Beaucoup de Béninois continuent de se passionner pour le procès Icc-Services devant la Criet. Mais, il est à craindre qu’au fil du temps, ce procès, confronté à la volonté de certains acteurs et protagonistes de ne pas voir la vérité s’éclore, ne s’enlise.
Le jeudi 3 janvier 2019, le procès Icc-services qui était à sa 10ème journée, n’a pas manqué son lot de révélations croustillantes et contradictoires, frisant parfois le ridicule.Ce sont les perquisitions au domicile d’Emile Tégbénouétaient au centre des débats. Commissaire principal ex-patron de Brigade économique et financière (Bef) au moment des faits, Dieudonné Lissagbé et Pépin Adjovi, Directeur département Ouémé-Plateau de la Police, n’ont pas été capables de donner des versions claires et concordantes sur le nombre de coffres forts trouvés chez l’adjoint de Guy Aplogan. Dieudonné Lissagbè croit qu’il s’agit d’un seul coffre-fort. Par contre Pépin Adjovi, Directeur départemental à Porto-Novo au moment des faits soutient que c’est deux coffres forts. Deux versions différentes venant de deux personnes qui ont tous assisté à des perquisitions au domicile de Tégbénou. Mieux, les avocats qui voulaient savoirà quel moment les coffres-forts ont été ouverts n’ont pas eu de réponses correctes à leurs interrogations. Mais, là où le bât blesse, c’est la négligence, et peut-être l’irresponsabilité des forces de l’ordre qui, de bout en bout, ont biaisé la procédure lors de la fouille. D’abord, Pépin Adjovi reconnait n’avoir pas fait appel à un huissier lors de la première perquisition. Harcelé de questions, il jettera le sort sur l’ex-Dgpn, Anki Dosso. Par ailleurs, contrairement aux déclarations du commissaire Lissagbé, la Cour déclare que les PV ne portaient pas la signature du propriétaire du domicile perquisitionné, en la personne d’Emile Tégbénou. Ce dernier déclare n’avoir pas assisté à ces fouilles.
Le Haut commandement au Palais !
Mieux, les Opj ayant dirigé les opérations n’ont pas signé les Pv, et ce sont plutôt d’autres signatures qui sont visibles sur les documents. Par ailleurs, le Contrôleur de Police, Pépin Adjovi , à la surprise de tous, a pu assister à la rencontre tenue entre le haut commandement militaire et Yayi Boni le 17 juillet 2010. Le Procureur Spécial s’est d’ailleurs offusqué de la présence de PépinAdjovi alors Directeur départemental de la Police nationale (Ddpn), à cette rencontre supposée regrouper les hauts gradés de l’armée béninoise. En effet, si l’on pouvait comprendre la présence du Directeur Général de la Police Nationale, celles de Pépin Adjovi et le garde du corps de Emile Tégbénou étaient incompréhensibles. Interrogé, Pépin Adjovi dira de nouveau que c’est le Directeur général de la Police nationale (Dgpn),Anki Dosso Maiga, qui l’a appelé pour lui dire que le président voulait les recevoir au Palais de la République à 9 heures. « Lorsque Yayi Boni est arrivé, il a interrogé le garde du Corps d’Emile Tégbénou, et tout ce qu’il avait fait avec Emile Tégbénou. Après cela, le président de la République m’a demandé si j’avais rendu compte au Dgpn. J’ai répondu par l’affirmative et, il a demandé au Dgpn s’il était au courant. Il a répondu aussi par l’affirmative, mais a dit que c’était après les évènements », ajoute Pépin Adjovi. Malheureusement, le compte rendu fait de cette rencontre au sommet par le haut commandement militaire n’a fait que cas des armes que le commandant de compagnie avait aidé Emile Tégbénou à acheter. Nulle part, il n’a été fait mention des soldats et gendarmes affectés à Emile Tégbénou. Le Procureur spécial va alors révéler à la cour que des témoins avaient déjà souligné devant elle, que 4 soldats étaient affectés à Emile Tégbénou, et que le haut commandement recevait 600.000 FCfa pour ce contrat. Adjovi Pépin a confirmé à son tour à la Cour, que ces déclarations n’étaient pas conformes et reconnait comme le Procureur spécial, que le haut commandement militaire avait fait un compte rendu tronqué de la séance du 10 Juillet 2010.