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Procès Icc-services : Ahizimè parle de ses alertes, Michel Alokpo plonge Zinzindohoué

Publié le lundi 7 janvier 2019  |  Fraternité
Affaire
© aCotonou.com par DR
Affaire ICC service
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Au 11e jour du Procès, quatre personnes ont été écoutées. Grégoire Ahizimè, Responsable de la cellule de surveillance des institutions de microfinances au moment des faits a fourni d’autres précisions à la cour en ce qui concerne les mesures de prévention. La confrontation de ces derniers avec Guy Akplogan et Emile Tégbénou a permis d’autres révélations. Dans l’après-midi, l’ancien patron du service des renseignements et le Pasteur Michel Alokpo ont dit à la Cour leur part de vérité.
Au 11e jour du Procès, quatre personnes ont été écoutées. Grégoire Ahizimè, Responsable de la cellule de surveillance des institutions de microfinances au moment des faits a fourni d’autres précisions à la cour en ce qui concerne les mesures de prévention. La confrontation de ces derniers avec Guy Akplogan et Emile Tégbénou a permis d’autres révélations. Dans l’après-midi, l’ancien patron du service des renseignements et le Pasteur Michel Alokpo ont dit à la Cour leur part de vérité.



Quelles sont les banques dans lesquelles vous faites vos transactions financières ?
Il y a la Société Générale des banques, la BOA, Diamond Bank et Continental Bank.

Quelles sont les agences où vous opérez souvent ?
Il y a la société générale des banques. Il y a des gens à qui nous délivrons des chèques et qui se font payer par la banque.

Vous avez déposé ici que vous allez retirer de l’argent dans des sacs de jute. Dans quelles agences vous opérez ainsi ?
Il y a la Société Générale des Banques. L’agence de Catchi en 2008, 2009 et 2010

Monsieur le Procureur Spécial afin de vérifier la mise en œuvre des obligations incombant aux banques, à travers la loi 2006-14 du 31 Octobre 2006 relative à la lutte contre le blanchiment de capitaux, vous allez rechercher les chefs d’agence qui ont occupé ces agences en question pour essayer de voir s’ils ont accompli leurs parts d’obligations. Nous allons suivre ça au niveau de CENTIF. Continuez.
Il y a aussi Diamond Bank et continental Bank

Toujours à Catchi ?
Oui.

Vous n’opérez pas à Cotonou ?
Non

Vous amenez effectivement des sacs de jutes ou ce sont les agences qui vous en fournissaient ?
S’il y a des retraits allant de 50, 100 ou 200 millions Fcfa à faire, je me déplace avec des sacs communément appelés Dangoté.

Personne ne vous inquiétait ?
Non. Je fais des retraits ainsi parce qu’au moment où l’on a besoin des sous, il faut signaler et attendre qu’ils soient prêts pour te satisfaire

Vous allez déposer souvent combien ?
Je dépose beaucoup de sous. Je fais des dépôts de 50, 100 millions de Fcfa et parfois 500.000 Fcfa

Vous déposez 500 mille francs dans une banque ?
Oui ! Des gens peuvent déposer une telle somme sur mon compte après un travail.

Quand vous allez faire des dépôts dans vos comptes bancaires, vous y allez avec combien en moyenne ?
Si c’est moi-même, je peux faire des dépôts de 20 à 100 millions Fcfa. Ça dépend du travail effectué.

Et aucun banquier en ce temps ne vous posait la question de savoir où est-ce que vous trouvez ces sous ?
C’est seulement la Société des Banques qui était venue me voir à la Direction de la Snab pour savoir pourquoi je faisais des retraits, et pour comprendre mes activités à la Snab. J’étais dans le bureau d’Icc quand ils étaient venus. C’est ma secrétaire particulière qui m’a informé et je les ai reçus à l’accueil. Ils m’ont demandé si c’est parce que je ne suis pas satisfait des prestations de la banque que je fais des retraits de la sorte. Je leur ai fait comprendre que j’achète des produits et que j’ai besoin de l’argent à disponibilité.

Ne vous ont-ils pas demandé quelle activité vous exercez ?
Oui

Vous avez parlé de quelle activité ?
Comme c’est à la direction de la SNAB, je leur ai présenté tous les documents de l’activité que je menais.

Vous avez caché ICC Services.
Non, je leur ai parlé d’ICC services aussi.

Après ça, les transactions ont-elles continué ?
Oui.

Grégoire Ahizimè : « Je ne me rendais pas compte que j’étais en infraction »
Monsieur Grégoire Kokou Ahizimè, nous sommes sur le terrain de la mise en œuvre de cette loi 2006 -14 du 31 octobre 2006 portant lutte contre le blanchiment de capitaux. Pour avoir été Coordonnateur de la cellule de surveillance des structures financières décentralisées vous devez avoir connaissance de l’existence de cette loi. Alors, vous en avez connaissance ?
Oui.

Vous savez qu’à l’article 2 de ladite loi, vous avez l’obligation de connaître l’origine licite et illicite de tous les fonds qui doivent vous parvenir ?
En tant qu’individu ou en tant que structure ?

En tant qu’individu. La cour va vous rafraichir la mémoire. A l’article 2 de la loi, le blanchiment de capitaux est défini comme l’infraction constituée par un ou plusieurs des agissements énumérés ci-après commis intentionnellement à savoir : dernier tiret : l’acquisition , la détention ou l’utilisation de bien dont l’auteur sait au moment de la réception des-dits biens qu’ils proviennent d’un crime ou d’une participation à ce crime ou délit. En espèce, vous ne niez pas avoir reçu d’abord, trois millions de francs CFA, ensuite cinq millions de francs CFA que vous avez gardé depuis 2010. Et vous saviez que ces fonds proviennent des tenanciers d’ICC Services. Vous saviez doublement en amont qu’ICC Services était dans l’informel. On ne peut pas ignorer aujourd’hui que les trois millions francs CFA proviennent d’une activité illicite que vous vous apprêtez à combattre. Monsieur Grégoire Kokou Ahizimè. Est-ce que cette loi ne vous semble pas applicable ?
Monsieur le président, je voudrais dire que les trois millions ne me sont pas destinés.

Nous ne parlons pas de la destination, mais de l’origine des trois millions. Ça provient de qui ?
Les trois millions proviennent des promoteurs d’Icc

Vous savez que Icc-services était dans l’informel, ne respectant pas la règlementation en vigueur, laquelle réglementation vous êtes censé appliquée ?
Par rapport à ça, j’ai dit que ce n’est pas destiné à moi.

Occupons-nous d’abord de l’origine des trois millions pour appliquer ce texte que vous êtes censé connaître. Vous savez qu’Icc Services était de par ces promoteurs en infraction par rapport à l’article 9 de la loi 97-097. Vous saviez que Tégbénou était dans l’infraction en ce moment précis et toute preuve provenant de lui est censé provenir d’un crime ou bien d’un délit.
Monsieur le président, je ne l’interprète pas de cette manière. Parce que dès lors que la structure veut avoir un dossier, elle doit pouvoir payer le cabinet qui s’en charge.

Une structure qui commettait des infractions.
Une structure qui commettait des infractions, nous avons dû arrêter et puis faire le dossier pour l’autorisation.

C’est en ce moment-là que la structure par ses dirigeants vous avait envoyé de l’argent et vous avez pris.
Monsieur le président, je n’ai pas pris.

Les trois millions de francs ?
Non j’ai dit que ça a été payé au cabinet. A l’adresse du cabinet.

Vous étiez là. Et c’est vous qui avez cautionné ça, c’est dans votre bureau ?
Oui dans mon bureau.

En votre présence !
C’était un concours de circonstance.

Les cinq millions sont destinés à qui ?
Les cinq millions étaient destinés à moi.

C’est avec qui actuellement ?
J’ai dit que quand j’ai reçu, je ne savais pas …

C’est avec qui actuellement ?
C’est avec moi

Vous les avez détenus ?
Oui je les ai détenus

Mais c’est ce que la loi dit. L’acquisition, la détention de biens dont l’auteur a connaissance. Vous savez que les cinq millions de francs CFA que vous détenez proviennent des activités menées par ICC Services. Est-ce que vous ignorez aujourd’hui que ces fonds proviennent d’une infraction ?
Je disais normalement, je sais d’où c’est venu

Ça vient d’où ?
Ça vient des promoteurs d’Icc services.

Icc services fait quoi ?
Icc-service collecte l’épargne

Si vous détenez de l’argent provenant d’une infraction, vous savez ce que vous encourez ?
En 2017, j’ai posé une fois encore la question à la cour d’assises. C’est là qu’ils ont dit avoir appris qu’il y a un cabinet qui a fait le travail et qui devrait être payé. Je lui ai répondu que je ne vais pas retourner au cabinet que les sous sont disponibles. C’est tout ce que j’ai dit. Ce n’est pas de façon volontaire.

