Contrairement au président du COS-LEPI, je ne crois pas (mais alors pas du tout) que la liste électorale permanente informatisée pourra être disponible pour fin février 2014 au plus tard. Ce qui se passe, c’est que pour le moment, le financement des activités de l’institution est encore de l’ordre de l’incertitude.
D’où le gouvernement compte-t-il tirer les 13,5 milliards devenus 9,8 milliards de FCFA pour permettre au COS-LEPI de mener son travail à bon port ? En dehors des deux milliards promis par le gouvernement, il reste encore près de huit milliards pour boucler ce financement à deux mois de la fin de l’année. Au moment où je vous parle, le budget 2013 n’a pas prévu le décaissement de ce montant, ne serait-ce que de moitié. Non, il faut peut-être attendre les partenaires techniques et financiers qui se feraient forts (cette fois-ci encore) de nous remonter les bretelles.
Il y a trois ans en effet, les principaux PTF avaient porté le projet de bout en bout jusqu’à son achèvement. Plus de trente milliards. Seront-ils prêts à jouer les pères Noël cette fois-ci encore, après les remous que l’on sait? Il faut espérer que oui. Même alors, il est évident que leur niveau d’implication ne sera plus le même et qu’ils tenteront de tirer leçon du passé, pour avoir été pris à parti, accusés de partialité dans un dossier qui devait requérir leur neutralité. Mais la question est encore plus aigue lorsque l’on observe les perspectives qui s’annoncent. Le budget national devra en effet financer presque sur un an, à la fois une liste électorale à près de 10 milliards et des élections locales prévues pour 2014>
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Le tout ferait au minimum 15 milliards.
La démocratie n’a pas de prix, mais elle a un coût. A voir aussi les autres embûches qui se dressent, il faut s’inquiéter de l’échéancier fourni par Sacca Lafia. Les lenteurs orchestrées de l’intérieur par les députés eux-mêmes font partie des facteurs de premier rang du retard observé. Il est vrai que la LEPI est un instrument politique par excellence. Et qu’en l’espèce, elle demeure soumise aux jeux politiques qui se jouent entre les acteurs. Mais l’on a vu comment la LEPI a été largement malmenée aux mains de ces fameux politiciens. Elle a débouché sur un produit final devenu source de toutes les crispations depuis lors.
Ce qui est remarquable jusqu’ici, c’est que la majorité des politiques béninois, ne croient guère en une liste électorale sérieuse. Même s’ils ne le diront jamais ouvertement, les listes d’hier leur procuraient plus de confort qu’aujourd’hui. Les tripatouillages sont connus : bourrages des urnes, votes multiples, votes des mineurs, etc. Beaucoup n’ont dû leurs sièges et leur longévité politique qu’à ces pratiques souterraines. Les équipes de fraude constituées pour renforcer la veille électorale au sein des partis, sont bien connues. Parfois, des mois à l’avance, leurs membres se font former aux stratégies les plus rocambolesques. Ce sont ces stratégies qui sont alors mises en œuvre sur le terrain. Le jeu électoral béninois a souffert de cette propension diabolique à la truanderie, à la fourberie. Dans tous les camps. Réaliser une LEPI, la corriger apparaissent dès lors comme des coups de boutoir à un système bien assis qui nourrissait grassement ses acteurs. Les obliger aujourd’hui à passer de l’ombre à la lumière devient comme un saut dans l’inconnu : c’est une menace.
Je n’entrevois pas autrement le peu d’empressement que les acteurs ont à corriger cette Lepi. Cet outil détruirait tout l’échafaudage de fraude en place depuis plusieurs années. Les assurances angéliques fournies dimanche par le président du COS-LEPI ne convainquent pas grand-monde.
En réalité, ma nette impression est que 2014 sera marquée par tant de retards qu’il sera impossible d’y tenir des élections crédibles. Et que, profitant du désordre ambiant, communales et législatives seraient couplées en 2015. C’est une perspective cauchemardesque dont les signes précurseurs se voient à travers les querelles intestines qui se multiplient, les réclamations de postes dans les cellules de bases des partis et alliances de partis. C’est ce que je crois, et je ne demande qu’à être contredit par les actes.