Le procès sur le scandale financier Icc services s’est poursuivi ce jeudi, 03 janvier 2019 à la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet). Des dépositions ont été faites à la barre par Grégoire Ahizimè, Pépin Adjovi et autres…
L’audience s’est ouverte avec la comparution de l’ancien directeur départemental Ouémé de la police, Pépin Adjovi, appelé à donner sa part de vérité sur une rencontre du haut commandement au palais de la République après l’éclatement du scandale. Une rencontre qui s’est tenu, selon le procureur spécial près la Criet, le 17 juillet 2010 sous la présidence de l’ex Chef de l’Etat. Répondant à l’interrogation, l’ancien Ddpn fait savoir qu’il a été informé par le Directeur général de la police nationale de cette rencontre voulue par le Président de la République. A cette rencontre, le garde de corps de Emile Tegbenou, promoteur de Icc services, a été interrogé par le Chef de l’Etat sur la genèse de la crise, avoue Pépin Adjovi avant de reconnaitre que les informations servies au président Boni Yayi n’étaient pas justes notamment au sujet de l’implication des militaires. De même, le directeur de la gendarmerie nationale aurait nié la garde des bureaux de Icc services par des gendarmes. Quant à la question de savoir si les perquisitions avaient été faites au domicile de Emile Tegbenou en son absence, il affirme tout a été fait en sa présence et qu’il n’a été retrouvé que 3 millions sans pouvoir donner l’identité de celui qui a filé l’information selon laquelle Tegbenou gardait de l’argent chez lui. Le commissaire Lissagbé passe à nouveau à la barre pour se prononcer sur les procès verbaux produits sur les perquisitions. Des documents sur lesquels n’apparaissent pas la signature de Emile Tegbenou. Mais le commissaire affirme que les procès verbaux transmis à la justice sont bien signés de ce dernier. La Cour constate également que les signatures apposées sur les documents ne sont pas identiques et le procureur spécial assure que l’Etat béninois va poursuivre les officiers de police judicaire qui ont effectué la perquisition. Quant au nombre de coffres-forts retrouvés chez Emile Tegbenou, les versions varient. L’ex Ddpn estime avoir vu deux pendant que le commissaire Lissagbé ne parle que d’un coffre-fort. Agacé, les avocats souhaitent que le procureur spécial tire les conséquences du droit des déclarations contradictoires des témoins. Après une suspension d’environ une heure de l’audience, le procès a repris avec Grégoire Ahizimè, ex coordonnateur de la cellule de surveillance des structures financières décentralisées, entre-temps fait prisonnier puis bénéficiaire d’une remise en liberté provisoire dans l’affaire. Poursuivi pour corruption, il déclare avoir appris l’existence de Icc services par rumeur fin 2008 avant d’informer en mai 2009 par fiche l’ex-ministre Soulé Mana Lawani après une enquête de ses services. Mais le ministre n’aurait réagi jusqu’à son départ du gouvernement. Grégoire Ahizimè affirme avoir porté les mêmes informations au ministre Idriss Daouda, remplaçant du ministre Lawani. Il affirme également avoir convié les responsables de Icc services à une séance de travail pour finalement faire des suggestions au ministre de tutelle afin de contraindre la structure à régulariser sa situation. Il déclare avoir exigé des responsables de Icc services, la suspension de leurs activités et la baisse de leurs taux. Mais ces derniers ont outrepassé ces injonctions pour entamer le processus de formalisation de la structure. Suite aux déclarations de Grégoire Ahizimè, Me Affougnon Agathe veut qu’acte lui soit donné que le ministère de l’économie et des finances avait connaissance de l’existence de Icc services fin 2008 mais son avocat s’y est opposé et souhaite plutôt la date de mai 2009. Quant à la formalisation de la structure, le dossier aurait été introduit en novembre 2009 puis rejeté le 4 janvier 2010. Réintroduit, le dossier a été une seconde fois rejeté, selon les propos de Ahizimè. Quant aux 223 millions qu’Emile Tegbenou aurait remis à Grégoire Ahizimè, ce dernier a nié avoir reçu une telle somme et informe avoir reçu 3 millions de francs de la part de Tegbenou pour payer le cabinet ayant travaillé sur le dossier de formalisation. Il affirme avoir aussi reçu 5 millions de la part de Guy Akplogan pour solder la prestation du cabinet. A l’en croire, l’ancien Chef de l’Etat l’aurait fait arrêter injustement puis conduit en prison. Déposant à la barre, Emile Tegbenou persiste et dit avoir remis les 223 millions contre décharge. Décharge qu’il n’est plus certain de retrouver à son domicile tant les années ont passé et les perquisitions se multipliaient. Des contradictions ont été notées dans les différentes dépositions. Le procès se poursuit ce vendredi, 04 janvier 2019.