A travers le cheminement qu’on a fait en lien avec l’article 2 de la loi que vous a lu par le président, est-ce que vous avez détenu entre vos mains des fonds provenant d’une origine illicite ?
J’ai gardé 5 millions.

Les 3 millions ont transité par vous quand même ?
C’est par mon bureau.

Les 5 millions par vous-même ?
Comme je le dis je ne connais pas.

Vous avez gardé ça non ?
Oui.

Garder, c’est de la détention.
Je ne me rendais pas compte que j’étais en infraction.

Maintenant vous ne vous rendiez pas compte que vous étiez en infraction. C’est aujourd’hui que vous avez constaté que vous avez commis une infraction en gardant avec vous les 5 millions Mr Ahizimè, c’est ça ?
Silence de Grégoire Ahizimè

Louis Biaou : « A un moment donné personne ne voulait dénoncer… »

Monsieur Biaou, vous êtes aujourd’hui le coordonnateur de la cellule de la surveillance des structures financières décentralisées. Vous avez suivi votre prédécesseur Ahizimè. Est-ce que le travail fait par votre prédécesseur suffisait à mettre fin aux activités d’Icc services ?
Mr le Président je vais dire honnêtement que le travail qui a été fait au niveau de la cellule de surveillance sous la direction de Grégoire Ahizimè a été un travail pénible mais bien fait au regard des moyens à notre disposition. Depuis que nous avons reçu la convocation de la cour, j’ai fait le point de tout ce que nous avons accompli. Et si vous permettez Mr le Président, je dois vous dire que ce procès vient en réalité montrer un certain nombre de choses pour qu’on puisse limiter les risques. L’une des faiblesses majeures ayant permis la survenance de cette crise est l’absence de synergie optimale entre les divers corps et acteurs de l’appareil étatique. Depuis le début de ce procès Mr le Président, le corps judiciaire a montré qu’il a fait de son mieux. Nous pouvons aussi vous dire Mr le Président qu’au niveau du ministère des finances en général et de la cellule de surveillance sous la houlette de Cocou Grégoire Ahizimè nous avons fait du beau travail.

Y compris la réception des 5 et 3 millions ?
Non je vous ai parlé uniquement de tout ce que nous avons fait au niveau professionnel et technique. Je n’ai pas connaissance de ces éléments. Mais je pourrai dire que déjà le 9 janvier, la première alerte a été donnée par une fiche que Cocou Ahizimè a signé en direction du ministre Lawani. La fiche a été élaborée le 09 janvier. Le 19 janvier, le ministre Lawani a signé les deux communiqués dont a fait cas Ahizimè maintenant. Nous avons mené en un an et demi, 18 actions. C’est- à- dire en moyenne une alerte mensuelle. Nous sommes une direction technique, nous devons donner l’information à l’autorité qu’est le ministre et c’est ce que nous avons fait. Pour que nous puissions réagir, nous n’avons pas la police pour aller fermer une structure. C’est pour cela que je parlais de l’absence de synergie entre les différents corps qui doivent adhérer.

Qui était le ministre qui faisait la sourde oreille ?
Non je ne pourrai pas dire qu’il y a un ministre qui faisait la sourde oreille. Quand on envoie les communiqués pour faire la sensibilisation des populations, les ministres réagissaient. Comme je l’avais dit, en janvier 2009, le ministre Lawani qui était en fonction en ce moment-là a signé les deux communiqués. Le premier communiqué était destiné aux populations pour les inviter à ne pas contracter avec les structures illégales. Le deuxième communiqué était en direction des structures de microfinance qui étaient autorisées pour leur demander un certain nombre d’éléments notamment les numéros d’agrément. Donc Mr le Président pour revenir à votre question, je dois dire que nous avons fait un travail professionnel et technique qui devait permettre de limiter les risques avant l’éclatement de la crise. Même à la veille de la crise on faisait tout et c’est ce que Mr Cocou Grégoire vient de dire notamment la plainte que nous avons faite parce que nous sommes un corps de contrôle, notre travail se limite à faire les constats et à faire les propositions.

Vous faisiez bien votre travail ?
Je crois que selon l’analyse que j’ai faite, il n’y a pas une synergie optimale entre les corps. Lorsqu’une structure exerce en marge de la réglementation, pour qu’on puisse la fermer, nous ne pouvons rien en tant que cellule de surveillance ou ministère de l’économie et des finances.

Qui doit favoriser la synergie ?
C’est le gouvernement notamment. Il devrait avoir cette synergie. Quand le ministre des finances a un problème, il va informer son collègue de la justice, de la sécurité. Je crois qu’à un moment donné même si ce n’est pas au moment où nous voulons, ces actions ont été menées. Nous avons des documents montrant que le ministre des finances a saisi le ministre de l’intérieur et le ministre de la justice sur la gravité des activités.

Pourquoi ce silence radio au sujet du cas de Icc-services ?
C’est beaucoup plus le coordonnateur qui rencontrait l’autorité après que nous ayons fait les fiches.

Avec le travail abattu qualifié de beau, Grégoire Ahizimè a dit avoir été apprécié par le chef de l’État devant les mass médias. Mais le lendemain, lui qui avait été apprécié comme étant un agent loyal, a été qualifié de bandit par la même autorité suprême.
Si je dois me prononcer par rapport à ça, je crois que c’est exactement ce que je viens de dire. Personnellement nous devons être fiers du travail que nous avons fait.

Le gouvernement n’a donc pas joué son rôle ?
Mr le Président, je ne suis pas bien placé pour apprécier ce que je dois dire qui est un élément fondamental. Je crois qu’il y a eu un manque de synergie dans les actions. A défaut d’empêcher un risque, on peut le limiter pour que l’ampleur connu par le phénomène Icc soit limitée. Si déjà en janvier, nous avons donné une première alerte de façon générale, tout au moins le premier trimestre 2008, nous avons eu les signaux. Mais nous sommes limités. On n’a pas la police pour aller fermer. Le ministre de l’économie et des finances a fait passer des communiqués pour sensibiliser les populations. Mais je constate qu’en dépit de tout, cela continue. J’espère que ce procès nous donnera l’occasion de réduire le risque. Le risque est encore là.

Pourquoi le coordonnateur a manqué d’avoir le courage d’indexer directement dans son projet de communiqué Icc-services ?
Il ne pouvait en être autrement parce qu’à un moment donné, nous avions remarqué que ce n’était pas simplement Icc-services. Lorsque la crise a éclaté, on a recensé 204 institutions. On ne pouvait pas citer une structure simplement. En ne citant pas les autres, c’est comme si elles sont en règles vis-à-vis de la règlementation. C’est vrai que Icc-services est la structure mère mais les autres également ont fait suffisamment de dégâts. Donc les communiqués ne pouvaient pas cibler Icc simplement.

Vous avez dit tout à l’heure que vous n’avez pas le pouvoir de procéder à la fermeture de ces structures irrégulières. Quelle était le maillon qui devrait faire face à cette possibilité ?
Tout au moins trois structures doivent pouvoir s’entendre pour y faire face.

Lesquelles ?
Il y a le ministère des finances en donnant l’information au ministère de l’intérieur. La BEF peut enrôler le dossier et aller vers la justice pour qu’elle donne l’ordre pour fermer. A ma petite connaissance, on ne peut pas se lever nous même pour fermer. Ce n’est pas possible. Il faut que ces trois corps au minimum puissent s’entendre pour réagir.

Est-ce que vos propositions allaient dans ce sens ?
Bien sûr. Nous avons des éléments pour le matérialiser. Je vous ai dit tout à l’heure que le ministre de l’économie et des finances à un moment donné a écrit au ministre de la justice et a saisi le ministre de l’intérieur par rapport aux activités de ces structures illégales. C’est un silence coupable pour tout le monde. A un moment donné personne ne voulait dénoncer.

Personne ne voulait dénoncer quoi ?
Par rapport à cette situation, avec le recul, vous constatez que les activités d’Icc ont commencé de bouche à l’oreille. C’est comme si les gens allaient trouver une manne et ne pouvaient pas dénoncer. C’était dans un cercle fermé. Au fur et à mesure que ça a pris de l’ampleur, il faut reconnaître qu’on faisait l’apologie de ces structures à la télévision. On voyait des choses. Je dis que c’est une responsabilité individuelle et collective. J’ai parlé des trois structures. C’est le minimum. Plus on a dénoncé, plus on pourra faire la pression en dépit du fait que certainement à notre niveau, nous n’avons pas les moyens.

Mr Biaou Louis, est-ce qu’il faut retenir que votre cellule de surveillance a efficacement accompli ces offices ?
Je dois répondre par l’affirmatif Mr le président.

