Rompant avec la formule classique des oraisons funèbres, le Secrétaire général de la Confédération syndicale des travailleurs du Bénin (Cstb), Kassa Mampo a saisi l’opportunité de la cérémonie officielle d’hommages à l’ancien Secrétaire général de la Cstb, Gaston Azoua, pour dénoncer « la remise en cause » des acquis des luttes syndicales par le gouvernement Talon. Ainsi, saisissant l’occasion de la présence de la ministre du travail, Adidajtou Mathys, le Sg/Cstb n’y est pas allé du dos de la cuillère pour dénoncer les dérives du gouvernement. « Comment peut-on après avoir entendu tous ces témoignages en l’honneur du camarade couché devant nous, accepter que le nouveau gouvernement du président Patrice Talon remette en cause tous ce que Gaston Azoua, ses camarades de lutte, la Cstb et toutes les autres organisations ont conquis de haute lutte pendant plusieurs décennies ? », s’est-il interrogé. Le vœu de la ministre du travail Adidjatou Mathys, ainsi que des autres personnalités présentes de voir Gaston Azoua reposer en paix n’a donc pas reçu l’assentiment de Kassa Mampo. « Nous terminons tous nos témoignages en demandant à Gaston de reposer en paix. Mais comment peut-il reposer en paix pendant que tout ce qu’il a contribué à bâtir et ce pourquoi il s’est sacrifié toute sa vie durant, est saccagé ? », poursuivra-t-il. Pour le Sg, la meilleure manière de rendre hommage à Gaston Azoua est d’œuvrer à la restauration des libertés et droits remis en cause par le pouvoir de la rupture. « Il nous faut lutter pour l’abrogation de toutes les lois liberticides, le retour du droit grève à la santé et pour les autres travailleurs et au peuple. Nous devons poursuivre la lutte pour la libération des détenus politiques comme Laurent Mètongnon », déclarera t-il. Le repos de l’âme de Gaston Azoua passe donc à en croire Kassa Mampo, par la poursuite et la pérennisation des acquis de ses luttes. « Nous devons poursuivre la lutte pour la satisfaction des revendications des travailleurs qui a préoccupé Gaston toute sa vie. Nous devons poursuivre les luttes pour la fin des arrestations et emprisonnements pour délit d’opinion et pour délit politique. Nous devons poursuivre la lutte pour l’abrogation des lois électorales antidémocratiques qui empêchent aux travailleurs et aux pauvres de créer de partis politiques et de participer aux élections législatives et présidentielles », martèlera t-il. Kassa Mampo n’a donc pas raté l’occasion d’envoyer un signal fort au gouvernement, à travers la personne de la ministre du travail, Adidjatou Mathys, quant aux frustrations suscitées par la gouvernance sous le régime de la rupture. Les hommages à titre posthume d’accord, mais il faut d’abord œuvrer à l’amélioration des conditions de vie des travailleurs et du peuple en général. Il faut créer des conditions favorables à l’éclosion de la vie humaine. Gaston Azoua aurait peut-être pu bénéficier d’une évacuation sanitaire ou de soins appropriés, qu’il serait encore en vie. Le gouvernement doit donc se départir de la politique, prendre à cœur la situation sociale du pays et créer des conditions favorables pour une existence paisible des populations.