Joliane Ahouassou, taille élancée, teint clair, reste incontournable sur le terrain du Taekwondo et de la boxe au Bénin. Redoutable, elle l’est du fait de sa dextérité et du savoir-faire dont elle fait preuve à chaque compétition. Elle accumule les médailles sans répit.
Lorsque la passion pour le sport bouillonne en soi, aucun vent contraire ne peut l’arrêter. Joliane Ahouassou fait partie des jeunes figures féminines sportives béninoises qui excellent en Taekwondo, en boxe et en king-boxe (Karaté et boxe).
Telle une lionne, elle dévore tout sur son passage et ne laisse aucune chance à ses adversaires. Dans ces disciplines, elle est inégalable. « On ne peut parler de boxe et de taekwondo aujourd’hui sans évoquer son nom », lance son père, Paul Ahouassou.
La plupart du temps, elle s’impose et surpasse toutes ses concurrentes. Que ça soit en Taekwondo ou en boxe, Joliane détient le titre de championne sur le plan national et s’impose également sur le plan continental. En 2016, elle s’était imposée à la championne ghanéenne, Laetitia Anchrat, au cours d’une compétition africaine organisée à Cotonou.
Fille aînée d’une famille modeste de deux enfants, cette élève de 19 ans est prête à tous les sacrifices pour aller de l’avant. Pour elle, aucun effort n’est de trop quand il s’agit du sport. « Le sport, c’est toute ma vie ; c’est comme une partie de moi », laisse-t-elle entendre, sourire aux lèvres.
Derrière son air calme et son sourire enfantin, se cachent la détermination et la conviction. Joliane est pleine de rêves pour le taekwondo. Quatorze ans de pratique, et elle fait parler d’elle. Ses performances en disent long sur sa détermination et son expérience. Elle accumule des diplômes, des attestations et des médailles au point de remplir toute une valise.
En dépit du manque de soutien de certains de ses camarades, elle puise dans les mots d’encouragement de ses professeurs et d’autres amis pour aller de l’avant. Elle peut également compter sur l’accompagnement de sa famille, au premier rang, ses géniteurs qui ne ménagent aucun effort pour la soutenir.
Joliane doit son ascension à son père qui, très tôt, a cru en elle et l’a propulsée. Tout a commencé par une promenade. « Lors d’une promenade matinale un samedi au stade de l’Amitié de Cotonou, alors qu’elle n’avait que 5 ans, nous avions croisé des sportifs qui s’exerçaient dans plusieurs disciplines. J’ai demandé celle qui intéressait ma fille et elle a choisi le taekwondo », raconte son père, Paul Ahouassou. Ce fut le déclic.
Depuis ce temps, elle s’y accroche. Même engagement de la part de son père qui ne se lasse guère de la soutenir. « Je n’ai pas fléchi, je la suis de près », témoigne-t-il.
Niveau surprenant
A ce jour, Joliane a participé à plusieurs compétitions. Et elle n’y va jamais pour perdre. « Elle a été toujours championne du Bénin », témoigne-t-il, très satisfait de l’évolution de sa fille aujourd’hui. Plus récemment, avec le gala de boxe organisé à Cotonou, le samedi 15 décembre 2018, où elle a croisé les gants avec une redoutable militaire en finissant en beauté les trois rounds, elle a comblé encore les attentes de bon nombre de ses fans.
En décembre 2016 déjà, elle avait remporté l’open international organisé à Cotonou et qui a réuni plusieurs athlètes africains.
A son actif, plusieurs médailles d’or. La championne du Bénin en taekwondo étend également ses tentacules dans le domaine de la boxe. Après avoir passé sa ceinture noire en taekwondo avec la mention honorable, elle a entamé l’aventure de la boxe sur les conseils avisés de son maître, Félicien Houétchékpo. Le jeu en valait la chandelle, car le niveau de Joliane était trop élevé pour qu’elle se limite seulement au teakwondo.
Deux mois d’entraînement seulement en boxe et elle s’impose à ses challengers dans cette discipline, la plupart redoutées pour leur ancienneté et leur savoir-faire. Le championnat départemental de boxe en 2017 va confirmer tout son talent. « Lors de la compétition de 2017, tout le monde craignait qu’elle perde la partie au regard de l’ancienneté de sa concurrente et de son parcours dans cette discipline ». La crainte laissera place à la joie, à un soulagement total. Joliane a surpris plus d’un en disposant de son adversaire.
Et si la plupart des stars sportives africaines se sont installées à l’extérieur pour bénéficier de grandes formations et se faire un nom, Joliane Ahouassou et son père pensent que l’eldorado n’est pas forcément ailleurs. « Des pays m’ont proposé d’aller signer leur nationalité afin de poursuivre ses expériences chez eux, mais j’ai toujours décliné l’offre », révèle-t-elle. Et pour cause ! « Nous attendons certaines promesses de la part du Bénin », explique-t-il. L’attente devenant trop longue, la famille Ahouassou est désormais bien consciente qu’il faut laisser la championne explorer les nouveaux horizons qui s’offriront à elle afin de ne pas la limiter indéfiniment. ‘’La petite Joliane’’ non plus ne perd de vue cette réalité.
Ambitions
Derrière son talent d’athlète se cachent bien des ambitions. « Je voudrais aller représenter le Bénin sur le plan international si les opportunités s’offraient à moi », projette-t-elle. En attendant, Paul Ahouassou déplore l’absence de compétitions au niveau national en ce qui concerne la boxe pour encourager davantage les femmes. « Je note que les acteurs ne prennent pas la chose au sérieux ; les filles se découragent vite en raison du manque d’engagement des acteurs », relève-t-il. « C’est parce que je suis amoureux des arts martiaux que j’essaye d’encourager et de soutenir ma fille », poursuit-il. Toutefois, les moyens lui font défaut. « En tant que parents, nous sommes limités ; si l’on était dans un pays plus organisé, Joliane ne serait plus à ce stade », se convainc-t-il.
Toutefois, la pratique de ces disciplines n’empêche pas la taekwondïste d’exceller à l’école. Ses performances scolaires témoignent du sérieux et de la discipline qui la caractérisent. Sur le plan académique, la terminaliste s’est tracé une discipline qui l’amène à avoir de bons rendements scolaires. Preuve qu’avec la volonté, l’effort et le soutien, les femmes ont de quoi se faire valoir.
La plus grande satisfaction de Paul Ahouassou serait de voir sa progéniture exceller dans les arts martiaux. C’est pourquoi il prépare d’ores et déjà son fils cadet qui, selon ses témoignages, suit bien les traces de sa sœur aînée. « Son jeune frère est ceinture noire troisième dan aujourd’hui », dit-il en souriant. Reste que l’Etat s’engage davantage pour promouvoir les athlètes et hisser la boxe et le taekwondo à l’instar du football.