Est-ce donc votre hiérarchie qui n’a pas donné suite ?
Je ne voudrais pas le dire ainsi. Notre hiérarchie a fait ce qu’elle peut faire. Nous avons fait des communiqués à l’endroit des populations. Mais en dépit du fait que la crise Icc-services s’est produite, aujourd’hui à l’heure où nous parlons, des structures sont encore en place. Donc au niveau des populations il y a toujours un problème.

Limitons-nous au moment des faits. Les deux communiqués sont signés du ministre Soulé Mana Lawani.
Il y a d’autres communiqués

Signés par qui ?
Le ministre Daouda aussi a signé des communiqués

Des communiqués vagues…
Permettez que je ne puisse qualifier les communiqués de mon ministre parce que l’initiative vient de nous.

Vous avez fini par indexer le gouvernement qui n’a pas fait le travail puisque à la question de savoir qui devrait animer la synergie à laquelle vous êtes accroché si tant, vous avez fini par dénommer le gouvernement.
Bien sûr. Je dis que c’est au niveau du gouvernement. Au moment où le ministre des finances donnait l’alerte au ministre de l’intérieur et au ministre de la justice, si les trois s’entendaient et réagissaient spontanément, on aurait limité quand même les dégâts.



Mais vous rédigez des fiches à l’endroit de votre ministre de tutelle depuis 2009. Le ministre de l’intérieur et de la sécurité publique est passé par ici et a déposé que ce n’est que le 19 mai 2010 qu’il a eu l’information. Le ministre de la justice idem. Est-ce que ces autorités ministérielles peuvent dire que ce n’est qu’en 2010 qu’ils ont eu l’information concernant Icc service ?
Non je ne crois pas qu’ils puissent dire que ce n’est qu’en 2010 qu’ils ont eu cette information. A mon avis, je crois bien que les autorités ont cette information, d’une manière ou d’une autre. Il y a des manifestations publiques qui ont été diffusées à la télévision. Je crois qu’il a été dit que c’est le ministre des finances qui lors d’une question diverse en Conseil des ministres a informé le gouvernement. Et une fois que le gouvernement a été informé, même si c’est en mai 2010, ce qu’on aurait évité en termes de pertes des moyens, c’est énorme. En un mois, les opérations de ces structures vont dans l’ordre de milliards.

Dans les pistes que vous formuliez à l’endroit de votre ministre de tutelle figure en bonne place l’une des actions notamment la fermeture de ces structures-là ?
Bien sûr.

Pourquoi suite n’a pas été donnée à ces projets ?
Comme j’ai dit Mr le président le travail de la structure est de faire des constats et des propositions à l’autorité ministérielle. Le ministre des finances ne peut pas aller fermer à lui seul. Il saisit ses collègues de l’intérieur et de la justice.

Qui ont été informés un an plus tard ?
C’est ce qu’ils ont dit. Je ne sais pas si réellement c’est ça.

Je voudrais que les sieurs Ahizimè et Biaou précisent à la cour, en dehors des fiches énergiques qui sont démontables à la hiérarchie s’ils n’ont pas estimé nécessaire d’alerter des banques de la place ou les autres institutions ?
Grégoire Ahizimè : Je crois que dans nos différentes fiches que nous avons adressées, nous ne nous adressons pas directement aux banques. Ce sont les structures monétaires qui s’adressent aux banques. Nous avons fait des fiches même pour demander qu’il y ait une commission pour juguler ces activités. Je crois que cela relève de la Bceao et sous la tutelle du ministre des finances.

Si vous ne le faites pas officiellement, est-ce que vos relations officieuses ne peuvent pas amener à dire un mot aux autorités bancaires ?
Oui nous avons discuté de ça dès lors qu’on a reçu leur courrier. J’ai fait le point de tout ce que j’ai fait jusque-là.
Mr Biaou : En réalité, il y a une subdivision au niveau des institutions financières de façon générale. Les banques ne sont pas sous notre contrôle. Les banques sont sous le contrôle de la commission bancaire et de la banque centrale. On s’occupe du volet microfinance. Ce sont les institutions de microfinances qui sont sous notre supervision. Nous n’avons pas de relation avec les banques. Toute-fois, je dois préciser que c’est l’association professionnelle des banques qui a écrit au ministre pour travailler l’informations mais avant de le faire c’est que les banques ont suffisamment collaboré avec ces structures et c’est à un moment donné où certainement ils ont constaté comme vous l’avez dit tout à l’heure que le risque de blanchiment se profilait c’est peut-être en ce moment qu’ils ont écrit si non avant 2009 les banques coopéraient avec ces structures déjà.

Vous vous êtes félicité du travail administratif que vous avez fait alors que vous étiez une structure de surveillance. Vous êtes en gendarme et vous n’avez pas besoin d’avoir des pouvoirs sur les autres institutions avant de dénoncer le crime flagrant que vous reconnaissez dans vos écrits. Il y a un problème de non réglementation mais surtout un problème d’escroquerie flagrante. N’avez-vous pas été complaisants ? Pourquoi avez-vous participé à cette omerta que nous reprochons à toutes les institutions ?
Mr le président je crois que nous n’avons pas été complaisants. Nous avons donné alerte. Personnellement, je ne peux pas passer un communiqué radio en tant que coordonnateur de structure. L’alerte a été donnée suffisamment à l’autorité. Nous ne sommes pas des gendarmes. On n’a pas la force publique pour agir. Je crois que nous ne pouvons pas faire au-delà de ce que nous avons fait. Nous sommes même allé jusqu’à signé une plainte à la place du ministre des finances.

C’est dire à la presse que vous êtes un grand responsable. Vous étiez directement rattachés au ministre. Vous n’avez pas d’intermédiaire. C’est trop facile d’être cadre et de ne jamais pouvoir prendre ses responsabilités. Par exemple, votre voisin est en train commettre une infraction flagrante. Votre raisonnement repose exclusivement sur l’approche administrative et fonctionnelle.
Je veux comprendre ce qui est mis dans l’alerte générale

Grégoire Ahizimè : « J’ai alerté suffisamment ma hiérarchie en dehors des fiches »
Si vos primes ne sont pas payées par exemple et qu’au sein du ministère vos droits syndicaux sont bafoués vous savez le faire. Pourquoi vous voulez convaincre la cour que vous êtes les seuls à avoir joué la bonne partition ? Le ministère des finances, c’est vous.
Le ministre des finances ce n’est pas moi. J’étais au ministère des finances. Je crois que j’ai alerté suffisamment ma hiérarchie. En dehors des fiches que j’envoie, je le vois aussi en personne. Par exemple, le 23 octobre, j’ai eu une rencontre avec la Directrice de cabinet sur des préoccupations que j’avais. J’ai formulé les préoccupations en trois points. Il y avait des préoccupations qui concernent ma structure. Il y avait le point de l’assainissement du secteur et par rapport à Icc qui était déjà envoyé au ministre. Ce n’est pas une accusation mais des faits réels.

Monsieur Ahizimè nous avons compris les efforts administratifs que vous avez faits. Est-ce que vous n’avez pas fait un service minimum ? Comment comprendre que vous qui avez préconisé la fermeture de ces structures avez accepté par la suite de collaborer pour une régularisation.
A mon avis, ce n’était pas une question de régulation. Si c’était le cas, je n’allais pas faire autant de rejets. Au niveau de la présidence, j’ai été clair. J’ai fait le point au ministre des finances. Les conseillers ont dit d’arrêter cette activité-là et d’attendre l’autorisation pour faire du microcrédit. Ils ont été clairs. Ce n’est pas un problème de régulation. Une structure qui est dans l’illégalité, nous lui avons dit ce qui doit pouvoir être fait. Il s’agit d’arrêter le placement et d’attendre l’autorisation pour exercer la microfinance. C’est tout une panoplie d’autorisation. C’est pourquoi j’ai demandé les informations concernant leurs activités depuis le début. L’autorisation est une caution que l’Etat donne. Il arrive un moment où nous devons avoir accès à vos documents pour évaluer la sincérité.

Votre successeur a exprimé que le sinistre est imputable au manque de synergie entre les différents services. Avec la résistance de la hiérarchie, l’ampleur des dégâts, les différentes réunions que vous avez eues avec les conseillers du président d’alors, de la Bceao, etc., quelle explication pouvez-vous nous donner aujourd’hui pour justifier la commission de ce crime ?
Je crois que ce qu’il a dit n’est pas différent de ce que j’ai dit également. S’il y avait cette synergie, les ministres auraient pu décider plus tôt en leur sein.

