L’ancienne ministre chargée de la Microfinance, Sakinatou Abdou Apha Orou Sidi, était à la barre, vendredi 28 décembre dernier, pour déposer dans le cadre du procès de l’affaire Icc services qui était à sa neuvième journée devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet). Elle a livré sa part de vérité à la cour de céans en sa qualité de ministre chargée de la Microfinance au moment des faits.
A la barre de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), vendredi 28 décembre dernier, l'ex-ministre chargée de la Microfinance, Sakinatou Abdou Alpha Orou Sidi, dit ne rien savoir de l’affaire des structures illégales de collecte et de placement d’argent dont Icc services qui a opéré de 2006 à 2010. Mieux, jusqu’à son départ du gouvernement, elle n’a non plus été informée par aucun des services techniques de son ministère qui avait entre autres attributions de promouvoir le développement des structures de microfinance. Il avait été dénombré 800 institutions de microfinance (Imf) dont le gros lot s’est installé illégalement. Mais le volet surveillance et contrôle de ces Imf relevait surtout, à l’aune de la règlementation en vigueur, du ministère de l’Economie et des Finances, précise l’ex-ministre. Il revenait donc au ministère de l’Economie et des Finances, à travers la Cellule de surveillance des structures et institutions de microfinance décentralisées, de fermer les structures qui s’installaient hors réglementation. Sakinatou Alpha Abdou Orou Sidi martèle à la cour que l’Etat n'autorise jamais l’installation d’une Imf au mépris de la réglementation en la matière. Mais avant l’ex-ministre chargée de la Microfinance, la cour a invité à la barre les sieurs Pépin Adjovi, commissaire central de Porto-Novo et directeur départemental par intérim de la Police nationale dans l’Ouémé-Plateau, au moment des faits; le commandant de la Brigade économique et financière (Bef), Dieudonné Lissagbé, alors en charge de la commission d’enquête policière, le commandant Mohamed Saké qui a dirigé la commission d’enquête de la gendarmerie nationale et le major de la gendarmerie, Barnabé Adounsiba, membre de la commission d’enquête de la gendarmerie. Ces quatre personnes dont Dieudonné Lissagbé et Barnabé
Adounsiba qui ont déposé jusqu’ici en qualité de sachants ont vu leur statut changer pour devenir des témoins à la demande des avocats de la partie civile et de la défense. Cela, au motif que la plupart des sachants qui défilent à la barre depuis le début du procès ne disent pas la vérité afin de permettre à la cour d’avancer, observe Me Gustave Anani Kassa, avocat des victimes, qui a fait les observations à la cour au nom de ses collègues.
Zinzindohoué plongé
Le président de la Cour de céans, Edouard Cyriaque Dossa, a donné droit à cette demande et obligé ces quatre hommes en armes à prêter serment pour dire la vérité et rien que la vérité. Il a été surtout question avec les sieurs Pépin Adjovi, Mohamed Saké, Barnabé Adounsiba et Dieudonné Lissagbé de la manière dont ont été opérées les différentes perquisitions au domicile de l’accusé Emile Tégbénou et leurs résultats. Selon eux, il y a eu au total cinq perquisitions chez le directeur départemental Ouémé-Plateau d’Icc services. Les différentes descentes visaient le même objectif, à savoir rechercher de l'argent dans les coffres-forts que l’accusé aurait caché dans sa maison afin de rembourser les épargnants spoliés. Toutes ces perquisitions ont été faites en présence d’Emile Tégbénou qui était chaque fois transporté sur les lieux et non cagoulé contrairement aux déclarations de ce dernier, soutient l’ex-patron de la Bef, le commissaire Dieudonné Lissagbé. Mohamed Saké dit avoir été membre de la commission d'enquête judiciaire mise sur pied le 12 juillet 2010 par le procureur de la République dans l'affaire Icc. Dans ce cadre, il dit avoir assisté à une seule perquisition chez Emile Tegbénou. Seulement, rappelle-t-il, dans le cadre de cette mission, la commission a mis en place une ligne verte. C’est ainsi qu’un staffeur qui était bien habitué du domicile de l’accusé à Adjarra a appelé la commission pour l’informer de ce qu’il a réalisé à Emile Tégbénou un plafond qui devrait servir de cachette d'argent pour lui. Le commandant Mohamed Saké dit avoir effectué cette descente chez Emile Tégbénou, sur autorisation du juge. Mais cette fouille a été infructueuse et sanctionnée par un procès-verbal.
Pépin Adjovi, pour sa part, avoue avoir affecté de garde du corps à Émile Tegbénou. Mais cela sur instruction du ministre chargé de la Sécurité publique d’alors, Armand Zinzindohoué. Alors commissaire central de Porto-Novo et directeur départemental de la Police nationale par intérim de l’Ouémé-Plateau, Pépin Adjovi dit avoir été instruit par le ministre qui lui a demandé d’affecter à Emile Tégbénou un garde du corps afin de régler les problèmes de sécurité de l‘intéressé. Il a agi diligemment sans chercher à savoir grand-chose de l’activité professionnelle du bénéficiaire d’autant que l'instruction venait de sa hiérarchie. «Lorsque je lui ai affecté le garde du corps, il a fait une demande pour qu'on mette à sa disposition une arme », souligne l’ex-Ddpn Ouémé-Plateau. Il aura par la suite l’autorisation de port d’arme signée de l’ex-ministre Armand Zinzindohoué. « À l'époque, on ne peut pas aller contre les instructions venues du haut. Quand le ministre de l'Intérieur donne des ordres, il fallait l'exécuter. Je constate que j'ai agi par respect à l'autorité », précise Pépin Adjovi qui regrette d’avoir servi sous Armand Zinzindohoué qui a nié pratiquement devant la cour lui avoir donné de telles instructions.