Ces jours-ci, nous avons vu circuler sur les réseaux sociaux des images insoutenables du drame de Gogoro Okounfo où cinq de nos compatriotes ont perdu la vie de façon tragique. Cette manière de transmettre l’information ne respecte ni la mémoire des victimes ni les destinataires du message. Au fond, elle symbolise une forme de communication qui se généralise aujourd’hui : on partage tout sans recul ni discernement. Cette forme de boulimie d’images choquantes témoigne d’une méprise de l’éthique de la communication qui s’appuie sur le respect de la dignité de la personne humaine. Ce phénomène constitue sans aucun doute une menace qui pèse sur le respect mutuel et fragilise le tissu social. Or, si nous voulons contribuer à construire une communication vraie et viable, nous sommes tenus moralement de faire preuve d’intelligence relationnelle, en envisageant quand nous publions ou partageons un message, ses conséquences néfastes dans la société. Cette responsabilité morale prend un relief particulier quand on est chrétien ou personne consacrée. Car « informer c’est former, c’est avoir affaire avec la vie des personnes », nous rappelait le Pape François dans son message pour la Journée mondiale des communications sociales de l’année dernière. En fait, le concept clé de la communication est le « message ». Il s’agit de son contenu en information, de son objectif en termes de changement souhaité, de la nature de la relation qu’il exprime avec les destinataires et de l’estime qu’il soustend vis-à-vis d’eux. Au fond, la qualité d’un message s’évalue selon sa validité, son opérationnalité, son utilité et surtout sa recevabilité. Le partage d’un message n’exige-t-il donc pas de l’évaluer à chaque fois selon ces critères ? C’est ce discernement nécessaire dans le processus de la communication qui est gage du respect de soi et de l’autre. Car en toutes choses il faut « discerner ce qui plaît au Seigneur » (Eph 5, 10), conseille Saint Paul.