Nous allons inviter l’accusé Grégoire Ahizimè à nous donner lecture de la conclusion de la première fiche adressée au ministre Daouda pour voir les actions menées. Pendant ce temps, monsieur le procureur spécial, la cour vous avait demandé de convoquer le ministre Daouda.
Procureur Spécial : Le ministre est convoqué par voie d’huissier. On ne l’a pas encore vu.
Grégoire Ahizimè : Après que l’équipe est allé sur le terrain, nous avons fait ce compte rendu : « En raison de ce qui précède, il est urgent que quelques actions soient menées à savoir des communiqués radio diffusés et télévisés dont projet de copie est joint pour sensibiliser la population sur les risques qu’elles courent en déposant les fonds dans les structures non autorisées ; des injonctions au promoteur à cesser, sans délais, toute activité et à se rapprocher de la cellule pour les formalités d’agrément s’il s’agissait d’activité de microfinance ; la mise en œuvre de la phase répressive par l’application de l’article 78 de la loi 97-027 du 8 août 97 au cas où les dirigeants ne se plieraient pas aux injonctions.

Le communiqué date de quand ?
mai 2009

Ça n’a pas de suite ?
Non je n’ai pas eu de suite

Si votre successeur Louis Biaou parle de manque de synergie doigtant le gouvernement alors que vous avez déjà saisi votre hiérarchie de cette fiche avec ces actions à entreprendre, est ce que ce n’est pas une manière de dire que votre ministre n’a pas fait son travail ?
Je peux dire que le ministre n’a pas réagi dans les délais

Vous avez rencontré des conseillers du Président de la République Gero Amoussouga et Aguessy qui vous ont soutenu dans votre démarche. Ils ont partagé avec vous l’inégalité de la situation. En l’absence de toute réaction et de tout effet à vos propositions bureaucratiques, quelle explication pouvez-vous nous donner sur ce silence qui a facilité le suivi ?
Chacun a peut-être ses raisons. J’ai dit depuis hier que les promoteurs se retrouvent entre deux accessions. Moi je leur ai dit qu’il faille arrêter ça. Mais ils ont dit devant la cour ici que la première autorité a dit que c’est bon et qu’il faille continuer. Et que le Chef de l’Etat s’est fâché quand ils ont dit que j’ai gardé leur dossier, si ce que Tégbénou a dit est vrai. Entre le chef de l’Etat Boni YAYI et moi, qui vont-ils croire ? Après cette rencontre avec le Chef de l’Etat, le 8 février 2010, ce que je leur disais depuis 2009, j’ai repris pour souligner que je n’ai les informations que je demande (…).

Monsieur Ahizimè, vous aviez eu des rencontres avec des membres de la Bceao, avec des conseillers du Président de la République qui ont eu aussi à plaider pour qu’un agrément soit donné, mais cet agrément ne fut pas donné alors pourtant qu’il y a eu des transactions financières. Je voudrais, que les cadres de la cellule de surbrillance des structures financières décentralisées, nous édifient sur les véritables motivations de l’inefficacité de leurs actions et intentions. Autrement dit, est-ce qu’ils n’ont pas profité de ce flou pour s’enrichir un tout petit peu aux dépens de promoteurs ?
En termes d’agrément, nous avions expliqué largement le processus. Et j’ai dit que c’est un agrément pour la micro-finance. S’il y a eu inefficacité, que cela est dû à un manque de synergie. C’est une question particulière pour les gouvernants puisqu’ils ont l’information dans leur cercle. ils doivent prendre des mesures. Mais dans nos capacités et nos limites, je crois que nous avions fait ce que nous pouvions faire. Il ne faut pas aller au-delà. Il n’y a pas eu inaction.

Vous aviez expliqué que vous aviez fait des fiches successives à votre hiérarchie et il n’y avait pas de réaction telle que vous l’attendiez. La question que nous nous posons, étant donné que l’accusé Emile Tégbénou a dit devant cette cour, qu’il vous a remis 220 millions, est-ce que le laxisme de l’administration ne vous a pas poussé à prendre les sous ou à profiter de ce système de laxisme ?
Merci monsieur le président, Je dis que cette déclaration n’est pas vraie. J’ai vu monsieur Tégbénou pour la première fois le 06 octobre 2009 quand je les avais appelés dans mon bureau. Et la seconde fois, le 10 février 2010 à la Présidence quand ils se sont plaints de moi au palais. Je l’ai vu pour la troisième fois le 5 juillet 2010 au palais quand déjà la crise est ouverte et il n’était plus en liberté. Je n’ai donc pas eu de contact avec lui. Je continue de dire que son patron sait que ce qu’il a dit n’est pas vrai. J’ai donné une raison hier. La seconde raison, je le dis encore, son patron sait que le dossier n’est pas bon pour partir. Et les renvois que j’ai eu à faire en premier le 4 janvier 2010 : « Entre autres, le taux pratiqué aux membres épargnants, le nombre de postes de service et le montant cumulé de l’épargne ne figurent dans aucun document. Cette information vous avait été demandée en 2009 au cours de la séance de travail auquel je vous avais invité par une note de service ». Et à la fin, je disais ceci : « Eu égard à ces observations, je vous fais retour au dossier et vous invite à apporter les corrections nécessaires au dossier en vue d’une poursuite judicieuse du processus de formalisation de votre institution. En outre, le retour du dossier portant les présentes observations, de même que les informations demandées dans un délai de deux mois pour compter de la date de réception de la présente lettre est exigé pour un suivi judicieux. Passé ce délai, la CSSFD n’est pas responsable de la lenteur du traitement de votre dossier. C’était donc le premier retour. Le second retour, porte sur les mêmes observations. J’ai repris les mêmes observations dans la lettre du 9 février 2010. Les courriers sont adressés au patron de Tégbénou et il sait que le dossier n’est pas bon pour évoluer. Que Tégbénou lui ait dit dans le même temps que j’ai réclamé 220 millions alors qu’il était en relation avec moi et sait pourquoi le dossier n’avançait pas, il ne devrait pas le croire…

Il n’est pas le seul, votre pasteur aussi.
Non...non !

Aviez-vous vous suivi Emile Tégbénou ? Votre pasteur ne l’a-t-il pas appelé dans ce sens ?
Je ne sais pas si mon pasteur l’a appelé.

Êtes-vous certain que votre pasteur n’a pas appelé Tégbénou Emile dans ce cadre-là ?
J’avais dit que mon pasteur m’avait interrogé par rapport à Icc et je lui ai dit que c’est une institution qui n’a pas d’autorisation.

Tégbénou a dit que votre pasteur l’appelait visiblement sans cesse pour vous restituer visiblement les 220 millions de francs CFA.
Non, ce n’est pas ça, monsieur le président. J’ai dit à mon pasteur que cette structure n’est pas autorisée. Après cela, il m’a demandé s’ils n’ont pas d’autorisation.

Monsieur Ahizimè, est-ce que vous savez que votre pasteur a appelé Monsieur Tégbénou pour le voir vous payer les 220 millions ?s
Je ne sais pas s’il l’a appelé pour lui dire de me donner 220 millions puisque je n’ai pas fait ce débat avec mon pasteur.

Vous aviez rejeté par deux fois, le dossier d’agrément d’Icc-services. Mais lorsque vous aviez conseillé les tenanciers d’Icc-service d’aller vers un expert pour monter le dossier, est-ce que c’est pour éviter ces rejets ?
Pas du tout ! L’expert n’est pas celui qui monte un dossier tout simplement. Je lui ai dit que l’institution de micro-finance est toute une entreprise. C’est vous qui allez dire à l’expert, quelle est la politique de votre épargne, la politique de crédit, le plan d’affaire et les objectifs que voudriez atteindre. Ce que les représentants d’Icc ne maîtrisaient pas. L’expert n’est pas celui qui étudie seulement le dossier et dit d’aller déposer... Non !

N’est-ce pas vous-même l’expert par hasard ?
Non, pas du tout.

Quel est son adresse ?
J’ai dit le cabinet Sispi. Celui qui avait le cabinet en ce moment-là s’appelle Ahouandjinou Franck. Ce cabinet a été choisi par Houngbèmè parce qu’il avait un collaborateur Cakpo Zéphirin qu’il avait déjà connu à la Fécécam.

Aviez-vous les coordonnées de la secrétaire ?
Non, parce que je l’ai perdu.

Par qui peut-on la joindre ?
Ça, je ne le sais pas.

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C’est vous qui aviez orienté Icc vers le Cabinet ?
Non, Ahouandjinou est quelqu’un qui est dans le secteur. On se retrouve lors des séminaires et études. Je n’ai jamais mis pieds dans son cabinet.

Aviez-vous remis son contact à Emile Tégbénou et Guy Akplogan ?
Oui, il y avait une liste avec nous.

Et pourquoi vous les aviez orientés vers ces deux experts ?
Parce qu’ils ont demandé et disent qu’ils ne s’y connaissent pas.

