A la barre vendredi dernier, 8e jour du procès Icc, Guy Akplogan a expliqué les contours de l’audience avec le Président Boni Yayi et un consortium d’hommes d’affaires dont Icc-services. Emile Tégbénou a quant à lui expliqué comment il a pu faire une photo avec l’ancien Président pour la mettre dans son bureau. Pépin Adjovi, Barnabé Adounsiba et Dieudonné Lissagbé puis l’ancien ministre Sakinatou Orou Sidi ont dit eux aussi ce qu’ils savent de cette affaire.
Guy Akplogan, la discussion ne pourra être vertueuse que si vous-même, vous nous expliquiez ce qui s’est passé avant et surtout ce début janvier 2010. Si la date n’est pas bonne, vous allez nous le dire.
Effectivement, on a été rencontrer le chef de l’Etat avec un consortium d’hommes d’affaires. Le volet sécurité concernait en réalité le monsieur israélien. Je n’ai pas la précision du nom, ça doit être dans le dossier. Par rapport à ce volet, je devrais me rendre en Israël pour la poursuite des débats. Je suis allé chercher un visa à Paris. Arrivé là-bas, des instructions ont été données. Dans le rang à l’entrée de la rue de l’ambassade d’Israël à Paris, il suffisait de contrôler le passeport pour savoir si j’étais là. Dès qu’on a pris mon passeport pour aller le vérifier à la guérite, on m’a enlevé des rangs pour m’introduire directement dans l’ambassade. J’étais assis quand on m’a remis le visa. Il n’y a pas eu de question, parce que celui qui m’a invité est une personnalité reconnu en Israël. C’est donc comme cela j’ai obtenu le visa. Je devais me préparer début avril, le 6 ou le 7 avril pour Israël quand j’ai eu l’information de ce qu’il y a des troubles à Cotonou par rapport à Icc. C’est suite à cette information que je suis revenu à Cotonou pendant que les gens disaient que je voulais fuir le pays. C’est parce que j’ai entendu des rumeurs qui disaient qu’on voulait embrouiller la structure que je suis descendu. On comprendra que c’est juste après ce visa que je suis rentré au Bénin et on a connu le poisson d’avril, le 1er avril. Donc en ce qui concerne Israël, c’était véritablement pour une question de sécurité pour lequel le chef de l’Etat faisait pression.
Jusque-là, la cour n’a encore rien compris par rapport à la sécurisation.
La sécurisation est liée aux élections qui s’annonçaient. En réalité l’idée n’étais pas venue de moi.
Qu’est ce qui s’est passé réellement ?
Quand on est venu avec un consortium d’hommes d’affaires, c’est que déjà à Paloma, ce qui m’intéressait c’était de décrocher un contrat de production de soja bio au Bénin. Ce qui a été fait. C’est à cette séance de travail qu’ils ont évoqué les autres aspects sur lesquels on pouvait aider le Bénin par rapport au bitumage de la voie Savè – Kétou, la construction d’hôpital et en contrepartie, rencontrer les autorités notamment le chef de l’Etat pour une question de sécurité. Moi je n’ai pas eu plus de détail que ça. C’est une fois, le consortium sur place que j’ai compris que dans le groupe, il y avait un monsieur qui avait connu la présidence. Je ne peux pas donner plus de détail parce que je ne sais pas. Ils sont venus, on les a logés avant qu’on aille à la présidence. Nous étions partis à Calavi, on a fait le tour de nos unités de production à Calavi pour voir la capacité de production du Soja bio. On est venu à la mairie et nous avons exposé tout le schéma au maire. C’est d’ailleurs là que le maire, sur place, m’avait nommé chargé de mission.
C’était planifié ?
Je ne savais pas s’il avait planifié ça. On avait déjà eu deux séances mais c’est là qu’il a fait directement l’annonce. Après cette séance, par rapport à tout ce qui devrait être fait dans le pays, nous sommes allés vers le chef de l’Etat.
Aviez-vous demandé une audience ? Ou c’est le Chef de l’Etat d’alors qui vous a fait appel.
L’invitation à la Présidence était déjà adressée à Paloma, une structure en France. C’est d’ailleurs eux qui m’ont invité pour que j’aille. Je ne saurais dire ce qui s’est passé. C’est avec Paloma que le Consortium avait été invité, avec toutes les composantes dont moi pour le compte d’Icc.
Qui vous a invité ?
C’est le Chef de l’Etat Boni Yayi
Saviez-vous ce pourquoi vous avez été invité ?
C’était pour montrer au Chef de l’Etat que mes investisseurs venaient pour accompagner le développement du pays notamment dans la construction de routes et d’hôpitaux. C’était pour ça que moi j’y étais. Mais je ne maîtrise pas le volet sécuritaire.
Vous étiez là en quelle qualité ?
J’étais là en qualité d’Icc services
Le Chef de l’Etat d’alors le savait ?
Il devrait le savoir
Continuez
Après la présidence on a dû aller au ministère de la santé et au ministère des transports puis on est repartis pour que je puisse chercher mon visa pour Israël. C’est une fois en Israël que je pouvais comprendre l’aspect sécurité. Je ne saurais en parler tant que n’avais pas été.
A l’audience qui vous a été accordé, est ce que vous avez discuté avec le Chef d’Etat d’alors pour élever à sa connaissance les mérites d’Icc services ?
Tout à fait Mr le Président
Il en était convaincu ?
Oui
A-t-il apporté son onction ?
Tout à fait dans la mesure où on avait été autorisés à aller rencontrer le ministre de la santé et le ministre des transports pour l’évolution du dossier.
Qui était le ministre de la santé ?
C’était le ministre Issifou Takpara
Et le ministre des transports ?
C’était Nicaise Fagnon
Lui qui bénéficiait hebdomadairement des 5 millions ?
Tout à fait
Vous n’en savez pas plus sur le volet sécuritaire ?
Non, j’aurais pu si j’étais en Israël
Qu’est-ce qui vous empêchait de partir ?
Après l’obtention du visa, le Dg Dohou m’a appelé qu’il y a une information. C’est pourquoi j’étais revenu.
A partir de quand le chef d’Etat d’alors savait que Icc-services existait ? Est-ce au cours de l’audience ?
Non monsieur le président. Bien avant parce que j’avais déjà l’information que mon frère Tégbénou allait régulièrement le voir.
Veuillez mettre la cour dans l’histoire de cette connaissance.
Déjà en 2008, je savais que mon frère Tégbénou Emile allait rencontrer le chef de l’Etat. Plusieurs fois, nous avons été dans son domicile. Une ou deux dimanches au moins. Nous sommes allés prier chez lui à la maison.
Monsieur Tégbénou Comlan, vous aviez écouté Guy Akplogan. Vous venez de dire que le chef de l’Etat d’alors savait qu’Icc service existait. Est-ce que vous cautionnez ce que Guy Akplogan a dit.
Oui. Si je me rappelle bien, lorsqu’on était chez le Président Yayi, je lui ai fait part des difficultés qu’on rencontrait par rapport à l’agrément d’Icc services.
C’était en quelle année ?
C’était en 2009.
C’est à partir de 2009 qu’il a su qu’Icc service existait ?
Non, Il savait déjà vers fin 2008,
Comment il l’avait su ?
Je vous ai dit tout à l’heure que j’allais régulièrement là-bas avec son frère Albert Salomon.
Ce n’est pas sous le versant Snab ?
Non monsieur le président. La Snab était déjà en fonction en ce moment. On rencontrait des élus locaux par rapport à l’agrément. C’est de ça que je lui ai parlé. Il nous a dit de venir le voir au palais, le Pdg et moi.
