La Banque africaine de développement (Bad) a rendu public son Rapport 2019 sur les perspectives économiques en Afrique, jeudi dernier. Ce rapport mentionne que les perspectives de croissance économique du Bénin sont bonnes, mais restent vulnérables aux chocs extérieurs. Il souligne également que la croissance du Produit intérieur brut (Pib) réel devrait être de 6,3 % en 2019 et de 6,8 % en 2020.
Les principaux défis pour le Bénin en 2019 sont la diversification des exportations et la modernisation des services commerciaux et de transport. C’est l’un des aspects soulignés par le Rapport de la Banque africaine de développement (Bad) publié jeudi dernier sur les perspectives économiques en 2019.
Selon le rapport, la croissance du Produit intérieur brut (Pib) réel a été estimée à 6,0 % en 2018, contre 5,4 % en 2017, en raison des bonnes performances de l’agriculture, en particulier du coton (+5,6 %). Pour ce qui concerne le secteur industriel, il est de +6,7 %, tiré par les usines d’égrenage (+18 %) et du secteur du bâtiment et travaux publics (+8,5 %). Le secteur des services a progressé de 7,5 % grâce au dynamisme des transports, des postes et des télécommunications (+10,6 %), des banques et autres institutions financières (+9,5 %), du commerce et des industries alimentaire et hôtelière (+6,9 %).
Du côté de la demande, le document souligne que la croissance a été tirée principalement par la consommation finale (+3,6 %). Le déficit commercial, quant à lui, s’est légèrement réduit, passant de 9,1 % du Pib en 2017 à 8,3 % en 2018.
Le déficit budgétaire, les dons compris, a été ramené à 4,7 % du Produit intérieur brut en 2018, contre 5,9 % en 2017, grâce à la mobilisation des recettes (1,2 % du Pib) et à la réduction des dépenses courantes. La dette intérieure (60% de la dette publique totale) représentait 30,9 % du Pib et le risque de surendettement est passé de faible à modéré. Le Bénin mène une politique monétaire commune mise en place par la Banque centrale des États de l’Afrique de l’Ouest.
Facteurs positifs et négatifs
Quant aux perspectives relatives aux facteurs positifs et négatifs, le rapport de la Bad indique que la croissance du Pib réel devrait être de 6,3 % en 2019 et de 6,8 % en 2020. La croissance du secteur de l’extraction de matières premières devrait atteindre 5,7 % en 2019, tirée principalement par le secteur du coton. La croissance industrielle devrait augmenter de 13,3 % en 2019, grâce aux secteurs du bâtiment et des travaux publics (croissance de 25 %) et de l’électricité et de l’eau, qui devraient croître de 8 % lorsque la centrale électrique de Maria-Gléta de 120 MW entrera en production. Le déficit budgétaire devrait se stabiliser à 2,6 % du Pib en 2019 et à 1,9 % en 2020. La dette publique totale devrait tomber à 53 3 % du Pib en 2019 et 48,9 % en 2020.
Dans le cadre du Plan stratégique de développement du secteur agricole 2017-2025 et du Plan national d’investissement agricole, de sécurité alimentaire et nutritionnelle 2017-2021, sept pôles de développement agricole ont été créés en 2017. La stratégie de promotion de plusieurs sous-secteurs – maïs, riz, coton, noix de cajou, manioc et ananas – se poursuit.
Les procédures de création d’entreprises se sont améliorées. Les réformes du secteur de l’électricité engagées en 2016 devraient améliorer la gouvernance et doubler la capacité installée à
500 MW d’ici 2021. Le taux brut de scolarisation a été estimé à 124,82 % en 2015, et la mise en œuvre de la Politique nationale de l’éducation 2018-2021 devrait améliorer les performance dans le secteur.
Membre de l’Union africaine, de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) et de l’Union économique et monétaire ouest-africaine (Uemoa), le Bénin est fortement intégré au marché régional. Soixante-dix pour cent (70 %) des exportations du pays sont destinées à l’espace Cedeao (principalement le Nigeria). Cependant, les opportunités commerciales régionales ont été réduites depuis 2015 en raison des réformes économiques au Nigeria. Ces réformes ont supprimé les subventions du secteur pétrolier et gazier et interdit la réexportation de riz, de voitures et de vêtements usagés.
Le port de Cotonou reste, selon le Rapport, un couloir de transit pour les pays de l’hinterland comme le Burkina Faso, le Mali et le Niger.
En général, note le document, les perspectives de croissance économique sont bonnes pour le Bénin, mais restent vulnérables aux chocs extérieurs, en particulier les pluies, les prix mondiaux du coton et du pétrole, et l’évolution de la situation économique du Nigéria.
Les trois domaines pris en compte par le Rapport
L’édition 2019 du rapport est axée sur trois domaines : les performances et les perspectives macroéconomiques de l’Afrique?; l’emploi, la croissance et le dynamisme des entreprises?; et les mesures d’intégration en faveur de la prospérité économique de l’Afrique. Même s’il y a une hausse de la dette publique en Afrique, précise le Rapport, «?il n’existe aucun risque systémique de crise de la dette?». Et, au vu de la croissance de sa population active aujourd’hui, l’Afrique doit créer quelque 12 millions d’emplois nouveaux chaque année pour éviter que le chômage n’augmente. Ce « qui implique un effort d’industrialisation concerté s’appuyant sur l’avantage comparatif des pays », souligne le rapport.
Le rapport comble un déficit important en matière de connaissance des économies africaines, grâce à ses analyses systématiques, rigoureuses et comparatives.