Trêve de polémique ! Elles jubilent, les victimes de la nébuleuse Icc-services. Au-delà, c’est tout un peuple qui crie son ouf de soulagement. Les rideaux sont tombés sur cet inédit procès qui aura révélé la nudité du pouvoir politique. La sinuosité de ces acteurs qui, pour le moins qu’on puisse dire, n’ont que cure des espérances de la masse populaire. Sinon, comment comprendre que depuis l’explosion en 2010, de la plus grosse escroquerie de mémoire du Béninois, tout soit mis en œuvre pour empêcher la manifestation de la vérité. Fort heureusement, les hommes passent et les institutions demeurent. Depuis 2016, un nouveau vent souffle sur la République. La volonté politique, mieux la témérité d’un vrai Homme d’Etat, est porteuse d’espoir. Que n’a-t-on dit sur la loi n°2018-13 portant création de la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet) ?
Si aucune juridiction ou décision de justice ne fait l’unanimité de par le monde, parce que mettant en opposition à chaque fois des intérêts antagonistes, pour finalement répondre aux aspirations d’une des parties, la Criet a tout de même prouvé au peuple béninois, à travers le procès Icc-services, qu’elle manquait à son organisation judiciaire. 32 jours d’audience, soit du 17 décembre 2018 au 7 février 2019, deux acquittements, six condamnations et une injonction aux fins du remboursement des victimes. A l’arrivée donc, victimes et accusés ont été fixés. Et l’option de la diffusion médiatique fut pédagogique. C’est d’ailleurs, en guise de prévention, l’un des objectifs en matière d’audience criminelle.
Les assauts contre l’existence de la Criet dans l’organisation judiciaire au Bénin, pourraient désormais être perçus comme une volonté manifeste de contribuer à une perpétuation des crimes économiques. La peur du gendarme est le commencement de la sagesse, et ce gendarme-là, la Criet, a tôt fait de s’incruster dans la conscience collective, et c’est tout le mal qu’on peut souhaiter pour ce pays.
Il est d’une logique irrécusable, qu’un gouvernement, qu’un chef d’Etat dont la vision conduit à la mise en œuvre d’une telle machine, qui ne porte pas de date de péremption, si ce n’est la bonne foi des acteurs, est attachée aux principes de bonne gouvernance. Et sur la matière, la question des dividendes ne devraient pas obstruer la vision des politiques. L’on gouverne d’abord pour et dans l’intérêt du peuple.
Arnaud DOUMANHOUN