Tout serait parti d’un récent voyage du Chef d’Escadron Pamphile Zomahoun, en poste au Cabinet Militaire jusqu’à son arrestation il y a quelques jours. Il a sollicité une autorisation d’absence du territoire de deux semaines pour se rendre Allemagne. A son retour au pays, il a pris contact avec le chef d’Etat Major de l’Armée de Terre, le Colonnel Bako Megoungna avec qui il avait servi, il y a quelques mois dans les bataillons d’escorte créés à l’époque par le Ministre d’Etat, Issifou Kogui N’douro pour la sécurisation du corridor.
C’était aux temps forts du Programme de Vérification des Importations (PVI). Il a proposé au Colonel Bako le projet de coup d’Etat qui consistait à attendre un voyage du Chef de l’Etat à l’extérieur pour passer à l’offensive et empêcher le retour de ce dernier, et former un gouvernement de transition impliquant les civils et les militaires. Pour motiver le Chef d’Etat Major de l’Armée de Terre, il a évoqué le fait que, en fin d’année, il serait à la retraite et s’est interrogé sur ce qu’il allait devenir après. Il lui a également parlé de puissants soutiens financiers pour les motiver, notamment le soutien de certains chefs d’Etats de la sous région et de la communauté internationale.
Aussitôt qu’il a quitté le bureau du Chef d’Etat Major des Armées de Terre, ce dernier s’est confié au Directeur des Services de Renseignement et au Commandant de la Garde Présidentielle. Ces derniers en ont tenu informer le Chef de l’Etat. Un important dispositif tant vidéo qu’audio a été mis en place dans les bureaux du Chef d’Etat Major des Armées de Terre. Ainsi, toutes les deux autres fois que le Chef d’Escadron est revenu pour entretenir le Colonel Bako sur son projet, il a été enregistré et filmé. A leur dernière rencontre, il a transmis au Chef d’Etat Major des Armées de Terre, le Colonel Bako, une carte SIM du Nigéria soit disant que c’est par ce numéro qu’il serait prochainement contacté aussi bien par lui que par des personnes soutenant le projet. Il a même passé un appel sur son portable et a passé son interlocuteur à Bako.
Il a transmis au Colonel Bako le discours à lire lorsqu’il prendra le pouvoir et la composition du gouvernement de transition, mais sans les noms des titulaires des postes.
Un piège à putschistes
A cette dernière rencontre, il a demandé au Colonel Bako d’aller très vite, mais ce dernier a réclamé un mois. Ce qui semblait très long pour son interlocuteur. Au regard de la volonté des initiateurs du putsch d’aller très vite, les services de renseignement qui les filaient ont pris la décision de vite stopper l’initiative afin que le Colonel Bako trainant les pas, d’autres personnes ne soient sollicitées pour le même projet. C’est pourquoi ils se sont décidés à interpeller le Commandant Zomahoun à son domicile le Jeudi 21 Février 2013. Après les constats d’usage, il a été remarqué qu’il avait abondamment communiqué avec un numéro de téléphone appartenant au sieur Johannes Dagnon. La gendarmerie a donc décidé de l’interpellation du sieur Dagnon à son cabinet le Vendredi 22 Février 2013. Ses quatre portables et son ordinateur portatif ont été saisis pour enquête et il a été conduit à la brigade de recherche de Cotonou où était déjà gardé à vue le commandant Pamphile Zomahoun.
Le procureur saisi a mis en place une commission d’enquête judiciaire présidé par le Colonel Placide Ayamou, Directeur Général Adjoint de la Gendarmerie Nationale et composé entre autres des officiers Jean Lokoto, Ahouéya, du sous-officier Juste Aniambossou et bien d’autres. C’est cette commission qui a mené l’interrogatoire. Confronté aux enregistrements et autres, le commandant Zomahoun serait passé aux aveux et indiqué avoir reçu les documents transmis au Colonel Bako du sieur Johannes Dagnon.
Des confrontations ont été faites entre les deux mis en cause. Ils ont été présentés au procureur de la République qui a saisi le juge du 6ème Cabinet, Angelo Houssou qui a décidé de les mettre sous mandat de dépôt à la prison civile de Cotonou. Aussi on apprend que par rapport au dossier, un mandat d’arrêt international est émis contre le sieur Patrice talon, parce que le Commandant Zomahoun aurait affirmé qu’il serait le commanditaire de l’opération. Et lorsque le commandant Zomahoun était devant le Colonel Bako, il a appelé au téléphone un interlocuteur et l’a passé au Colonel Bako. A la fin des échanges, le Colonel a demandé : « mais avec qui je viens de parler ? ». Et à Zomahoun de lui dire : « C’est notre ami Talon ». Voilà à l’étape actuelle les éléments et faits portés à la connaissance du parquet de Cotonou.
Quid de l’interrogatoire du Général Akpona ?
Il est connu de tous que le Commandant Zomahoun est un protégé du général Akpona. Ils ont travaillé ensemble au sein de la garde présidentielle et lorsqu’il s’est agit de changer de poste au Commandant Zomahoun, c’est encore le général Akpona qui est intervenu pour qu’il soit commandant de compagnie de la Gendarmerie de Cotonou. A l’avènement d’une telle tentative, tout naturellement les regards se sont tournés vers son parrain connu dans l’armée béninoise. Mais ce dernier a déclaré à la commission d’enquête judiciaire qu’il n’était pas impliqué dans le projet. Mais la question à laquelle le juge tentera de trouver réponse est celle de savoir s’il était au courant du projet. Mais à ce jour aucune preuve n’a pu être apportée. Dans ce dossier, il convient de saluer la tempérance dont a fait montre la commission d’enquête qui a mis huit jours pour mener les enquêtes nécessaires afin de présenter les mis en cause au procureur de la république. C’est tout à l’honneur de la gendarmerie Nationale.