C’était en 2009 ?
C’était en 2009. Même en 2008, il m’avait dit ça. Et comme le Pdg est là, je ne pouvais pas prendre le devant des choses et parler au nom de Icc. Il m’avait demandé de lui expliquer comment le dossier a été déposé et j’ai dit non.
C’est le président Boni Yayi qui vous a demandé cela ?
Oui monsieur le président. Le Président Boni Yayi m’a dit de venir avec le Pdg même. Lors d’une réunion, on parlait de la lenteur de la procédure d’agrément. J’ai expliqué comment le coordonnateur allait nous trouver un cabinet pour étudier les dossiers. Il s’est posé un petit souci. Lorsque le chef de l’Etat a demandé qu’on vienne, j’ai demandé qu’ils s’apprêtent. Quand on a reçu l’invitation du président Boni Yayi, je suis allé dans son cabinet avec le Pdg dans une salle spéciale où un accueil chaleureux nous a été réservé. Le Président de la République d’alors Boni Yayi m’a demandé ce qu’il était de notre institution.
Tégbénou : « Les clients ne peuvent pas dire qu’ils ont vu la photo que j’ai faite avec le Président Boni Yayi pour être convaincus »
L’un d’entre nous a pris la parole pour lui expliquer les difficultés qu’on rencontrait par rapport à l’agrément. Il a réagi automatiquement.
JPEG - 209.9 ko
En quoi faisant ?
Nous étions encore là quand il a appelé Géro Amoussouga.
Vous lui avez expliqué la manière dont procède Icc avec les taux mielleux ?
Tout à fait. D’ailleurs c’était lui-même qui nous a demandé de lui expliquer comment Icc services fonctionne. Il a appelé Géro Amoussouga, Christophe Aguessy et Dossa Paulin qui était le chef matériel d’alors. Ce jour-là Dossa Paulin a dit au Président qu’il ne peut pas participer à notre rencontre.
Pourquoi ?
Il était occupé.
Donc, son agenda ne lui permettait pas.
Devant nous il a expliqué ce qui l’empêche d’aller à la réunion avec nous. On n’était pas encore descendus quand les deux autres nous ont accompagnés du cabinet du Président de la République Boni Yayi vers une salle d’audience qui se trouvait en haut. Le président a instruit Amoussouga Géro et Christophe Aguessy d’appeler le coordonnateur pour qu’il vienne avec les dossiers en vue d’expliquer ce qui se passe réellement. Le même jour, les deux ont appelé Ahizimè et un autre qui étaient venus à la réunion dans la salle où on nous avait amenés.
Vous avez la date en tête ?
Je crois que c’est le 10 février …
Monsieur Guy Akplogan ?
C’est bien le 10 février 2010
Vous avez dit que c’est déjà 2009 que le problème se posait.
Tégbénou : c’est en 2009 que je lui ai déjà expliqué qu’on rencontrait des difficultés.
Monsieur Tégbénou dans votre bureau, y a-t-il votre photo avec le chef de l’Etat ?
Oui monsieur le président
Est-ce que cette photo avait deux drapeaux ?
Oui monsieur le président
Et on a écrit DP Icc Services Ouémé plateau.
Oui monsieur le président
Comment vous avez fait cette photo ?
Vous savez le jour où on avait fait cette photo, j’étais à l’audience avec Boni Yayi et les associations des Rois du Benin. Nous étions là-bas en 2009.
Vous avez trouvé les deux drapeaux où ?
Vous savez c’est depuis 2008 que j’allais là-bas. Quand les rois voulaient le rencontrer, le Roi de Porto-Novo kpodozoumin m’avait chargé de prendre le rendez-vous avec le chef de l’État. C’est dans son petit cabinet qu’il nous a reçus qu’on a fait la photo.
Vous étiez en cravate et en veste bleu clair
Oui monsieur le président
Les drapeaux qui ont encadré la photo étaient dans le bureau ?
Oui était dans le bureau.
Je suis remonté sur cette question parce que le 26 janvier 2010, sur les antennes de l’Ortb, cette photo avait été commentée. La qualité et la valeur de cette photo avaient fait l’objet de commentaires. Donc c’est par rapport à cela que j’ai voulu poser quelques questions.
La photo que monsieur le Président vient d’indiquer où on voit votre image et celle du Président de la République d’alors, vous l’aviez affichée où ?
Dans mon bureau à la direction de SNAB
Et pourquoi vous aviez affiché cette photo-là dans votre bureau ? C’était à quelle fin ?
C’est une photo à moi avec le chef de l’Etat d’alors qui est mon ami. Dans mon bureau à la Snab, son frère était avec moi. C’est une fierté pour moi d’avoir la photo du Président Yayi dans mon bureau à la direction de la Snab.
Dois-je comprendre que vous vouliez que quiconque entre dans votre bureau sache que vous étiez avec le Président et son frère ?
Tout le monde me voyait. Quand j’allais à l’audience notamment avec les rois, les caméras étaient là. C’est mon ami. J’ai voulu mettre ça dans mon bureau. Ce n’est pas dans le bureau d’Icc. C’est dans mon bureau de la société nouvelle alliance du Benin.
Pourquoi vous n’avez pas mis ça dans votre bureau à Icc ?
Vous savez dans le bureau d’Icc, les gens viennent chaque fois, pratiquement tous les jours pour le retrait et le dépôt. Au regard de l’affluence, ça peut tomber.
Lorsque l’affaire Icc a éclaté, beaucoup ont dit que c’est parce qu’ils ont vu la photo, qu’ils ont été convaincu que l’activité avait l’onction du gouvernement d’alors. Qu’est-ce que vous en dites ?
La photo n’est pas dans le bureau d’Icc services. Les gens ne venaient pas à la Snab pour faire leur dépôt, ni pour le retrait. Si cela est devenu un débat c’est parce que, vous savez que quand on travaille les journalistes viennent souvent nous voir. Et quand ils viennent, c’est pour faire leur enquête et faire le débat de ce qu’ils ont vu. Ce n’était pas dans le bureau d’Icc services.
L’ancien président Boni Yayi était-il le seul ami que vous aviez ?
J’ai aussi d’autres photos. Je ne sais pas pourquoi les gens sont attachés à la seule photo. Je connais le président avant l’avènement de cette photo.
Lorsque l’affaire Icc a éclaté et que les déposants ne pouvaient plus récupérer leur argent, Beaucoup ont dit qu’ils ont vu une photo de l’un des responsables avec le chef d’Etat d’alors. Cette photo est affichée à un endroit que le public pouvait voir et c’est cette photo qui a fait que eux ils ont pensé que l’activité était autorisée et accompagnée par le gouvernement d’alors.
La photo n’était pas dans le bureau d’Icc services. Les clients ne peuvent pas dire qu’ils ont vu la photo que j’ai faite avec le Président Boni Yayi pour être convaincus. Ils peuvent dire qu’ils m’ont vu plusieurs fois avec lui. Peut-être ça. Monsieur le président, je vous confirme qu’on avait parlé d’Icc services fin 2008. En 2009 quand j’étais encore là-bas, je lui ai encore expliqué le problème de l’agrément. Les difficultés de l’agrément en 2009. Donc si les épargnants disaient qu’ils ont vu la photo, c’est ce qui leur a donné l’onction, le courage ou l’assurance de venir déposer leurs sous, je dis non. Ce n’est pas ça. Parce que la photo n’était pas dans le bureau ni à l’accueil, là où les gens viennent déposer leurs sous.
La photo était dans votre bureau ?
