Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Education
Article
Education

6ème numéro de «Mercredi Scientifique» à l’Uac: Les riches conseils du Prof. Brice Sinsin aux enseignants-chercheurs

Publié le mardi 5 fevrier 2019  |  L`événement Précis
Brice
© Autre presse par DR
Brice Sinsin, recteur de l’Uac
Comment


« Défis à relever durant la carrière du jeune enseignant-chercheur ». C’est sur ce thème qu’a porté le 6ème numéro de la conférence scientifique, « Mercredi scientifique » qui s’organise de façon périodique à l’Université d’Abomey-Calavi (Uac). Devant un parterre d’enseignants chercheurs, jeunes comme anciens, mobilisés le mercredi 30 Janvier 2019 à l’amphithéâtre Jean Pliya, le Recteur honoraire, Professeur Brice Sinsin a développé un thème aussi particulier que tout autre, déjà exposé dans ce même cadre. Au-delà de la ponctualité qui doit caractériser tout enseignant, il estime que cela relève également de la culture scientifique qu’il faudra s’intégrer. Pour lui, l’enseignant-chercheur doit avoir la culture scientifique au quotidien, qui doit se décliner en une recherche constante de l’objectivité, une définition des questions de recherche, une adéquation objectifs-démarche méthodologique dans tout processus de recherche, un sens d’analyse critique des résultats et une déduction des leçons apprises dopée d’une humilité scientifique.

L’enseignant au chevet des apprenants

Loin de travailler seulement pour porter une formation théorique aux apprenants, l’enseignant devra aller au-delà de cette fonction. L’ancien recteur pense que l’enseignant doit apprendre à être un guide, un conseiller, un bon formateur au chevet de l’apprenant jusqu’à son insertion professionnelle. « L’enseignant doit apporter son soutien à l’apprenant même sur son lieu de stage. Il faut donc comprendre que le problème n’est pas de sacrifier une génération parce qu’on a des contraintes. Il y a le défi de livrer sur le marché de travail des citoyens de qualité au développement. Nous devons savoir que les citoyens capables d’aider ce pays sont nos propres enfants. Il n’est pas question de former de manière approximative » a-t-il conseillé. « L’enseignant doit avoir un engagement sacerdotal à la profession enseignée. Ceci passe par une recherche, une organisation pratique et une planification du cadre approprié de stage d’immersion des apprenants pour leur futur positionnement professionnel. L’enseignant-chercheur doit apprendre à charmer ses apprenants et à ne pas leur transmettre ses tares en se refusant certaines tâches pédagogiques quand il a atteint des grades supérieur dans son métier » a-t-il ajouté.



La recherche laissée pour compte

Par ailleurs, l’un des éléments qui caractérise l’enseignant-chercheur est sa présente dans la recherche, dans les laboratoires et dans les conférences spécialisées. L’ancien recteur n’a pas manqué de partager avec son auditoire l’importance de la recherche. A l’en croire, l’essence même de l’enseignant en tant qu’élément contributeur à l’évolution de la science et de la société, c’est sa capacité à entretenir, engager et soutenir la recherche.A ce titre, il a pris son propre exemple pour montrer l’urgence et l’importance de cette pratique scientifique.

A l’occasion, le coordonnateur de la conférence, le Professeur Placide Clédjo a exprimé sa joie de voir cette initiative scientifique se pérenniser. « Le Recteur Sinsin nous avait formés sur la question de recherche, c’est donc pour ne pas laisser l’initiative disparaitre que nous avons décidé de la faire perdurer dans le temps à travers la conférence « Mercredi Scientifique » afin que nous puissions la partager avec les doctorants et les enseignants en formation aujourd’hui » a-t-il laissé entendre. Les habitudes scientifiques rappelées donc par le communicateur paraissent à ses yeux comme des devoirs. « Autant nous avons des droits que nous réclamons, autant nous avons aussi des devoirs avec des défis à relever dans nos universités » a-t-il martelé. Une séance de questions-réponses a mis fin à ce 6ème numéro.



Ils ont dit



Professeur Placide Clédjo, Coordonnateur de « Mercredi Scientifique »

« La conférence vient nous situer sur les sacrifices scientifiques d’un enseignant du supérieur »

« Ce thème est différent des autres puisque nous avons constaté qu’à l’université, autant nous avons des droits que nous réclamons, autant nous avons aussi des devoirs avec des défis à relever dans nos universités. C’est pour vous dire que sur le plan scientifique, il y a beaucoup de choses que nous faisons qui ne collent pas et il faut changer de fusil d’épaule. Et la personne la mieux indiqué pour nous aider est l’ancien recteur qui nous avait entre temps formés pour la cause. Donc, c’est pour ne pas laisser l’initiative disparaitre que nous avons décidé de la faire perdurer dans le temps à travers la conférence « Mercredi Scientifique » pour que nous puissions partager avec les doctorants et les enseignants en formation aujourd’hui. Laissez-moi vous dire qu’au niveau de la formation doctorale, on a fait deux ans sans pouvoir faire de sorties pédagogiques et des travaux pratiques corrects pour les Master. Ce qui n’était pas normal. Donc en faisant cette formation, les doctorants ont vu l’importance des Tp, de Td et des sorties pédagogiques pour la géographie surtout et tout ce qui est sciences exactes. En dehors de cela, le salaire de l’enseignant au supérieur devrait aussi servir à quoi ? Et la conférence du jour vient nous situer que l’usage à en faire, sur comment l’enseignant devrait s’abonner aux revues scientifiques et son devoir de se sacrifier aussi sur le plan scientifique pour pouvoir faire certaines choses…..Le message passera puisque nous devrons comprendre que ceux qui nous ont succédés, ont fait des sacrifices en dépit des maigres moyens qu’ils avaient. Donc, nous devons aussi être des exemples dans nos universités sur le plan scientifique. »