Monsieur Ahizimè, en déposant, vous êtes revenu plusieurs fois sur le fait que le cas Icc-services, est un cas particulier. En quoi était-il un cas si particulier et vous insistez à le dire ?
J’ai dit que c’est particulier parce qu’il ne connaissait que l’épargne. Selon la première information que nous avions reçue, ils ont dit qu’ils faisaient la tontine, l’épargne et les microcrédits. Mais quand ils sont venus dans mon bureau ils avaient parlé de l’épargne. Ça fait la première particularité. La seconde particularité est que le taux était élevé. Voilà donc les deux particularités par rapport aux autres structures.

Est-ce que c’est au regard du flux d’argent que Icc était si particulier ?
Le montant qu’il drainait, moi, je ne le savais pas. Et c’est cela que je demandais comme information. Je ne l’ai reçu qu’en mars 2010.

Est-ce que c’est suite à vos premières alertes que le ministre a passé les deux communiqués ?
L’alerte est pratiquement permanente puisque le secteur est déjà envahi par beaucoup de structures qui ne sont pas enregistrées. Le regard est fixé sur Icc-service à cause des caractères particuliers que je viens de citer.

Je voudrais que monsieur Biaou réponde à cette question.
Merci monsieur le président, chaque fois qu’il y a des fiches ou projets de communiqués, c’est nous qui les préparons en réalité et on le soumet à la signature de l’autorité.

C’est donc une alerte qui portait sur Icc-service qui a amené ce communiqué mais général ?
La fiche de janvier 2009 était une alerte générale où on n’avait pas fait un focus sur Icc. C’est par rapport à la floraison des structures qui exerçait en marge de la réglementation. Il n’y avait donc pas un focus direct sur Icc avec l’avis de janvier 2009.

Monsieur Ahizimè, à quel moment les conseillers du chef de l’Etat vous ont-ils entretenu ?
C’est le 10 février 2010.

Quand vous aviez fait votre première alerte ciblée Icc à votre hiérarchie, vous aviez dit que c’était en mai 2009. Lorsque vous envoyez ce genre d’information à votre ministre des finances, est-ce qu’il remonte ces informations au gouvernement ?
Je ne peux pas le savoir.

Souleymane Chabi : « je n’ai eu aucune information concernant Icc Services »

Sur quelle période avez-vous été Directeur des services de liaison et de la documentation ?
J’ai été nommé Directeur des services de liaison et de la documentation par décret présidentiel, le 4 mai 2006. Je suis parti le 27 juillet 2008, à la veille des fêtes de l’indépendance à Parakou.

De 2006 à 2008, avez-vous connaissance de l’activité d’Icc-Services lorsque vous étiez à ce poste ?
Pas du tout, parce que je suis au nouveau service. Ce n’est pas la raison fondamentale. Mais, disons simplement que je n’ai pas du tout eu vent de cette activité qu’est Icc-services. J’ai fait 33 ans de service et je ne peux dire que la vérité ici.

Par quelle périodicité faites-vous des fiches de renseignement sur l’état de la Nation au Président de la République ?
C’est presque tous les jours M. le président. Selon les informations reçues, je le fais aussitôt. Puisque le renseignement est une denrée périssable.

Quels sont les champs que vous renseignez ?
Nous sommes intéressés par tout ce qui peut émouvoir le peuple. C’est toute question sensible qui pourrait amener des problèmes dans le pays. Tout ce qui peut compromettre la sécurité de l’Etat.

Comment Icc services a-t-elle pu échapper à votre compétence ?
Je ne peux pas le savoir, parce que je suis directeur. On couvre le pays généralement avec nos moyens. Je reçois les informations de mon personnel. Mon réseau personnel de renseignement peut me servir. Les autorités compétentes à divers niveaux peuvent me renseigner sur telle ou telle autre situation pour qu’on y voie clair. La hiérarchie même peut demander de vérifier une information. Et nous fouillons pour rendre compte. De toutes les informations, je n’ai eu aucune information concernant Icc Services

A ce poste, vous saviez que le Président de la République recevait les responsables d’Icc-services comme Guy Akplogan d’une manière ou d’une autre ?
Guy Akplogan ? Je ne le connais même. Je n’ai jamais entendu parler de lui.

Vous étiez tout de même compétent à votre poste.
Disons que je venais d’être nommé à ce poste. J’étais à la gendarmerie. C’est comme cela que j’ai rejoint le poste. Pour des renseignements fiables, il faut un bon réseau.

Mais, vous n’en avez pas
Il faut en faire. Parce qu’à des postes de responsabilités, il faut des gens qu’on connaît. Donc, il faut un réaménagement

Votre nomination était-elle fondée sur votre compétence ou sur l’amitié ?
Je suppose que c’est sur ma compétence

Après 2 ans d’exercice, vous n’avez pas idée d’une activité dénommée Icc Services ?
Non, c’est deux ans d’exercice. Mais je ne peux pas dire avec précision quand Icc Services a commencé ses activités. C’est pourquoi je disais qu’à ma prise de services, il fallait s’organiser. Et dans l’organisation, il faut asseoir un bon réseau de renseignement. Et ça prend du temps.

Est-ce que ce n’est pas le secret professionnel qui vous suit à ce point ?
Je dois dire ce que je sais. Je n’ai aucun secret professionnel. Mais c’est un service de Souveraineté nationale.

Reconnaissez-vous que les services de renseignements de la République du Bénin ont été défaillants de 2006 à 2008, en ce qui concerne l’affaire Icc-Services ?
Le problème des renseignements est un peu délicat. Autant que nous sommes dans nos familles, il peut y avoir une situation donnée sur laquelle nous avons un surnom mais on ne sait pas.

Je parle d’Icc-Services
C’est une anecdote. C’est le jour où maman et son enfant se querellent qu’on appelle papa pour lui dire ce qu’il en est. C’est pour dire que, tant que toute se passe normalement, on ne s’y intéresse pas vraiment. Mais dès qu’il y a des actes douteux, on va fouiller.

Vous avez constaté qu’Icc Services faisait des dons au nom du Chef de l’Etat. Ils allaient régulièrement au palais. Ces rencontres qui ont favorisé l’éclosion d’Icc Services ne vous ont-elles pas intéressé ?
Sans vous mentir, je n’ai jamais appris ces relations-là.

Je parle de la sécurité du Chef de l’Etat. Des gens qui vont lui rendre visite à la présidence, et à la maison pour aller prier. On fait des dons en son nom à grand renfort de presse. Et vous ne vous êtes pas intéressés pas à ces personnes pour voir ce qui se trame ?
Par rapport à ceux qui prient au domicile du Chef de l’Etat, nous avons essayé de les connaître. On connait ceux qui prient avec lui et leurs responsables. Et s’il y a des informations sur eux, on pouvait facilement leur mettre la main dessus.

Donc, vous connaissez ceux qui prient avec le Chef de l’Etat.
Je parle des évangéliques qui vont prier à son domicile.

Ils sont fichés dans le rang de ceux qui prient avec lui. On doit savoir parce que c’est de la sécurité qu’il s’agit.
On sait qu’ils sont avec lui.

Mais comment ne savez-vous pas que Tégbénou était de façon permanente avec le Chef de l’Etat ?
Vraiment ! Ça, je ne l’ai pas su. Je ne vais plus mentir à mon âge.

Donc, on peut conclure à la défaillance du service que vous avez géré de 2006 à 2008.
Je ne peux pas dire que je les connais. Eux-mêmes peuvent dire qu’ils ne me connaissent pas certainement.

Qui vous a succédé à ce poste ?
C’est le Colonel N’Dah Bio

En quelle année avez-vous entendu parler d’Icc Services ?
J’ai entendu parler d’Icc Services en fin 2009, début 2010.

Est-ce que vos successeurs sont à même de renseigner le Chef de l’Etat, au regard de l’ampleur que prenait Icc services dans le pays ?
Au Bénin, ce phénomène est connu de tous. C’est mon adjoint qui m’a remplacé.

Que voulez-vous dire par là ?
Cela veut dire je ne peux pas le suivre dans ses activités. Et en essayant d’aller vers des choses qui concernent le service, le Béninois peut commencer par s’interroger. Donc, je suis resté dans mon coin.

La cour ne vous demande pas de suivre votre successeur. Si vous étiez au poste, au regard de Icc services…
Si j’étais au poste, j’aurais entrepris les démarches qui me concernaient.

Quelles démarches ?
C’est voir plus clair en me demandant pourquoi c’est comme cela et pourquoi il y a des difficultés et je vais rendre compte.

En quelle année devriez-vous rendre compte au chef de l’Etat ?
Ça serait en 2009.

Votre successeur a fait correctement fait son travail. Déjà en 2009, le Chef serait renseigné.
M. le président, c’est difficile de répondre à sa place. Si c’était moi, c’est ce que je ferai. Aussitôt, je fais mes enquêtes et je rends compte.