Elle était dans mon bureau à la Snab
A la Snab est ce que les gens viennent vous voir ?
A la Snab les gens ne venaient pas dans mon bureau comme ça.
Mais ils viennent quand même. Il y en a qui viennent.
Il y a des journalistes qui viennent avec ceux qui ont le problème de location de véhicules, de forage. C’est eux qui venaient me rencontrer dans mon bureau.
Parmi ceux-là qui viennent vous voir à votre direction de Snab, est ce qu’il y a parmi eux des clients à Icc services.
Je ne saurai le dire. On n’a jamais parlé d’Icc services dans mon bureau. D’ailleurs avant de venir à la Snab, je passe par Icc services pour accomplir mes obligations. Je finis le travail d’Icc avant d’aller à la Snab pour voir s’il y a des papiers à signer.
Est-ce qu’ils en a qui savent que vous travaillez aussi à Icc-services ?
Monsieur le président, je vais vous dire simplement que tout cela est venu de mon garde du corps.
Dans votre bureau au niveau de la Snab, il y a cette photo à travers laquelle on pouvait vous voir poser avec le chef de l’État Yayi Boni. Est-ce que parmi ceux qui vous se présentent à vous, il y en a, qui sont des déposants à Icc-services ?
Je ne sais pas. Je vous ai dit que je ne saurais le dire.
Est-ce que parmi eux, il y en a qui savent que vous êtes directeur de Snab et que vous êtes également employé à Icc-services ?
Oui, beaucoup savent que j’étais le Directeur départemental d’Icc-services et que j’étais le Pdg de Snab.
Pourquoi dites-vous que ce n’est pas la photo qui détermine certains clients, alors que parmi ceux qui viennent vous voir, vous ne savez pas vous autre, si cette photo est aussi publicitaire ?
Oui, monsieur le président.
Par rapport à la photo, il y avait une bande en bleu. Qu’est-ce ce qui est écrit au bas de la photo ?
Il est écrit DP Icc-services.
La photo en question dans votre bureau de la Snab était dans quel objectif ?
C’est une fierté pour moi de placer sa photo dans mon bureau, là où je travaille. C’était lui le Président de la République en ce moment.
Pourquoi en ce moment, cette photo n’est pas partagée dans tous les bureaux d’Icc-services ?
J’ai dit tout à l’heure que c’est l’idée que j’ai eue. Et à Icc-services, il y a l’accueil en bas où les gens viennent. Mon bureau est au 1er étage où j’ai mis la photo. Je n’avais pas l’idée de placer cela à Icc-services parce qu’il y a beaucoup d’affluence là-bas.
Quand vous êtes fier qu’on vous voie avec le Président, c’est l’endroit le plus accessible au public qui va pour une telle photo. Pourquoi avoir placé la photo dans les bureaux de la Snab ?
Je n’ai aucune autre idée en la plaçant là.
Il y a eu des vidéos en compagnie du président qui ont circulé et vous aviez eu à dire que cette histoire de photo paraît être un détail. Mais nous avons aussi besoin de comprendre, si par hasard vous n’affichiez pas dans les bureaux de Icc, c’est certainement qu’il y a une raison peut-être dans votre sur conscient. Êtes-vous sûr que vous n’aviez pas cette photo dans vos bureaux ? Est-ce parce que vous aviez conscience d’une certaine illégalité de ce que vous faites dans Icc ?
Non, monsieur le président. Je vais vous dire simplement que la photo était au salon dans ma maison. Je voulais juste orner mon bureau. J’ai eu un jour l’idée d’amener la photo à ma direction. Les clients eux-mêmes savent très bien que je ne me cachais pas pour aller à la présidence ni au domicile du chef de l’État. Si c’était à d’autres fins, j’allais placer ça à l’accueil, là où tout le monde venait s’asseoir. Il faut donc dire la vérité. C’est juste pour orner mon bureau.
Le séjour au salon avait-il fait combien de temps ?
Cela n’a pas duré.
Les gens viennent vous voir au salon ?
Non
Votre salon est uniquement utilisé par vous ?
Oui, je ne permettais à personne de venir s’asseoir dans mon salon.
Quel est votre bureau le plus fréquenté par vous ? Est-ce celui de la Snab ou celui d’Icc ?
C’est celui d’Icc.
Est-ce que cette photo, vous l’aviez en un seul exemplaire ou en plusieurs copies ?
Non, c’est le seul qui était dans mon bureau. Il n’y a pas deux.
Monsieur Tégbénou, tout en réagissant tout à l’heure, vous aviez dit que c’est du fait de votre garde du corps. Dans cette affaire et dans les documents que j’ai eus, j’ai pu relever que les hommes en uniforme, militaires et consorts sont les déposants les plus nombreux. Est-ce que cette photo dans une pièce à laquelle votre garde du corps avait régulièrement accès n’a pas favorisé une publicité de bouche à oreille dans le rang des hommes en uniformes ? Est-ce qu’il n’a pas pu vous faire cette publicité positive pour que les hommes en rangs soient comptés parmi les plus nombreux déposants ?
Monsieur le président, je ne saurais le dire. D’ailleurs, mon garde du corps m’avait accompagné au palais plusieurs fois. Les gens de là-bas le connaissaient très bien par rapport à moi. Je ne saurais le dire puisque je ne sais pas où il va ou ce qu’il dit quand il me quitte.
A quoi pensez-vous quand vous aviez dit si cette photo fait palabre aujourd’hui, c’est du fait de votre garde du corps ?
C’est lui qui est fréquemment dans mon bureau à la Snab. Il tenait mon sac jusque dans mon bureau. Je savais très bien que les gens qui venaient me rencontrer dans mon bureau ne venaient pas dans le bureau principal. Je les reçois à un autre endroit. D’ailleurs, le jour que j’ai déplacé la photo de la maison pour le bureau, c’était lui qui tenait la photo. C’est pour cela l’idée m’est venue et j’ai dit que c’est peut-être mon garde du corps.
S’il a pu en parler, ce n’est pas négatif puisque que chaque client ou chaque nouveau déposant fait gonfler le chiffre d’affaire d’Icc-services. Si la confiance inspirait peut-être que cette photo a fait augmenter l’effectif des hommes de rangs dans Icc-services, est-il mauvais ?
Non, je l’avais dit la dernière fois que c’était peut-être ça. Mais je ne peux pas dire ce que je n’ai pas vu ni entendu devant la cour.
Tégbénou : « Je n’avais pas caché l’existence de Icc services au Président de la République »
Tout le peuple a pu voir la photo à la télé. Donc, M. Tégbénou, ma question revient. Ne pensez-vous pas que cela a eu un effet positif sur les activités d’Icc ?
Oui, peut-être.
Je pense que c’était le fond de la pensée de Me Afougnon. A part votre présence constante diffusée que ce soit sur la photo comme à la télé, vous aviez aussi parlé d’un calendrier qui aurait été confectionné, comportant la photo du président et la vôtre à côté lors du forage de Calavi. Ne pensez-vous pas que tout cela a contribué au développement de vos activités d’Icc. En effet, certains Béninois pourraient se dire : nous serons entre de bonnes mains si nous déposons notre argent à un ami particulier du chef de l’Etat.
J’avais confectionné le calendrier sur la demande du Président de la République par le biais de son frère Abou Salomon Yayi. Je ne peux alors dire ici si c’était cela l’objectif ou non.
M. Tégbénou, est-ce qu’on peut retenir en l’état de votre proximité avérée avec le chef de l’Etat que ce soit télévisuelle ou physique que les gens n’aient pas eu besoin de s’accrocher à cette photo pour avoir foi à vos activités et déposer des sous à Icc ?