Professeur Brice Sinsin, Recteur honoraire, conférencier

« L’apprenant a besoin d’un temps d’attention et d’un encadrement de qualité »

« Le premier défi qu’un enseignant doit relever est d’abord la ponctualité. Le temps est comme un fluide qui est très difficile à cerner. C’est pour cela que quand vous prenez du retard sur le temps, il s’écoule et s’égraine à l’infini. On doit situer le temps dans toute chose, autrement, vous perdez par rapport au temps. C’est un défi pour les africains en général et ici au Bénin de façon particulière. A tous les niveaux, on n’est pas conscient de ce qu’on peut perdre quand on a une réunion prévue pour 8h et qu’on finit par commencer à 10h. En tant qu’éducateur, je me voyais contraint de relever ce petit manquement.

Lors de cette communication, nous nous sommes intéressés à deux volets qui caractérisent l’enseignant en terme de formation qu’il dispense à ses apprenants mais surtout la recherche et la publication. Mais nous avons insisté sur l’assistance que l’enseignant doit apporter son soutien à l’apprenant même sur son lieu de stage. Il faut donc comprendre que le problème n’est pas de sacrifier une génération parce qu’on a des contraintes. Il y a le défi de livrer sur le marché de travail des citoyens de qualité au développement. Et nous devons savoir que les citoyens capables d’aider ce pays sont nos propres enfants. Il n’est pas question de former de manière approximative. Vous aurez alors des ministres, des présidents, directeurs généraux approximatifs. L’éducation n’est pas une question à prendre à la légère. L’apprenant qui vient pour acquérir des compétences se doit de rentrer chez lui non pas avec le papier, mais avec le contenu du diplôme, c’est-à-dire la compétence. Pour cela, il a besoin d’un temps d’attention, d’un encadrement de qualité…Les universités sont confrontées à la massification, à la surcharge en étudiants, mais c’est une responsabilité de toute la Nation, pas seulement du gouvernement. Nous ne devons jamais dire, formons de manière approximative parce que nous avons trop d’étudiants sur les bras.

Dans le même temps, nous avons conseillé aux enseignants un investissement dans la recherche. Pour prendre mon exemple, j’ai commencé Maitre-Assistant avec 79.000 FCFA par mois. Et de retour de thèse, j’ai mis deux ans pour passer à 155.000 FCFA. Mais demandez à tous ceux que je formais, on s’associait. Chacun donnait 10.000 FCFA, 5.000 FCFA ; et moi, je pouvais donner 20.000 FCFA pour organiser les sorties pédagogiques. Je ne me verrais pas la conscience tranquille si je formais des forestiers qui ne pouvaient pas prendre le diamètre, la hauteur, d’un arbre. D’abord, c’est quoi le salaire s’il ne me permet pas de vivre à l’aise. Ceux qui nous avaient formés aussi avaient des salaires ridicules et pourtant ils s’investissaient et organisaient les stages. On était présent sur le terrain avec nos professeurs. Ils venaient nous visiter régulièrement pour corriger nos imperfections. Mais aujourd’hui, voyez le niveau de nos salaires. C’est en cela que je dis que l’enseignant qui refuse d’investir dans la recherche doit revoir sa copie. Faut-il adresser une demande de financement à mon recteur, mon ministre ou doyen quand j’ai un voyage de recherche ou une conférence au Sénégal par exemple ? Si je ne suis pas en mesure de faire quatre sorties dans l’année, au moins, je planifie mon salaire de sorte que je puise acheter mon billet d’avion pour aller acquérir des connaissances dans des laboratoires. Depuis que j’ai commencé Assistant ici, je me suis abonné à 05 grandes revues qui continuent de fonctionner à ce jour, en plus d’autres, bien entendu. Cela me coute une partie de mon salaire, certes, mais j’en suis fier. Le tout ne peut pas venir d’un gouvernement. C’est pourquoi, je dis que le doctorat que nous avons, est un doctorat en mendicité intellectuelle. Nous devons utiliser ce doctorat pour aller chercher l’argent dans tous les pays. Aucun pays au monde ne pratique ce système de doctorat, je m’assois et le gouvernement m’envoie les fonds. Toutefois, il y a la responsabilité de l’Etat aussi. On a jamais discuté des grands projets de l’Etat en terme de mise en œuvre, tout au moyen la partie scientifique par nos universités. C’est vrai qu’on est informé du PAG, maintenant, qu’on nous dise la part des universitaires, de la recherche secteur par secteur. Il faut prendre des actes pour mettre les scientifiques devant le défi. Travaillons pour les générations à venir… »



Emmanuel GBETO
Commentaires