Difficile de croire que le Bénin est un pays démocratique quand on se réfère à la pagaille organisée dans le pays par les distributeurs agréés des produits de la Société béninoise de brasserie (Sobébra). Depuis quelques jours en effet, ces grossistes ont unilatéralement procédé à une hausse des prix d’acquisition des caisses de boissons, communément appelés casiers. Non contents de cette situation, ces distributeurs agréés, sensés se cantonner uniquement à leur rôle de grossistes, se sont transformés en semi-grossistes et en détaillants. Des décisions qui ont assurément d’énormes répercussions sur l’économie nationale et sur le quotidien de plusieurs millions de béninois. Et tout cela se passe à quelques semaines des élections législatives sous le regard passif ou complice du Ministre du Commerce, Serge Ahissou.
Le Ministère de l’Industrie et du Commerce semble être l’un des portefeuilles les plus difficiles à gérer dans le Gouvernement de Patrice Talon. Connu pour ses compétences avérées en matière de gestion, l’ancien Ministre Lazare Sèhouéto s’était particulièrement distingué par son incapacité à tenir les secteurs relevant de son département ministériel. Conséquence immédiate, il fut remercié sans surprise à la première occasion. Son successeur, Serge Ahissou, semble marcher dans les pas de son transparent prédécesseur. C’est du moins ce qu’on peut penser face à sa passivité devant le désordre qui règne actuellement dans le marché de la distribution des produits de la Sobébra. Une passivité que certains acteurs du système prennent comme une complicité passive et en appellent à l’intervention de leur Président Patrice Talon.
Les distributeurs agrées des produits de la Sobébra ont décidé de procéder à une augmentation des prix des casiers de boissons. Cette mesure a été prise clandestinement et sans informer les autorités du Ministère du Commerce. Si la hausse des prix des biens et services répond en général à une logique économique, la décision des distributeurs agréés relève d’une pure fantaisie pour détruire le commerce de proximité et ternir l’image du Président de la République auprès des populations.
Les conséquences de cette augmentation se revèlent dès les premiers jours déjà dramatiques et ne peuvent qu’aller de mal en pire dans les semaines à venir. Non seulement les agréés revoient les prix à la hausse, mais ils se sont également lancés dans le commerce de demi-gros et de détail. C’est comme ci celui qui vous fournit, donc fait déjà un bénéfice sur vous, décide soudainement de venir mettre son étalage à côté du vôtre et de vendre moins cher. L’effet immédiat de cette situation est la fermeture de plusieurs milliers de mini-dépôts qui revendaient leurs produits après s’être approvisionnés chez les agréés. Les responsables de ces mini-dépôts envisagent déjà de mettre la clé sous la porte avec des licenciements massifs de personnel.
Sur un autre plan, cette hausse a été répercutée sur les consommateurs. Dans tous les bars et restaurants du pays, les promoteurs, en vue de faire face à cette situation, ont procédé à une augmentation des prix des boissons. Les clients grognent logiquement contre cette situation surtout que la Sobébra affirme n’avoir procédé à aucun ajustement de ses prix.
Dans un pays démocratique comme le Bénin, de simples individus peuvent donc se lever et influer de façon fantaisiste sur le marché de consommation, prenant ainsi en otage la vie de plusieurs millions de personnes. Et cela sans la moindre réaction des autorités en charge de la régulation du secteur commercial. Une indifférence qui a tout l’air d’un sabotage du régime de Patrice Talon à quelques semaines des élections législatives.