Je l’ai dit tout à l’heure. Tout le monde me voyait avec le chef de l’Etat. C’est bien après cela que j’ai déplacé la photo de ma maison pour le service. Je n’avais pas caché Icc services au Président de la République. Quand j’allais chez lui à Cadjèhoun, tout le monde me voyait. Je n’ai pas le droit de mentir devant la cour ou de vouloir dire autre chose. La photo pourrait confirmer que je suis son ami.
Guy Akplogan : Il (Boni Yayi) était enchanté
JPEG - 62.8 ko
M. le président, j’aimerais questionner M. Guy Akplogan sur la substance de son explication des activités d’Icc services au chef de l’Etat Boni Yayi.
Guy Akplogan : Quand on était allés voir le président Boni Yayi par rapport aux difficultés d’obtention d’agrément, je lui avais expliqué les activités que nous menions, nos domaines d’investissement et les étapes par rapport aux difficultés d’obtention d’agrément notamment après le passage à la Bceao. C’était la substance de l’entretien ce jour-là.
Aviez-vous expliqué au chef de l’Etat qu’hormis l’épargne, Icc faisait également des activités de placement d’argent ?
Tout à fait. Comme j’étais allé à la Bceao, j’expliquais ce qui se passait, les taux qu’on appliquait et les recommandations de l’institution.
Donc en l’état, le chef de l’Etat a instruit certains de ses proches collaborateurs pour vous aider à débloquer la situation relative à l’agrément et à pouvoir alors exercer en toute légalité.
Exactement.
Est-ce qu’à travers ces échanges avec le chef de l’Etat d’alors, vous aviez senti en lui une certaine inquiétude ou plutôt qu’il était enchanté par les activités de Icc services ?
Il était enchanté. En effet en ce moment, il n’avait rien contre nous, bien au contraire.
M. Tégbénou, vous aviez déclaré que vous aviez d’abord mis la photo dans votre salon à votre domicile, une image qui est censée véhiculer le plaisir que vous ressentez à être avec le président et que vous en tiriez tout le bénéfice possible. Qu’est-ce qui vous a motivé à déplacer cette photo de votre domicile à votre bureau Snab ?
J’ai précédemment dit que je voulais m’en servir pour décorer mon bureau parce qu’il y avait des clients qui y venaient pour louer des véhicules. Je voulais tout simplement l’orner.
Oui, mais est-ce qu’à un moment donné, vous vous en êtes servi comme panneau publicitaire ?
M. le président, les panneaux publicitaires sont faits pour la rue.
Cela signifie-t-il que si ce n’est pas dans la rue, ce n’est pas un panneau publicitaire ?
Je ne saurais le dire car l’idée que j’avais, était juste de mettre la photo en guise d’ornement dans mon bureau car j’y passais toute la journée. C’était également pour imiter ce que faisaient les cadres de l’administration. Ne suis-je pas également un cadre ?
Qu’est-ce qui vous empêchait de mettre au bas de ladite photo l’inscription : Directeur général de Snab puisque c’est dans votre bureau que vous avez tenu à la mettre ?
Je n’y ai pas fait attention. En fait, le jour où on avait fait la photo au palais, un photographe s’était rapproché de moi pour savoir ce qu’il allait mettre au bas de la photo. Et comme j’étais à la présidence, non en tant que Pdg de la Snab mais plutôt en tant que directeur de Porto-Novo Icc services, je lui ai dit alors d’inscrire ce titre.
Vous rendez-vous à l’évidence de ce que la présence de la photo au bureau de la Snab servait plus à Icc ? Quoique l’image fasse votre fierté, l’inscription était pour ceux qui vous fréquentaient au bureau.
M. le président, si c’était l’intérêt qu’elle pouvait me rapporter à Icc que je visais, c’est plutôt à Icc que je l’aurais mise.
Est-ce que selon vous c’est vous seul qui allez dire cette vérité ? Vos multiples fréquentations au palais comme au domicile du chef de l’Etat Boni Yayi ainsi que la photo ont-elles participé à accroître le chiffre d’affaires de Icc services ?
Je ne sais s’il y a des clients de Icc qui sont venus au bureau de la Snab ou si ce sont quelques personnes qui, après y avoir vu cette photo, sont allées en faire un autre commentaire à l’extérieur.
En dehors de la photo, vos fréquentations télévisées étaient aussi diffusées. Est-ce que les citoyens, en vous voyant aux côtés du président de la République vous accordant des audiences, auraient pu être amenés à épargner ou à déposer de l’argent à Icc services, selon vous ?
Je ne saurais le dire. En fait, je vais là-bas souvent et les gens me voient.
Qu’est-ce vous cherchez à vous engouffrer dans une amitié avec le chef d’Etat ?
Non, vous savez je n’ai pas autre intérêt derrière. Je connais l’ex Président Boni Yayi et je vous l’ai expliqué la semaine passée.
Mais est-ce que vous aviez des amitiés avec d’autres chefs d’Etat notamment l’ex président centrafricain François Bozizé ?
Non. En ce qui concerne Bozizé, j’ai mon beau-frère qui s’appelle Djossou Noël qui est son conseiller là-bas. J’avais fait à un moment donné des cartes de vœux au nom de la Snab que je lui ai envoyées. Avant son retour, c’est de là-bas il m’a appelé me disant que la première dame a vu la photo avec le logo de la société Snab et comme elle-même avait une société là-bas, elle a voulu un partenariat avec moi. J’ai même été désigné président du conseil d’administration. Il m’a donc ramené la lettre d’invitation à son retour avec du badge. Ce jour-là, j’étais avec Abou Salomon Yayi quand mon beau-frère m’a appelé pour me dire qu’il est de retour et qu’il allait passer me voir. Nous étions dans ma paillote quand il m’a remis le badge et la lettre d’invitation. Je m’étais dit que comme c’est une affaire concernant deux pays que je devrais envoyer ça au Président de la République Boni Yayi. Et le cousin du chef d’Etat m’a demandé de garder ça d’abord qu’il va lui en parler.
Le lendemain, on m’a fait un retour selon lequel le président n’y trouvait aucun inconvénient. Si je suis prêt pour partir de m’amener. C’était ça par rapport à Bozizé, sinon je n’avais aucune relation avec lui.
Vous n’avez pas fait aucune photo avec lui ?
Non
Commissaire Lissagbé :
Vous disiez hier en déposant, que vous avez participé à cinq perquisitions au domicile de Tégbénou Comlan Emile. Est-ce que vous avez reçu une autorisation formelle pour procéder à toutes ces perquisitions ?
J’étais le chef de la Brigade économique et financière. Nous avons été mis au courant de cette affaire. Nous avons été avec Tégbénou faire les perquisitions et les enquêtes.
Est-ce que vous étiez formellement autorisé à faire cette perquisition ?
Oui
Qui vous a autorisé ?
Dans la posture de chef de la BEF, chaque enquête nécessite des inventaires. Nous avons fait la perquisition, nous avons ensuite fait autre chose.
Au moment où le dossier était avec le juge d’instruction, est-ce que vous avez procédé à des perquisitions ?
Le dossier n’était pas encore avec le parquet. Il y avait d’abord une première enquête que nous avons dirigée. C’est par la suite que l’enquête dirigée par le procureur a été mise sur pieds.
Donc toutes les cinq perquisitions ont été faites au moment où l’information n’était pas ouverte au juge ?
Oui c’est ça
Donc c’est vous qui avez décidé de faire la perquisition vous-même ?