M. le procureur spécial, la cour n’aurait plus souhaité entendre que l’autorité convoquée n’est pas venue. La cour demande de lui amener l’autorité qu’on fasse évoluer ce procès. Vous savez maintenant quoi faire au regard de ceux qui doivent être convoqués par vos soins.

M. Souleymane Chabi, vous avez été Directeur des services de liaison et de la documentation. Vous venez de déclarer à la Cour que vous adressez des fiches tous les jours au Chef de l’Etat et que vous recherchez ce qui peut émouvoir la population. Comment se fait-il que, de 2006 à 2008, vous n’avez pas pu savoir que Icc- services et d’autres structures faisaient entre autres activités, une activité qui pourrait émouvoir la population ?
En qualité de Directeur, ce n’est pas moi qui sors pour aller chercher l’information. J’ai des réseaux personnels. J’ai mon personnel. Il peut y avoir d’autres amis qui sont au courant de certaines choses et qui s’approchent de moi et en parlent. Mais tant que je n’ai pas eu cette information, je ne peux absolument rien faire. C’est pourquoi j’ai donné l’anecdote de la famille, à plus forte raison la Nation.

Est-ce que votre service des renseignements attend le crash avant de rechercher les informations ?
Ça ne se fait pas comme cela. On n’attend pas le crash. Quand on a l’information, on peut creuser, parce que dans notre travail, il faut pouvoir dire la vérité aux gens. C’est pourquoi quand c’est sérieux, et que des responsables nous filent des informations à l’oreille, on peut creuser. Tant qu’on n’a pas eu ces informations, c’est difficile.

Il faut flairer comme des chiens renifleurs pour détecter la drogue. Comment les services de renseignements n’ont-ils pas flairé Icc- Services afin de mettre la main sur les auteurs ?
C’est normal que vous posiez la question de mille manières. Je servirai la même réponse. Je ne peux pas me mettre à la place de mes éléments. Mais ce que je fais, c’est ce que je dis : ‘’Je ne suis pas content. Je veux que vous fassiez ceci ou cela’’. Mais quand vous n’avez l’information, vous ne pouvez rien.

Est-ce à dire que vos services ont été défaillants, parce qu’ils n’ont pas su bien flairer ?
Je reviens à la réponse suivante. Je donne encore une anecdote. Il y a une famille dans laquelle le père dit qu’il ne veut pas du tout manger du cube. Mais la femme, quant à elle, prépare toujours avec du cube. Elle donne un nom à ce cube. Elle demande à sa fille d’aller lui prendre le cube dont elle a donné le nom. Ensuite, elle prépare à manger au père de famille. C’est le jour où le père découvre enfin la vérité qu’il réagit violemment. Voilà le problème. On ne peut pas avoir toujours ce qu’on veut. Moi, en tant que directeur des services des renseignements, je veux être le premier à qui on dit que mon renseignement est fort. Le procureur m’a demandé tantôt si je reconnais que mon service est défaillant. Oui. Je n’ai pas fait ce qu’ils veulent. Et je vais dire le contraire ? Mais ce n’est pas à moi de vouloir ne pas faire en sorte que mon service ne soit pas défaillant. En étant à ce niveau, c’est tout faire pour qu’on dise que ce monsieur est compétent. On travaille en synergie et je ne suis pas à la base. Même si j’étais à base, je peux être comme mes éléments. Dans ce cas, je ne peux pas dire que mes services ont été défaillants.

La cour a retenu qu’entre 2006 et 2008, Icc Services était à son stade vraiment embryonnaire. Vos successeurs auront donc des choses à dire à ce propos.

Michel Alokpo : « Je sais qu’il y a eu complicité entre Sogbossi Guillaume, Tégbénou et le ministre Zinzindohoué »

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Déclinez votre identité
Michel Alokpo, juriste consultant, ancien greffier et ancien chargé de mission du Ministre de l’intérieur.

De quel ministre ?
Armand Zinzindohoué

Quelle était la durée de votre service ?
C’était de 2009 à… j’ai continué mon rôle jusqu’en 2016 avec d’autres ministres.

Est-ce qu’au moment où vous occupiez ce poste, vous aviez eu connaissance d’Icc-services ?
Merci monsieur le président, j’ai été invité par mon ministre parce qu’il a reçu une carte d’invitation pour assister à la cérémonie d’inauguration d’une église construite par Tégbénou à Malawi. C’est là où j’ai connu pour la première fois Tégbénou. À la fin de la cérémonie, mon ministre nous a dit de l’accompagner chez Tégbénou pour un repas. Et donc c’est chez lui que nous avions pris le repas. Moi je ne sais plus rien de la relation qui lie Tégbénou au ministre Zinzindohoué. Ce que j’ai observé c’est que, après cette inauguration, il y a eu une autre inauguration qui a eu lieu à Akassato. C’est l’inauguration d’un château d’eau mais moi j’ai refusé de participer.

Mais pourquoi aviez-vous refusez de participer ?
Parce-que j’ai suspecté la relation entre Tégbénou, le ministre Zinzindohoué et le pasteur Sogbossi Guillaume. Leur relation m’a paru suspecte parce que presque chaque semaine, je rencontre Tégbénou et le pasteur dans le cabinet du ministre. En tant que chargé de mission, je n’ai jamais été sollicité pour assister à leurs rencontres. Le Chef de l’Etat nous a invité un jour au Palais, j’étais à Abidjan quand on m’a demandé de descendre en urgence parce-que le chef de l’État aurait besoin de moi. Je suis descendu le dimanche et on m’a dit de passer au palais le lendemain. C’est ce jour que j’ai su qu’il y a eu un problème concernant Icc-services. Sinon je n’en savais rien. Mais j’ai constaté quelques liaisons de mon ministre avec Icc-services parce-que j’ai vu un jour dans son bureau des calendriers. Il discutait avec le cousin de l’ex-Président de la République Abdel Abou Salomon. Sur le calendrier, j’ai vu la photo du Président de la République d’alors et de Tégbénou. Comme Je n’étais pas concerné, je suis sorti du bureau. Quand on a été reçu par le Président, il nous disait qu’il y a un problème avec Icc-services. Il y avait beaucoup de cadres et de proches du Président qui étaient présents ce jour. Moi j’étais choqué d’apprendre une histoire de ce genre. Le Président a demandé à la garde républicaine de nous conduire tous à la gendarmerie pour être écoutés. J’ai dit au Président que je n’étais pas d’accord parce que je ne sais pas ce que j’ai fait dans ce dossier. Je ne connais rien de ce dossier. C’est ainsi qu’il a dit « Mr Michel, vous ne faites pas partie du groupe ». Mais quelques jours après, je retrouve mon nom dans les journaux et sur les réseaux sociaux, soit disant que j’ai fui le pays, que je suis recherché par la Police et que je suis complice dans l’affaire Icc-services. Quelques mois plus tard, l’Assemblée nationale a évoqué le dossier et l’He Candide Azannaï a tiré à boulets rouges sur moi en pleine plénière me dénonçant comme complice dans cette affaire. Je suis allé à Canal 3 pour demander un droit de réponse et je lui ai répondu. C’est à la suite de ça que j’ai vu une publication. Je suis parti parce que le président faisait tellement pression sur moi. Au regard de ma relation avec monsieur Zinzindohoué, il a du mal à comprendre que je ne sois pas complice dans ce dossier. Suite aux informations qui circulaient sur les réseaux sociaux, j’ai dit au président que j’allais faire une conférence de presse pour dénoncer ce que je connais. C’est ainsi que j’ai organisé une conférence de presse en présence du colonel Zannou qui est un haut dignitaire de l’église où j’ai révélé à l’opinion publique que je ne suis pas complice dans le dossier Icc-services. J’ai dénoncé certaines choses que j’ai vues de la liaison de Tégbénou et du pasteur Guillaume Sogbossi. C’est moi qui suis parti devant la commission pour demander à ce qu’on écoute le pasteur Sogbossi parce que c’est lui qui a mis en contact Tégbénou et le ministre Zinzindohoué. Ils viennent fréquemment dans le cabinet du ministre. Moi je n’ai eu vent d’Icc-services que le jour où le président m’a reçu en présence de Zinzindohoué. Je lui ai répété les mêmes choses à propos de l’autorisation de port d’arme qu’il a délivré. C’est devant moi que le président lui a dit qu’il ne fera plus partie de son gouvernement. C’est comme ça il a été limogé. Pour ma part, je voudrais que la cour confronte Abdel Abou, Sogbossi Guillaume et Zinzindohoué pour avoir la lumière sur le dossier. J’ai eu une partie du rapport de la commission qui a été publié dans les journaux. Je vous prie de m’écouter. C’est juste quelques lignes. Je vais éclairer la cour par rapport à ce que j’ai lu dans ce document. Il y a eu une confrontation entre le ministre Zinzindohoué, Sogbossi et Tégbénou.

