L’audience criminelle de l’affaire des structures de collecte d’épargne et de placement d’argent dite Icc-Services, qui se déroule devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), amorce une nouvelle étape, ce mardi 29 janvier, avec la plaidoirie des avocats de la partie civile.
L’affaire des structures de collecte d’épargne et de placement d’argent dite Icc-Services en examen devant la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) tire lentement mais sûrement, vers sa fin annoncée pour le jeudi 31 janvier. Le procès amorce, en effet, ce jour, la phase cruciale de la plaidoirie des avocats. Le bal sera ouvert par les avocats de la partie civile. L’annonce a été faite par le président de la cour de céans, Edouard Cyriaque Dossa, lors de la suspension de l’audience de ce lundi, la vingt-sixième, pour le compte de ce procès qui a débuté le lundi 17 décembre 2018.
Le président Edouard Cyriaque Dossa a invité les avocats de la partie civile, c’est-à-dire des présumés spoliés à se préparer pour faire leur plaidoirie ce jour. Autrement dit, la cour s’en va clôturer les débats au cours desquels elle a auditionné toutes les parties au procès, notamment les accusés, les témoins, les sachants et les victimes. Tous ont défilé devant la cour pendant plus d’un mois.
Les trois avocats des victimes, à savoir Mes Agathe Affougnon-Ago, Alain Orounla et Gustave Anani Kassa passeront ainsi, à tour de rôle, devant la cour pour faire leur plaidoirie qui sera suivie des réquisitions du procureur spécial près la Criet, Ulrich Gilbert Togbonon, assurant le rôle de ministère public dans ce procès. Ce n’est qu’après cette étape que les avocats de la défense, c’est-à-dire les conseils des accusés seront invités à faire leur plaidoirie.
La parole sera donnée en dernier ressort aux accusés pour qu’ils disent leur mot, conformément à la procédure d’un procès pénal. Vient enfin la phase fatidique du retrait de la cour pour le huis clos du délibéré. Cette ultime étape sera suivie de celle de la délibération publique de la cour qui fixera sur son sort chacun des huit accusés à savoir le président directeur général d’Icc-Services : Guy Akplogan ; le directeur général d’Icc-Services : Pamphile Ludovic Dohou ; le directeur financier d’Icc-Services : Etienne Tchihoundjro ; le directeur départemental Ouémé-Plateau d’Icc-Services : Emile Tégbénou ; le chef agence Icc-Services de Lalo : Clément Sohounou ; le chef agence Icc-Services de Bazounkpa : Michel Agbonon ; le pasteur Justin Dimon et l’ex-coordonnateur de la Cellule nationale de surveillances des structures financières décentralisées : Grégoire Cocou Ahizimè.
115 millions F Cfa placés
La cour va rendre son verdict en statuant au cas par cas à l’aune des faits mis à la charge de chacun des huit accusés dont certains sont en détention préventive depuis juin 2010. Pour le compte de la journée de ce lundi, la cour a poursuivi l’audition des victimes qu’elle a démarrée depuis le jeudi 24 janvier dernier. Une cinquantaine de spoliés, preuves en main, ont défilé hier à la barre. Les montants mis en cause, selon les déposants écoutés, vont de 40 mille francs Cfa à 115 millions F Cfa. Tous ont expliqué, à tour de rôle, à la cour de céans, non seulement ce qui les a motivés à aller placer leur argent à Icc-Services mais aussi s’ils veulent se faire dédommager ou non. La quasi-totalité des victimes auditionnées ne veut rien entendre. Elles réclament leurs sous. Certains n’ont même pas pu retenir leurs larmes à la barre. Elles veulent tout au moins qu’on leur rembourse le montant qu’elles ont déposé pour celles qui n’ont rien perçu comme intérêt et le solde restant pour les déposants qui en ont reçu avant l’éclatement de la crise.
Le cas qui a le plus retenu l’attention est celui du sieur Elie Constant Abati. Celui-ci a souscrit à Ouidah, deux contrats, l’un pour un montant de 450 mille Francs Cfa et l’autre de 430 mille F Cfa. Il réclame aux promoteurs d’Icc-Services le remboursement de ces deux capitaux en plus des intérêts générés par ceux-ci jusqu’à la date d’hier. Il évalue le préjudice financier subi à 5,760 millions F Cfa pour le contrat de 450 mille et à 4,320 millions F Cfa pour le second. Ce qui fait un solde de 10,080 millions F Cfa que réclame, d’un air très sérieux, Elie Constant Abati à Icc-Services. Ce préjudice financier avec intérêts bien comptés sans état d’âme a fait pouffer de rire toute l’assistance. L’avocat de la défense, Me Hervé Gbaguidi, ironise avec la victime en lui demandant si c’est bien humain de déshabiller un cadavre pour l’habiller. Très déterminée à prendre son argent, la victime qui a quitté Ouidah pour venir à la Criet à Porto-Novo, n’a pas eu froid aux yeux pour répondre à Me Hervé Gbaguidi que s’il faut aller réveiller le cadavre à la morgue pour prendre son argent, il le ferait.