Oui
Barnabé Adounsiba
Monsieur Barnabé Adounsiba, vous aviez participé à combien de perquisitions au domicile de Emile Tégbénou ?
Une seule. Après l’ouverture de l’information et c’était avec la commission.
Vous étiez autorisé par le juge d’instruction à y aller ?
Oui
A quelle période ?
C’est quand nous avons reçu l’information selon laquelle il aurait caché de l’argent dans les plafonds.
La question est relative à la période et non sur le fondement de la perquisition.
Je ne me rappelle plus.
Pépin Adjovi : « le jour où le ministre Zinzindohoué m’appelait, Tégbénou était devant lui »
JPEG - 103 ko
Monsieur Pépin Adjovi, avez-vous participé à des perquisitions chez Émile Tégbénou ?
J’ai participé à une seule perquisition à son domicile mais je ne faisais pas partie de l’équipe de l’enquête. J’y étais en ma qualité de commissaire centrale de la ville et puisque le Directeur général était sur les lieux, je ne pouvais pas ne pas l’assister donc j’étais là pour l’assister. J’étais là quand on a fait la première perquisition.
Qui vous avait appelé à vous joindre à l’équipe ?
Le Directeur m’a informé qu’il était sur les lieux donc je suis tenu d’être avec lui pour assurer la sécurité des lieux.
Qu’est-ce qui s’est passé ?
On a trouvé deux coffres forts dans la cour. Ils ont été éventrés puisque monsieur Tégbénou avait dit qu’il n’était pas en possession des clés. On a procédé à l’ouverture des coffres forts et c’était vide. Il n’y avait rien dedans.
N’y a-t-il pas de coffres forts à l’intérieur ?
Je crois qu’il y avait un coffre-fort à l’intérieur que nous avons pu ouvrir et on a découvert quelques billets dedans.
Combien ?
Je n’ai pas participé au décompte des billets qu’on a retrouvés à l’intérieur.
Vous étiez distrait par quoi en ce moment-là ?
Je n’étais pas distrait. Il y avait une équipe qui faisait le décompte et j’étais au côté du Dgpn, on suivait de loin ce qui se passait.
Le Dgpn, c’était qui ?
Anki-Dosso Maïga
Il savait combien il y avait dedans ?
Lui il avait la primeur de l’information puisqu’il était le Dgpn. Moi, je n’avais aucun document qui pouvait me prouver le montant découvert.
Tégbénou était où ?
Il était là constamment avec nous.
Cagoulé ?
Non il n’était pas cagoulé.
Pourquoi vous qualifiez le montant trouvé de quelques billets de banque ?
Pour un coffre-fort de cette taille, c’était peu.
Quelle taille ?
Une taille moyenne
Votre directeur général a une taille moyenne ?
Par rapport à moi oui
Et par rapport au coffre-fort ?
Le coffre-fort faisait sa taille pratiquement.
Donc et pour un coffre-fort de cette taille ?
Ce n’est pas un montant pareil qu’on allait trouver.
Combien on allait découvrir selon vous ?
Des centaines de millions
Pas de milliards ?
Non pas de milliards.
Même pas un seul milliard ?
Non.
Vous avez la certitude que dans les coffres forts on n’a pas découvert 27 milliards ?
Non monsieur le président.
Vous avez dit que vous n’avez pas décompté ?
Oui mais j’ai pu voir ce que les gens comptaient.
Avec le visage on peut apprécier 27 milliards ?
Monsieur le président, 27 milliards ce n’est pas une petite somme. C’est beaucoup !
Mais quelques billets auxquels vous faites allusions, rassemblés font combien ?
Environ 2 millions ou un peu plus.
Ce coffre-fort a été aussi éventré ?
Non. Lui, il était ouvert
Par qui ?
On a fait venir quelqu’un
A par le soudeur ?
Non, à part le soudeur. Certainement qu’il a fait les combinaisons qu’il fallait là.
Donc il y’ a deux personnes dont les services ont été sollicités pour éventrer les coffres forts
Oui monsieur le président.
L’une avec la force, l’autre avec la technicité.
Le garde du corps de Tégbénou Emile était-il présent le jour-là ?
Non il n’était pas là.
Il était déjà où ?
Il n’était plus avec moi ni avec Tégbénou non plus. Il était sûrement dans la nature puisque depuis que moi je l’ai affecté à monsieur Tégbénou, il n’était plus avec moi.
C’est vous qui l’avez affecté à Tégbénou alors ?
Si, c’est moi qui l’ai affecté à Tégbénou.
Et qui vous a signé cette autorisation ?
Le ministre de l’intérieur, Zinzindohoué Armand.
Il vous a donné des instructions dans ce sens ?
Oui.
Quelle forme ?
Il m’a dit exactement vous connaissez monsieur Tégbénou Émile ? J’ai dit oui.
Vous le connaissez comment ?
Je l’ai reçu deux fois dans mon bureau. La première fois quand j’ai pris service nouvellement, il est venu me présenter ses civilités. Une deuxième fois, le jour où je voulais lui affecter un garde du corps.
Revenez sur les instructions du ministre.
Le ministre m’a demandé si je connaissais monsieur Tégbénou. J’ai dit lorsqu’il était venu la première fois me présenter ses civilités il m’a posé un problème de garde du corps. Donc lorsque le ministre m’a appelé il m’a instruit qu’il a des problèmes de sécurité de bien vouloir lui trouver un garde de corps et c’est ce que j’ai fait immédiatement
C’était la forme requise ?
Le ministre c’est mon autorité et c’est la personne qualifiée pour m’instruire.
Assurer la sécurité de quelqu’un veut dire forcément lui trouver garde du corps ?
Monsieur Tégbénou m’avait déjà posé ce problème. A l’occasion, je lui ai dit que je n’étais pas habileté pour lui donner un garde du corps et que s’il a des entrées faciles à la présidence ou au ministère de l’intérieur, si je reçois des instructions, je me rendrai disponible.
C’est vous qui lui avez donc montré le chemin.
J’ai dit si. Il y avait une condition. Moi je ne savais pas qu’il avait des entrées faciles. Donc le jour où le ministre Zinzindohoué m’appelait, Tégbénou était devant lui. C’est après qu’ il me l’a dit.
C’était en quelle année ?
En2009 -2010.
Monsieur Tégbénou, vous avez eu votre garde du corps en quelle année ?
En 2009
Qui vous l’a affecté ?
C’est le Ddpn Adjovi Pépin
Monsieur Adjovi, en 2009 quelle activité exerçait exactement Emile Tégbénou ?
Je ne savais pas. J’ai entendu dire qu’il était opérateur économique.
Vous ne lui avez pas posé la question ? Donc vous avez offert à quelqu’un garde du corps sans savoir quel genre d’activités il menait ?
Un opérateur économique on m’a dit.
Il n’y a pas eu une enquête ?
Pour savoir en quoi consistait son activité, je n’ai pas fait.
Pourquoi vous vous êtes confié aux rumeurs alors que vous aviez la possibilité de savoir ce qu’il faisait ?
Au fait, monsieur Tégbénou ne m’intéressait pas.
Ce sont ses billets qui vous intéressent ?
Non, je n’ai aucun rapport avec lui. Et il n’a jamais attitré l’attention de mes services.
Mais est-ce que ça fait sérieux ? Vous déclarez devant une cour que vous ne connaissez pas l’activité de celui à qui vous accordiez un garde du corps ? Si les activités d’Émile Tégbénou se révélaient criminelles, vous auriez donné un garde du corps et fusils Akm à un bandit. Je ne dis pas qu’il est bandit. Dites à la cour, qu’elle est la procédure pour obtenir un garde du corps ?
