpomassè, Cotonou, Abomey-Calavi, Grand-Popo et Toffo.
Mais, c’est aussi l’édition qui s’est ouverte aux masques Bourian qui, pour la première fois, ont été aussi sur scène comme les Kaletas. Le décor du festival a fait aussi peau neuve, la technique est passée aux mains d’un ingénieur de son. Des universitaires ont pris part au festival pour continuer d’approfondir les recherches sur ce patrimoine afro-brésilien menacé de disparition. Voilà autant de nouveautés que le comité a apportées cette année.
On peut donc conclure que tout s’est déroulé comme sur les roulettes au niveau de l’organisation ?
(Sourire). Cette année, nous avons eu du mal à mobiliser les ressources pour faire face aux multiples charges du festival. Tous ceux qui avaient promis nous appuyer ont été relancés, mais silence radio. Toutefois, un évènement vieux de quinze ans doit garder son honneur et soigner sa réputation. Du coup, nous nous sommes retrouvés seuls à financer un festival dont les spectacles sont entièrement gratuits.
Mais, il y a de très bonnes choses également. C’est la première fois que le festival a suscité un intérêt particulier auprès des hommes des médias nationaux et internationaux et même des réseaux sociaux. Nous avons eu au programme un atelier de masque Kaleta, un carnaval Kaleta, un concours Kaleta et Bourian, des visites touristiques, des instants de danses et de ballets, des projections de films et bien d’autres attractions.