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L’église catholique dénie à "Parfaite" le droit de se proclamer "Dieu Esprit saint"
Publié le mardi 5 mars 2013   |  24 heures au Bénin




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Une Béninoise dénommée Parfaite, qui mène une croisade contre « la corruption de l’église catholique et la sorcellerie », s’est autoproclamée incarnation de « Dieu esprit saint, créateur du ciel et de la terre ». Blasphème ! rétorque l’abbé André Quenum, directeur du journal La Croix du Bénin. Les fidèles des deux bords sont partagés.
« Parfaite » est le canal que « Dieu esprit saint, créateur du ciel et de la terre » a choisi en 2009 pour parler au monde entier. C’est en tout cas la conviction de Césaire Agossa. Il fait partie, depuis mai dernier, des 13 personnes qui ont été consacrées en tant qu’apôtres de l’Esprit saint qu’ils déclarent « adorer » – et non pas la personne de Parfaite. Il affirme que Dieu fait à travers elle des révélations sur la corruption de l’église catholique et sur les effets néfastes de la sorcellerie au Bénin.

Bien qu’il se considère toujours comme un fidèle de l’église catholique romaine, Agossa affirme vivre « autrement sa foi depuis qu’il est avec Parfaite ». Elle a une « mission messianique de 30 ans pour évacuer le monde des esprits mauvais », continue-t-il.
« Délivrée » d’attaques occultes
Tout a commencé en 2009 à Banamè, un bourg situé à 12 km de Covè, à plus de 100 km de Cotonou, la principale ville du pays. Selon Césaire Agossa, en 2009, Parfaite, alors âgée seize ans et en butte à plusieurs maladies récurrentes, aurait été amenée par son père adoptif sur la paroisse Sainte-Odile-de-Banamè, dont le prêtre exorciste Mathias Vigan était alors le curé. Instituteur de profession et en poste depuis seize ans à Bembèrêkè, au centre du pays, l’homme se serait vu confier la garde de la jeune fille trouvée par des bergers peuhls dans la brousse.

Selon une autre version, une certaine Jeanne Hounwèdo serait la tante de Parfaite qui se prénommerait en fait Vicencia et serait née le 18 avril 1990 à Sakété (sud-est du Bénin) de Raymond Chanvoukini et de Victorine Hounwèdo, décédée quelques mois auparavant. Quoi qu’il en soit, ces deux récits s’accordent sur le fait que Parfaite a été « délivrée » d’attaques occultes par le prélat.

D’autres témoignages concordants attestent que Parfaite a commencé ensuite à délivrer d’autres personnes. Sa renommée se propage rapidement dans la contrée. Ses séances de délivrance deviennent publiques et des milliers de personnes convergent depuis lors vers Banamè. Ses prêches, de plus en plus enflammés, visent directement l’église, qui s’insurge contre sa déité supposée.

Le « décret de suspense » de l’église catholique

Le 21 octobre 2011, Eugène Houndékon, évêque d’Abomey, le diocèse qui chapeaute la paroisse Sainte-Odile, publie un décret de suspense de Mathias Vigan. Mais ce dernier n’en a cure, puisqu’il porte aujourd’hui le titre de vicaire de l’Esprit saint qui s’incarnerait en Parfaite. Aujourd’hui, la vie de Mathias Vigan se confond à celle de Parfaite.
Pour l’abbé André Quenum, directeur de publication du journal La Croix du Bénin, « il n’y a qu’un seul Jésus-Christ, un seul messie, un seul Esprit saint, un seul Dieu, père, fils et esprit saint qui s’est déjà révélé aux hommes. Aucune femme n’est Esprit saint, aucun homme n’est Esprit saint, aucun autre homme n’est le messie ». En réponse aux prêches de Parfaite, dans lesquels elle dénonce la corruption d’une large partie du clergé, il estime « qu’on ne peut pas se prévaloir du péché réel ou présumé des autres, pour pouvoir diviser davantage l’église ». Il ajoute cependant que « l’Eglise ne rejette pas Parfaite », se disant « prête à aider, elle, le père Mathias Vigan et ceux qui les suivent s’ils le souhaitent vraiment ». Mais il rappelle que « la puissance de Dieu n’est pas dans le spectaculaire, dans la démonstration tapageuse ».
Une affluence considérable
Banamè, ce bourg où Parfaite vit, selon Césaire Agossa, du jeudi au samedi, draine en continu des milliers de personnes. C’était le cas du 15 au 19 août 2012 dans le cadre d’une manifestation intitulée « commémoration du premier anniversaire de la reprise des activités de la mission de trente ans de Banamè par l’Esprit-saint ». Environ 100 000 personnes y auraient participé. Depuis plusieurs mois, elle écume aussi régulièrement les grandes villes ainsi que d’autres contrées éloignées des centres urbains. A chaque fois, l’affluence est considérable.
Dans son public, un savant mélange constitué de personnes qui reconnaissent ne plus être actifs au sein de l’église catholique, et d’autres qui, bien que participant aux rencontres avec Parfaite, continuent à assister régulièrement à la messe. Parmi eux, Eymard, professeur de français dans plusieurs collèges de Cotonou. Ce presque quadragénaire, déclare « avoir été revigoré » par son séjour à Banamè. « Je ne suis pas en rupture de banc avec l’église catholique romaine, mais je ne me reconnais plus en la gestion qu’en fait le clergé au Bénin », ajoute-t-il.

De son côté, Parfaite, malgré ses prêches et ses diatribes contre l’église catholique, se réclame toujours d’elle. Elle a repris à son compte plusieurs de ses prières, car selon ses propos, cette église serait la seule que l’Esprit saint, qui s’incarne en sa propre personne, reconnait.
Le 17 novembre 2012, le mouvement de Parfaite a désigné Mathias Vigan « nouveau pape pour l’église catholique », sous le nom de Christophe XVIII. Le nouvel élu, présenté comme le « premier Pape noir de l’église catholique », a annoncé « un vaste programme visant à fédérer toute la vaste communauté catholique du monde ».

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