Celui à qui on affecte un garde du corps, soit il est une personnalité, soit un individu qui de par ses activités ne se sent pas en sécurité.
Comment vous voulez savoir si vous ne connaissez pas ses activités ?
Il l’a exprimé au ministre de l’intérieur et dans un premier temps, il m’a demandé si je pouvais lui attribuer un garde du corps. Et c’est pourquoi j’ai dit que je ne peux pas lui attribuer un garde du corps.
Vous ne connaissiez pas ses activités et vous ne le voulez pas lui attribuer un garde du corps ?
Il n’était pas une personnalité à qui on peut donner de garde du corps. Et c’est pourquoi j’ai dit de ma position centrale que je ne pouvais pas lui attribuer un garde.
Adjovi Pépin : « à l’époque, on ne pouvait pas aller à l’encontre des instructions du ministre »
JPEG - 103 ko
Monsieur Adjovi Pépin, étiez-vous réellement DDPN ?
Non, j’étais DDPN par intérim parce que le DDPN était parti à la retraite et j’assumais son intérim.
Saviez-vous pourquoi, j’ai dit réellement ?
Non, monsieur le président.
Etre responsable, c’est rendre compte de ce qu’on a et de ce qu’on est. En votre qualité de DDPN, vous ne pouvez pas octroyer un garde du corps sans connaître l’activité qu’exerce la personne. Cela voudra dire qu’il y a un dysfonctionnement dans votre service. En ce moment, y a t-il eu un dysfonctionnement dans votre service ?
Non, monsieur le président.
Qu’est-ce qui vous empêchait de diligenter une enquête secrète sur la personne ?
Ce qui m’a motivé est qu’à l’époque, il y avait des braquages réguliers dans la zone de Porto-Novo. Le ministre de l’intérieur m’appelle pour me dire qu’un monsieur a des problèmes de sécurité et donc, de bien vouloir lui affecter un garde du corps. Si je ne le faisais pas aussitôt et que le monsieur venait à être braqué le jour même que je recevais les instructions, je pense que je ne pouvais pas trouver les mots qu’il faut pour me justifier.
Et si vous le faisiez si tôt et qu’avec l’arme du garde de corps, il braquait à son tour, quelle serait votre attitude, au sens pénal ? Des deux risques, quel est le plus élevé ?
Je vais me sentir fautif, monsieur le président.
Le garde du corps, avait-il une dotation d’arme ?
Lorsque je l’ai affecté, il est allé faire une demande pour qu’on mette une arme à sa disposition.
A qui la demande a été adressée ?
Il est allé voir l’armurerie.
L’armurerie était où ?
Elle était au commissariat central de Porto-Novo.
Et monsieur Tégbénou a dit qu’il a acquis un pistolet à pompe à son garde du corps. Vous aviez acquis l’arme chez qui ?
Tégbénou : C’était le garde du corps même qui m’avait dit qu’il y avait une arme chez le commissaire Aho de bien vouloir le lui acheter.
A combien l’aviez-vous acheté ?
Je l’ai acheté 3 millions, si je ne me trompe.
A qui aviez-vous remis les sous ?
J’ai remis les sous au DDPN.
Monsieur le DDPN, étiez-vous informé de ces faits ?
Adjovi : Je ne suis pas informé, monsieur le procureur spécial.
Quelle est l’unité qui utilise cette arme à pompe ?
C’est la Brigade Anti Criminalité (BAC).
Au cours de l’exercice de votre fonction, est-ce que vous aviez l’information que l’arme a été cédée ?
Non, je n’ai pas eu l’information que monsieur Tégbénou a eu l’arme. Pour moi, peut-être que l’officier l’a aidé à acquérir l’arme ailleurs.
Pendant les perquisitions, cette arme a été retrouvée chez Tégbénou. Quelle a été votre observation après la perquisition ?
Je n’étais pas témoin lorsque la perquisition a été faite.
Vous êtes DDPN, les faits et les constats ont été faits sur votre territoire.
Je ne suis pas associé à l’enquête. L’enquête préliminaire avait déjà été confiée à la BEF. Lorsque j’apprends que le DGPN est sur les lieux, je me suis déplacé pour aller le voir.
Pour une enquête, on a trouvé des armes chez quelqu’un sur votre territoire. Vous n’aviez pas enregistré le numéro de l’arme ?
A la suite de la perquisition, je n’ai pas eu d’information. Les armes ne m’ont pas été présentées.
Monsieur Adjovi Pépin, reprenez la description de la procédure observé pour avoir un garde du corps.
Si c’est une personnalité elle se réfère au Directeur Général de la Police nationale qui saisit le ministre de l’intérieur. Et si le ministre de l’intérieur donne son accord favorable, on lui accorde le garde du corps.
Cet accord est-il verbal ou écrit ?
Il est écrit.
Et si ce n’est pas une personnalité étatique ?
Lorsque ce n’est pas une personnalité étatique, comme c’est le cas d’espèce et que c’est le ministre même qui dit ou une haute personnalité ou qui demande ne serait-ce que de façon provisoire, on accorde. Si la situation pour laquelle on affecte le garde du corps cesse, on peut retirer le garde du corps.
Sans aucune demande écrite ? Soyez professionnel dans la réponse.
Monsieur le président, à l’époque, on ne pouvait agir à l’encontre des instructions du ministre.
Donnez les couleurs de l’époque alors ?
Quand le ministre dit, on exécute et lui envoie le compte rendu aussitôt.
Monsieur Pépin Adjovi, si les exécutions sont donc immédiates, même si les décisions sont illégales, que faites-vous des articles 18 et suivant de la constitution du 11 décembre 1990 ?
Pour moi, je n’avais pas apprécié que les décisions étaient illégales.
Pour vous, elles étaient légales ?
Le ministre de l’intérieur est une autorité légitime, monsieur le président.
Mais lorsque le procureur spécial disait que votre progéniture ou successeur ne puisse prendre exemple sur vous, a t-il vu juste ou menti ?
Il a apprécié les faits.
Vous aviez vu la qualité avec laquelle vous dirigez votre département de façon professionnelle au moment où vous étiez aux affaires ? C’était du professionnalisme ou un respect absolu à l’autorité ?
Je dirai le respect absolu à l’autorité.
Est-ce normal ?
Monsieur le président, par rapport à l’environnement, un autre aurait fait la même chose que moi.
Quel est cet environnement ?
L’environnement était qu’un ministre demande qu’on exécute un ordre. La preuve est que le ministre m’a saisi directement. Il n’est pas passé par le DGPN.
Aviez-vous rendu compte au DGPN ?
J’en ai rendu compte au DGPN.
Qu’a-t-il dit ?
Non, il n’a rien dit. Il a dit que ça va parce que c’est compte tenu de l’urgence.
Quelle était l’urgence ?
L’urgence était que le monsieur avait un sérieux problème de sécurité.
Comment l’aviez-vous su ?
C’est le ministre qui me l’avait dit.
En quels termes, il vous l’a dit ?
Monsieur Tégbénou a des problèmes et est venu me voir.
Ah non, il n’a pas dit ça ici. Le ministre a dit ici qu’il ne vous a pas dit de lui donner un garde du corps et que s’il y a quelqu’un qui expose son problème, qu’il aille vous voir.