C’est quelle commission ?
La commission nationale d’enquête. Ma déclaration est ici. Celle des gardes corps du ministre est ici, la déclaration de Tégbénou aussi. Moi j’ai eu à dire que dans le rapport, il y a plusieurs révélations qui ne ressortent pas encore à la Criet. Donc en deux paragraphes, je peux faire lecture pour vous élucider monsieur le président. C’est par rapport aux faits reprochés à Armand Zinzindohoué à propos des libéralités que lui-même recevait de son ami Tégbénou. Il dit avoir bénéficié d’une série de dons qui s’élèvent à 23.750.000 Fcfa en plus d’autres matériels tels qu’un poste téléviseur écran plasma, deux smartphones, deux guitares, deux trompettes, un microphone pour son église, c’est-à-dire l’église de Zinzindohoué. Il précisa par ailleurs que dans le cadre de ses activités, Icc-services reste devoir à son église une somme de 57.625.000 Fcfa. Enfin, il a précisé qu’à leur première rencontre, Tégbénou a été présenté au ministre comme promoteur d’une Ong d’œuvre sociale et charitable. Face à ses déclarations, la commission de la police judiciaire a confronté Sogbossi Guillaume, Tégbénou et le ministre Zinzindohoué. À cette confrontation, Tégbénou a indiqué qu’en ce qui concerne le ministre Zinzindohoué, il ne peut apporter aucune preuve matérielle de ses allégations. Il a aussi précisé qu’il ne peut vouloir aider quelqu’un et exigé de lui une reconnaissance matérielle et qu’ils sont tous deux pasteurs et donc il n’a aucun intérêt à lui nuire. Quant à la relation avec Sogbossi, il déclare avoir fait la connaissance de ce dernier dans le cadre de ses activités de placement d’argent. Donc Sogbossi était le représentant de Tégbénou dans les églises de l’Ouémé et du Plateau. Il a mobilisé les églises à déposer beaucoup d’argent dans Icc-services. Tégbénou a affirmé avoir menti lors de sa première déclaration en indiquant avoir remis seulement 20 millions au ministre Zinzindohoué. Il reconnaît effectivement que la totalité des sous remis au ministre fait 52 millions Fcfa et non 23 millions comme le ministre lui-même l’a dit. En substance, le rapport entre le pasteur Sogbossi Guillaume, l’ex ministre de l’intérieur et de la sécurité publique et Tégbénou relève d’une complicité. Ils doivent être en mesure de dire la vérité dans le dossier Icc-services. J’ai demandé une autorisation de port d’arme à mon ministre en 2009 au cours de la même période où Tégbénou a obtenu son autorisation. Je n’ai pas reçu la mienne. Le maire Gbèdan a demandé une autorisation de port d’arme dans la même période en 2009, mais lui non plus n’a pas reçu son autorisation. Moi j’étais scandalisé d’apprendre qu’un entrepreneur a reçu un permis de port d’arme. Estimons que c’est sous le couvert du rapport de moralité, pour dire qu’on a signé l’autorisation du permis de port d’arme. On sait ce que valent les rapports de moralité dans ce pays. Monsieur le président, j’ai dénoncé dans ce pays les irrégularités qui se font sous le ministre Zinzindohoué. Je l’ai affronté plusieurs fois sur les récépissés qu’il délivre aux églises sans enquête de moralité. J’ai publié la liste de plus de 7 grandes églises qui constituent une source d’insécurité, juste parce qu’on veut aller en campagne. Pour qui ? Je ne sais pas. On délivre des récépissés en désordre. L’enquête de moralité s’achète aujourd’hui. Je l’ai dit dans le document que j’ai publié.

Donc vous estimez que le ministre a été corrompu ?
Monsieur le président, au vu de ce que j’ai déclaré, c’est à la cour de tirer les conséquences de droit. Je ne suis pas là pour accuser mais plutôt pour révéler les aspects d’Icc-services dont j’ai connaissance afin de permettre à la cour d’apprécier. Mais je sais qu’il y a eu complicité entre Sogbossi Guillaume, Tégbénou et le ministre Zinzindohoué.

Monsieur Alokpo, vous semblez profité malencontreusement de cette tribune pour mettre à la surface votre divergence avec votre ministre d’alors et son entourage. Ce n’est pas l’objectif de votre présence ici. Pouviez nous nous dire ce que vous saviez d’Icc-services de votre position de chargé de mission ? Vous n’êtes pas venu dire à la cour ce qu’elle doit faire pour atteindre la vérité. La cour le sait et vous remercie au passage. Mais c’est à vous de nous révéler ce qu’il y a dans la complicité de Sogbossi, Tégbénou et Zinzindohoué. Si vous ne le savez pas, ce n’est pas la peine de continuer avec vos histoires.
Monsieur le président, je suis observateur dans ce dossier Icc-service. Je ne suis pas un témoin des faits. J’ai eu à observer certains comportements de Tégbénou, Guillaume Sogbossi et Armand Zinzindohoué dans le cadre de cette affaire. Tégbénou et Guy Akplogan sont là. Je ne suis pas en contact avec eux. On ne s’est jamais rencontrés pour parler d’Icc-services. Je suis un simple observateur. Je suis venu déclarer que ce j’ai su et vu.

Monsieur Alokpo, vous venez de faire votre déclaration. Au ministère de l’intérieur, combien de fois avez-vous représenté le ministre Zinzindohoué auprès d’Icc-services ?
(Rires) il ne pouvait pas m’inviter à le représenter devant Icc-services. J’ai dit que nous étions allés a Malawi pour inaugurer l’église de Tégbénou et ceci dans le cadre de sa société Snab. Je n’ai eu vent d’Icc-services que lorsque le chef de l’Etat nous a invités au palais pour nous narrer les faits. Je n’ai jamais représenté le ministre Zinzindohoué. On s’est retrouvés chez Guy Akplogan avec le chef de l’Etat avec une forte délégation en vue d’aller saluer le pasteur Agbaossi qui était malade, en présence de Zannou. Cependant, nous n’avons pas parlé d’Icc services. Mon ministre était là ce jour. Il sait que je n’aime pas le faux et que je ne m’y mêle pas. C’est pourquoi il m’a caché les informations relatives à cette affaire.

Participiez-vous aux séances de prière qui avaient lieu au domicile du chef de l’Etat ?
C’est moi qui les présidais

À quelle séance de prière Tégbénou était constamment présent. Vous l’avez-vu ?
C’est faux monsieur le Président. Je ne l’ai vu qu’une seule fois. Quand ils sont arrivés, ils sont restés derrière. Mais je ne saurais dire qui les avait invités au domicile du chef de l’Etat car avant d’y aller, on fait une liste que je devais valider avec les policiers. C’est sûr que c’est par un parent du président qu’ils ont pu avoir accès au domicile. À la fin du culte, le président n’est pas descendu. Ils sont restés, moi je suis parti. Après j’ai appris qu’ils ont tout fait pour rencontrer le chef de l’Etat mais il n’était point descendu. C’est la seule fois que je les y ai vus et c’était un dimanche. Les jours ordinaires, il y a des séances de prières avec un nombre restreint. Je pense qu’Abou peut aussi témoigner.

Vous ne l’aviez donc vu qu’une seule fois, alors qu’il a déclaré être allé prier plusieurs fois au domicile du chef de l’Etat.
Au domicile du Président, la prière ne se fait qu’entre nous évangéliques. Il n’y a pas de rapport entre célestes et évangéliques pour les prières qui se font chez le Président. Ça a été bizarre de les retrouver au domicile du Président de la République ce jour. On n’accepte pas n’importe qui. Ce sont les pasteurs qui viennent avec les parents naturels du Président.

Ce n’est pas l’œcuménisme ?
Non

Emile Tégbénou : « à la fin de la prière, Alokpo a dit voici nos amis de Icc-services »

Combien de fois êtes-vous allés prier au domicile du chef de l’Etat ?
Je suis allé là-bas un nombre incomptable de fois. Le jour où nous y avons rencontré le pasteur Michel Alokpo, il a tenu un certain nombre de propos que peuvent rapporter ici, avec la permission du procureur, le dg Dohou ou Guy Akplogan pour que ce ne soit pas moi qui les dise.

Rappelez-les nous.
À la fin de la prière, Alokpo a dit voici nos amis de Icc-services. À ladite rencontre, nous étions assis juste un peu derrière et le chef de l’Etat était là. Je ne sais pourquoi on ne peut pas dire la vérité.

Guy Akplogan, prononcez-vous sur la question.
Je confirme les propos de Tégbénou. Toutes les fois que le chef de l’Etat a voulu nous présenter à ses collaborateurs, il a toujours dit : « voici nos amis de Icc services ».

