La situation sociopolitique et économique du Bénin devient critique, pour ne pas dire dramatique. Plus personne ne doit se taire sur la question. Les anciens présidents du Bénin l'ont enfin compris, pour avoir entrepris des concertations. Emile Derlin Zinsou, Nicéphore Soglo et Mathieu Kérékou sont décidés à placer leur mot dans le tumultueux débat national. Pour la cause, ils se sont retrouvés ce weekend dans les filaos du Général Mathieu Kérékou où ils ont confronté leurs divers points de vue sur les sujets qui font actuellement grand bruit au Bénin. Les trois anciens président de la République du Bénin, en tout cas ceux qui vivent encore, se sont évertués dans une grande sagesse à harmoniser leurs visions de sorte à formuler des recommandations et conseils qu'ils verseront au locataire actuel du Palais dans la Marina.
Sur la forme, la démarche des anciens présidents qui témoigne d'ailleurs de leur modération et de leur grande sagesse est à priori irréprochable. Pour avoir été aussi aux affaires, Emile Derlin Zinsou, Nicéphore Soglo et Mathieu Kérékou portent les voix les plus autorisées pour critiquer le régime en place>
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Sauf que dans le fond, la même démarche soulève une équivoque qui appelle à réflexion. En effet, la légitimité de l'un des trois anciens chefs d'Etat béninois qui veulent apporter un coup de main à leur jeune successeur fait objet de polémiques. Le locataire de l'hôtel de vile de Cotonou, puisque c'est de lui qu'il s'agit, est soumis à une question de droit. De sa position de président d'honneur de la Renaissance du Bénin, un parti politique en délicatesse avec le régime en place et de maire de la ville de Cotonou, une municipalité dont les rivalités avec le pouvoir ne font l'objet d'aucune ambigüité, Nicéphore Soglo saura t-il se montrer impartial et objectif dans ses prises de positions ? La perplexité des observateurs se résume bien en ce questionnement.
Vu sous un autre angle, l'ébauche des anciens présidents de la République se révèle comme un test pour Boni Yayi qui est appelé à rendre à ceux qui y ont été avant lui tout, l'honneur qu'ils méritent. Au-delà des simples discours d'hommages et autres formes de civilité, le président actuel pourra-t-il se soumettre à ses ainés qui ont fait délibérément l'option de le sortir du gouffre ? Toutefois, Boni Yayi que l'on connait pour sa petite capacité d'écoute et de concertation a tout intérêt à saisir cette ultime occasion qui s'offre à lui. Pour sortir le Bénin du précipice dans le quel il s'enfonce de jours en jours, l'actuel locataire du palais de la Marina devra donc se montrer plus coulant. Une tolérance qui passera inévitablement par une renonciation à son mode classique de gestion basé sur " Le moi ".
Le Bénin va mal, très mal. Dieu même le sait. Il est donc, on ne peut plus impérieux de prendre les mesures qui s'imposent afin d'offrir aux Béninois et mieux-être. Alors que notre système démocratique saigne encore sous le coup de l'irrespect des échéances électorales, la classe sociale, tous corps confondus, continue de bougonner, parce que réclamant de meilleures conditions de vie et de travail. La morosité de la vie politique se totalise peu à peu alors que les acteurs politiques se laissent aller à une crise de défiance motivée par une tentative de révision forcée de la Constitution. En clair, rien n'est tout rose dans le pays autrefois gouverné par Emile Derlin Zinsou, Nicéphore Soglo et Mathieu Kérékou. Ceux-ci veulent donc sauver l'héritage qu'ils ont laissé à Boni Yayi qui, à son tour, devra se montrer bon élève. Puisque la contribution du proclamé " homme d'Etat " Adrien Houngbédji n'a pu apporter quelques chose, attendons de voir ce qu'il en sera de la touche de ceux qu'on ose encore appeler " doyens ".