Monsieur le président, à l’éclatement de l’affaire Icc-services, nous avions été reçus à la Présidence de la République par le Président Yayi Boni. J’ai dit devant le président que j’ai respecté les instructions que j’avais reçues et que j’ai exécutées. Le ministre même n’était pas dans la salle au moment où le Président me recevait. Quand je l’ai dit en même temps et que l’affaire d’autorisation de l’arme a été évoquée aussi, le Président a demandé séance tenante qu’on aille appeler le ministre. Et quand il est arrivé, le Président m’a demandé, monsieur le commissaire, est-ce que vous pouvez répéter ce que vous aviez dit tout à l’heure devant le ministre.
L’aviez-vous fait ?
Oui, je l’ai répété.
Et quelle a été sa réaction ?
Il a dit que c’est ce qu’il fait toujours lorsque des citoyens viennent le voir pour dire qu’ils ont des problèmes de sécurité, qu’il dit au commissaire territorialement compétent de s’en occuper.
C’est donc une manière de reconnaître que c’est lui qui vous a dit d’affecter un garde du corps à monsieur Tégbénou Emile ?
Il n’a pas nié. Il aurait pu dire devant le Président, je ne lui ai jamais rien demandé. Il n’a pas eu le courage de lui dire ça.
Pourquoi il a nié à la cour ?
Je ne sais pas. Il avait dit au Président qu’il ne connaissait pas Tégbénou. Quand le Président a vu le jour-là il était hors de lui-même ; il a tapé le sol avec ses pieds pour dire que toi, tu m’avais dit que tu ne les connaissais pas non. Le Président était tellement énervé qu’il lui a demandé de le suivre dans son bureau et c’est ce jour-là même qu’il lui a notifié son limogeage.
Maintenant, vous retrouvez toutes vos capacités pour dire que le ministre a menti ?
Il n’est pas interdit de mentir peut-être c’est pour se protéger qu’il a menti. C’est pour justifier ce qu’il a fait. Il est obligé de mentir pour se sauver.
Est-ce que ce que vous avez fait répond-il aux normes ?
Merci monsieur le président. Si la cour estime que ça ne répond pas aux normes, je m’en tiens à ça et je dis d’accord, mais M. le président c’était pour régler un problème ponctuel.
Et vous l’avez conservé c’était pour combien de jour ?
Non mais çà a duré à peine, pas des jours, ça duré des mois
Quel était l’ordre qui devrait mettre fin à cette ponctualité ? La régulation ?
Oui, à un moment donné j’ai senti que Tégbénou n’a plus trouvé d’issue pour sa sécurité. Moi je devais prendre l’initiative d’arrêter la mission de garde-corps. Le moment venu si j’estime qu’il faut régulariser, il faut le faire.
Donc ce n’était pas régulier ?
C’était sous le coup de l’action. Je sais à un moment qu’on va pouvoir corriger le tir.
Donc votre ministre pouvait aussi vous dire d’aller exécuter quelqu’un et vous allez le faire ?
Non monsieur le président. Pas jusque-là.
C’était alors jusqu’où ?
Jusque pour protéger quelqu’un, parce que monsieur le président, dans les marchés, les cambistes font des activités et on assure leur sécurité parce qu’ils brassent assez d’argent. Lorsque nous ne le faisons pas et il y a braquage, on nous culpabilise.
Si vous dites que Tégbénou avait des soucis de sécurité, c’est parce qu’il brassait beaucoup d’argent ?
Moi je ne savais pas qu’il brassait beaucoup d’argent.
D’où tirez-vous alors l’idée qu’il était en insécurité ?
Si le ministre a pu m’instruire dans ce sens parce que par rapport à lui, moi je ne pouvais pas demander au ministre à l’époque pourquoi vous me demandez de mettre un garde.
Votre ministre incarnait la cour ?
Non il faut être un homme pour l’affronter à l’époque M. le président
Vous avez de la puissance et de la force de ce côté
Des fois, Je l’ai vu parler au DGPN, je suis tombé des nues.
Le DGPN, M. Maïga Anki-Dosso a déclaré ici, qu’il regrette avoir servi ce ministre-là. Est-ce que vous êtes du même avis que lui ?
Absolument, à entendre les déclarations qu’il fait ici, je me demande sous quel chef on avait servi.
C’est une manière d’exprimer votre regret
Oui parce qu’un chef, c’est celui-là qui reconnaît ses actes. S’il se rend compte que c’est des actes ignobles, il peut se corriger. Même soutenir jusqu’au bout. Monsieur le président, je ne suis pas ministre, mais si j’étais un ministre, je ne serai pas comme çà.
Par rapport au garde-corps, Tégbénou a déclaré qu’il avait fait un choix et ce choix a été refusé et on lui a proposé un autre. C’est Akondé Victorin.
Monsieur le procureur, c’est faux. C’est à lui-même Tégbénou que j’ai demandé est-ce que parmi les policiers, tu as identifié quelqu’un en qui tu as confiance ? Il m’a dit oui et il m’appelle le nom de Kora. Les gens l’appellent habituellement par un sobriquet « chef très fort ». C’est comme ça on l’appelait. Il m’a dit qu’il a identifié le chef très fort. J’étais Ddpn bien sûr, mais Akondé n’était pas de l’unité opérationnelle. Il ne m’a jamais appelé le nom d’Akondé. Monsieur le président, et il a même dit que moi j’ai dit que Kora est mon beau-frère. C’est encore faux. Kora est du nord il est de Kérou ou bien de Kalalé, monsieur le président, moi ma femme est de Kandi.
Vous avez combien de femmes ?
J’en ai deux monsieur le président.
Elles sont d’où ?
La seconde est d’Abomey et je suis régulièrement marié avec les deux. Et j’ai fait ça avant la signature, la promulgation du code de la famille.
La décision de la cour n’est pas de nature à refuser ou autoriser un mariage
Je sais que même le président ne fera pas cela
M. Tégbénou, Qui vous a choisi Kora Bossou Prospère en qualité de garde du corps ?
Monsieur le président, j’ai entendu parler M. Adjovi Pépin. Il a dit que j’étais là quand le ministre l’a appelé pour la demande du garde du corps. Ce n’est pas vrai. Quand il a pris service, je suis allé le voir. Ce sont les policiers qui gardaient l’argent d’ICC-services qui m’avaient dit qu’il y a autre un commissaire central. C’est lui qui coordonne toutes les actions de la police à Porto-Novo, d’aller le voir, pour lui dire comment j’ai fait la demande au DPJ. C’est cela qui m’avait amené chez lui, la première fois. Au ministère, on n’avait pas parlé de garde du corps. Donc quand j’étais là-bas avant, c’est lui-même qui m’avait appelé et il disait tout à l’heure que j’étais avec le ministre. Non. Je n’étais pas avec le ministre quand le ministre l’avait appelé. Quand il m’avait appelé, j’étais allé le voir, et c’était le jour de son anniversaire. On était resté dans son bureau. Il m’avait dit que le ministre l’a appelé par rapport à ma sécurité et lui il me propose un garde du corps, de choisir parmi les policiers que je connais, un ami ou quelqu’un avec qui je pouvais m’entendre. Donc c’est de là, je lui ai dit, j’ai un ami chez lui ici qui s’appelle Akondé Victorin. Il a dit « Akondé, oui, qu’il est juste à côté. ». Il me propose, Kora, qui est aussi avec lui. Sinon je ne connais même pas Kora. On ne se connaissait pas trop. C’est lui-même qui m’avait proposé Kora.
Vous ne connaissez pas l’homme très très fort ?
Non. Monsieur le président. Non, je ne le connaissais pas avant
Lorsque vous avez rencontré le ministre Armand Zinzindohoué, c’était pour lui demander un garde du corps ou à propos de votre sécurité ?
Non, on n’avait pas parlé de garde du corps.
Du tout pas ?
Je ne peux pas vous mentir.