Depuis quelle année ?
Depuis 2009.

Témoignage de Dohou
J’ajoute que lorsque le pasteur Michel Alokpo a déclaré qu’il ne nous a rencontrés qu’à cette seule occasion, c’est faux. À une fête organisée par une paroisse évangélique à Zogbo, j’étais à la même table que lui. Lorsqu’il a pris le micro ce jour-là, il a laissé entendre : « voilà les promoteurs de Icc services qui comblent le vide créé par le gouvernement ». J’en ai rendu compte à Akplogan.

Monsieur Alokpo, avez-vous entendu ce qu’ils viennent de dire ?
Oui, j’ai entendu. C’est du faux et du mensonge. Qui veut abattre son chien l’accuse de rage. J’ai dit avoir rencontré Tégbénou pour la première fois à l’inauguration de son église. Je n’étais pas à l’inauguration du château qu’ils ont construit. Nous ne nous connaissions point. C’est vrai que quelques rares fois, quand il y a actions de grâces dans une église, on va rendre grâces avec le ministre et une forte délégation. Comment pouvions-nous le repérer à une occasion d’actions de grâces jusqu’à le présenter aux gens. Moi, je ne connaissais pas Icc-services jusqu’au jour où le chef de l’Etat nous a invités au palais pour nous en parler. Honnêtement, ils n’ont qu’à apporter la preuve qu’ils sont allés plusieurs fois au domicile du président de la République. Je précise qu’il est important qu’Abou soit là dire la vérité car il est leur bras droit.

Alokpo, avez-vous participé à la fête des femmes au palais ?
Je ne suis jamais allé aux mouvements organisés par les proches du président, même pas aux regroupements chrétiens. Il y a eu plusieurs rencontres organisées par la fille d’Abou. J’aurais appris qu’elles auraient été financées par Tégbénou mais je n’y ai jamais participé.

Vous aviez appris que ces mouvements avaient été financés par Tégbénou.
Oui.

A hauteur de combien ?
C’était chaque fois 10 millions. Il n’en donne pas moins. Il a beaucoup d’argent.

Vous êtes le chargé de mission. Que savez-vous des libéralités du groupe Icc services à l’égard de votre ministre ?
Tout est dit dans le rapport de la commission. C’est là où j’ai eu les informations figurant dans ce document. En plus, le garde-corps de Tégbénou qui l’accompagne chaque fois au cabinet du ministre a révélé dans les rapports d’enquêtes que c’est lui qui portait la mallette de sous versés à Zinzindohoué. Dans ce rapport que je viens de lire, il est alors évident que Tégbénou reconnaît avoir remis au ministre Zinzindohoué 52 millions. Je ne sais quand l’argent lui a été remis ni comment il s’en sert. Il ne m’en a jamais informé. C’est toujours par chance que je suis tombé sur eux lors de leurs différentes rencontres dans son cabinet.

Vous étiez au cœur de l’appareil d’Etat au moment des faits. Pouvez-vous nous dire à quelle hauteur Icc-services a contribué au fonctionnement de la real politique ?
Je ne saurais le dire. J’aurais appris que la plupart de ceux qu’on a enfermés auraient remboursé une partie des fonds que Tégbénou leur a donnés. Quand on prend par exemple le chef matériel de la présidence, il a dit que Tégbénou lui a offert 2 millions à l’occasion du décès de sa mère et 2 millions lors du décès de son père. C’est ainsi que j’ai eu les informations. Nombre de ceux qui ont reçu de l’argent de Tégbénou ont pour la plupart reconnu et versé les sous. Mais je ne peux chiffrer combien c’est. Néanmoins, je sais qu’il a investi beaucoup d’argent dans cette histoire dans l’intention d’obtenir son agrément.

Peut-on donc dire qu’Icc a financé les divers mouvements politiques au moment des faits ?
Est-ce que je peux affirmer que ce sont des mouvements politiques ? Ce sont des mouvements de femmes chrétiennes et non des mouvements politiques. Le président a eu confiance en sa nièce et il donnait de l’argent à certaines dames.

Tégbénou : « Je n’ai pas donné d’argent au ministre directement pour obtenir quelque chose de lui »

Vous avez entendu Michel Alokpo dire que vous avez reconnu dans un procès-verbal avoir donné de l’agent tantôt chiffré à 53 millions, ramenés à 20 millions et remis à Zinzindohoué.
Monsieur le Président, cette déclaration est fausse. Par rapport à toutes mes déclarations faites ici, on m’a déjà interpellé au Palais quand mon garde du corps avait tout dit. Je me rappelle bien que c’était Tanifiani Chabi qui enregistrait les choses. Je confirmais ce que je connaissais. C’est ainsi que la commission m’a encore posé les mêmes questions. Je ne peux pas mentir. Je ne peux dire ce que je n’ai pas donné. On s’est beaucoup donné pour avoir l’agrément. Mais je ne peux pas confirmer ce que je n’ai pas fait. En 2013, quand j’étais à Natitingou, on m’avait faite venir à Cotonou pour une confrontation entre Sogbossi, Zinzindohoué et moi. J’ai encore tout clarifié sur ce que je connais du ministre Zinzindohoué à la chambre d’accusation. Il y a des choses qu’on m’a demandées sous pression pour que j’accepte ce que je n’ai pas fait et confirmé.

Au total vous avez donné combien au ministre Zinzindohoué ?
Je me rappelle qu’on discutait d’un calendrier que je voulais partager à la plage quand il m’a dit qu’il allait m’aider à faire venir ça. C’est moi qui avais fabriqué ces calendriers contenant la photo de notre révérend Feu Agbaossi. En dehors de ça, je n’ai pas donné d’argent au ministre directement pour avoir quelque chose de lui. C’est le pasteur Guillaume Sogbossi qui m’avait conduit chez le ministre par rapport à l’inauguration du château d’eau que j’avais construit.

Monsieur Tégbénou, est ce que vous confirmez la déposition faite par Michel Alokpo concernant la confection par vous de calendriers montrant votre photo et celle du Chef de l’Etat ?
J’ai déjà dit ici qu’il y a un calendrier pour lequel que Abou Yayi était venu me voir. J’ai commandé ça à Thiburce Adagbè.

Est-ce que vous confirmez cela ?
Oui je confirme ça

A-t-il dit la vérité donc à ce niveau ?
Oui

Vous avez fait confectionner aussi un pagne, avec du vin et du champagne
Oui monsieur le Président

Monsieur Alokpo Michel
Ce document est de la commission d’enquête. Je prie monsieur le Président de vérifier dans les rapports d’enquête ces déclarations. Je ne suis pas le seul à y faire une déclaration. Les chauffeurs du Ministre Zinzindohoué, les gardes du corps ont déposé dans ce Procès-verbal. Il a même dit avoir menti dans un premier temps.

Comment se fait-il qu’un PV d’enquête préliminaire se retrouve dans un journal ?
Je l’explique. J’avais dit que c’était quand l’Assemblée Nationale s’était saisi du dossier, les députés ont tous eu une copie du rapport de la commission d’enquête. Et sur cette base, j’ai été indexé par l’honorable Candide Azannaï en plénière. C’est à la suite de cela que les journaux ont publié ce document. C’est sur cette base que j’ai contrecarré Azannaï devant les juges.

Monsieur Alokpo, connaissez-vous Latifou Fataï ?
Non...

Qui avait fait la prison civile d’Apro-Missérété ?
Non...

Qui a failli vous escroquer pour 70 millions de franc CFA pour la vente de véhicule ?
Ah non, ce n’est pas moi.

Vous ne vous êtes pas rendu à la prison d’Apro-Missérété avec l’argent en sacs de jute ?
Non, monsieur le président, ce n’est pas moi.

Monsieur Alokpo vient de dire que c’est lui qui préside les réunions de prières chez le Président Thomas Boni Yayi et que ce jour-là, le Président n’était pas descendu. Chose curieuse, comment le Président peut être en haut et suivre une prière en bas. En plus, par la suite, lui est parti et après il apprend que ceux qu’il ne connaît pas ont tenté en vain de rencontrer le Chef de l’État. Qui le lui a dit et quel intérêt cette personne a à le lui dire ?
Vous saviez, quand cette histoire a explosé, le chef de l’État était dans tous ces états. Au fur et à mesure que les enquêtes évoluaient, on a le retour. Abou devant le chef de l’Etat confirme les faits. Les gardes du corps ont eux aussi confirmé les faits. Le chef de l’Etat n’est pas descendu. Ce n’est pas tous les dimanches. Quand il rentre très tard ou quand il va en conseil des ministres, il ne descend pas. Après notre prière, tantôt, il descend pour nous saluer et part. Ce jour-là, il n’était pas descendu.


La rédaction


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