Qui d’entre Armand Zinzindohoué et Pépin Adjovi ne dit pas la vérité à la cour ?
Je n’étais pas là quand les deux avaient communiqué. Je n’étais pas là. Je ne saurai le dire. Il m’a dit qu’il va me donner quelqu’un qui va assurer ma sécurité. Jusque-là, je ne sais pas à quoi un garde du corps va me servir. Tant que j’ai déjà le permis de port d’arme avec l’arme, donc je suis allé le voir premièrement pour lui annoncer la présence des policiers qui gardaient l’agence d’Icc-services. Ce n’était pas une question de garde du corps. Je ne sais pas comment utiliser un garde du corps. D’ailleurs, quand on m’avait affecté le garde du corps, ça me gênait, parce qu’il me suivait même à l’église. Il y a des moments ou si je vais à Lomé, je le laisse. Et s’il a commencé à m’accuser ‘’ah président, si tu vas quelque part, tu ne me dis rien’’.
Il vous appelait comment ? Président ?
Oui, Président Directeur Général. Ce n’est pas que je lui ai parlé de garde du corps.
On vous l’a affecté d’office ?
Oui. Ce jour-là, il m’a dit : « c’est celui-là. Demain il va commencer avec toi ». Et le monsieur est venu sans arme, même pas un pistolet. C’est de là qu’il m’avait proposé de lui acheter une arme. C’est après cela qu’il a amené l’AKM. C’est ce qui s’est passé monsieur le président.
Avec beaucoup de munitions ?
Je ne sais pas. J’ai vu une AKM avec lui et deux chargeurs.
M. Pépin Adjovi, Tégbénou ne fait pas sa demande sans l’accompagner d’une générosité financière. Quelle était la hauteur de votre enveloppe financière à vous ?
M. le président, je ne saurais répondre. Demandez-lui si depuis que je lui ai accordé un grand du corps, il a été généreux vis -à vis de moi ? Par rapport à sa déclaration, monsieur le président il m’a rappelé des choses. Comme j’ai eu à le dire lorsque l’affaire Icc a éclaté, nous avons été les premiers à être reçus à la Présidence de la République, à la salle d’audience. J’étais même avec le garde du corps. Il y a le chef d’Etat-major, le ministre Koupaki et beaucoup de gens. La première personne à laquelle le président s’est attaqué, c’est le garde du corps. Il lui a dit qu’il a déjà toutes les informations. Que s’il ne lui dit pas la vérité qu’il va le déshabiller tout de suite. Monsieur le président, il faut qu’il dise la vérité. Ce jour-là, devant le président le garde-corps à tout dit.
Il a dit quoi ?
Comment il a été affecté ? M. Tégbénou a dit qu’il n’a pas besoin de garde du corps. Là moi je ne me retrouve plus. Le garde du corps a dit au Président de la République que quand je l’ai remis à la disposition de monsieur Tègbènou, quelques jours après, il est retourné au bureau du ministre de l’intérieur pour lui montrer le patron que je lui ai affecté. Et c’est lui-même qui l’a amené, et c’est devant le Président de la République.
Vous avez dit que le garde du corps a tout dit.
Oui. Ensuite, c’est là-bas que j’ai su que le garde du corps a dit au président qu’il était en train de voyager ensemble une fois et qu’il a retrouvé deux armes sur M. Tégbénou. J’étais étonné et je lui ai demandé pourquoi il dispose encore d’armes alors qu’il a un garde du corps. Et c’est là j’ai appris que M. Tégbénou avait toujours d’armes. C’est là aussi que le Président a demandé qui lui a signé le permis de port d’arme. Il a dit que c’est le ministre. Or le président n’avait aucune de toutes ces informations. Là où il va souvent avec M. Tégbénou, c’est lui-même qui a dévoilé devant le Président. Il a dit comment ils sont allés chez le procureur général Amoussou, chez telle ou telle autre personne.
Le Chef de l’Etat savait-il que Tégbénou allait voir toutes ces personnes-là ?
Ce que j’ai constaté ce jour-là, c’est que le Président ne semblait pas connaître Tégbénou. Dire qu’il a eu des rapports officiels avec lui, je ne saurais le dire. Parce qu’il a dit que c’est l’un de ses cousins qui l’aurait amené une fois là-bas et a demandé qu’on l’aide pour avoir des marchés de forages. Sinon tel que le président parlait ce jour-là, je ne pense pas qu’il y ait des affinités entre Tégbénou et lui.
Et vous y avez cru ?
J’ai cru parce que j’ai vu le Président dans tous ses états.
Que disait-il concrètement ?
Il a dit que Tégbénou travaillait avec Salomon Yayi qui avait été envoyé par le Chef de l’Etat. Le jour-là, le Chef de l’Etat a reconnu que Salomon était son cousin. Et puis, il est venu avec Tégbénou et ses alliés et les a présentés et a demandé si le Chef de l’Etat peut les aider à avoir des marchés de forage.
Savez-vous que Tégbénou suivait aussi le Chef de l’Etat à des endroits donnés ?
Je n’ai pas cette information
Vous avez dit que le Chef n’était pas du tout informé des activités de Tégbénou et autres.
Je l’avoue M. le Président
Est-ce vous avez les preuves de ce que vous dites
Je les ai entendus. Et le président se plaignait.
Avez-vous fait des analyses ?
Non, mais quand quelqu’un parle ça se voit.
Savez-vous qu’il était avec Tégbénou ?
Oui, M. le Président. Vous pouvez vérifier tout ce que je dis. S’il y a une seule erreur dans mes propos, vous pouvez faire de moi ce que vous voulez.
Si vous dites qu’il y a eu deux ministres, n’est-ce pas une erreur ?
Je vous l’ai dit maintenant M. le Président. Je ne l’ai pas caché. Même si c’est des erreurs que j’ai faites, j’ai eu le courage de les reconnaître.
Savez-vous que vous avez aussi une responsabilité dans ce qui est qualifié de malheur national ?
Non M. le Président. Moi-même, je suis victime de cette affaire.
Combien avez-vous perdu ?
Environ 4 millions de Francs Cfa
Qui vous a dit de déposer 4 millions Fcfa ?
J’avais résisté tout le temps. Mais j’ai vu des proches qui réalisaient. Et au dernier moment, j’ai aussi placé et je ne sais ce qui m’a amené à le faire….je ne vous dit que la pure vérité. Je ne fais pas la langue de bois. C’est pourquoi lorsque les gens passent à côté de la vérité, ça m’énerve.
A partir de quel moment savez-vous que Tégbénou est d’ICC- services ?
Je l’ai su depuis que je lui ai affecté un garde du corps en 2009.
Est-ce que vous pouvez savoir et priver votre ministre de le savoir ?
Il le sait
Ah donc, ce n’est pas en 2010 que le ministre a su.
Non
Quand alors ?
Je ne peux pas déterminer l’année.
Donc, tout sauf après 2010.
Ce que je peux dire, c’est que tout ce que le DGPN sait, le ministre le sait aussi.
Par voie de fiche ?
Bien sûr.
Lorsque vous êtes sous les ordres de quelqu’un et que vous avez l’information d’une situation, vous vous libérez lorsque vous lui rendez-compte. Ici, c’est la personne à qui vous rendez compte qui prend maintenant la charge.
Etes-vous décidé à dire la vérité à la Cour ?
Oui, M. le Président. Tout à l’heure, j’ai dit que je suis victime d’Icc Services. Je n’avais pas à vous dire cela. Mais je le dis, parce qu’il n’y a rien de secret. Moi, je n’ai rien à cacher.