L’intégration régionale demeure l’un des vecteurs incontournables pour booster la production de l’industrie manufacturière en Afrique, se sont accordés à reconnaitre les participants à un panel sur « la compétitive et l’intégration commerciale », organisé en marge de la 8-ème Conférence économique africaine, qui se tient à Johannesburg.
Le secteur manufacturier est essentiel et sans doute le plus important moteur d’une croissance à long terme et du développement. A mesure que les pays se transforment et passent d’une économie agricole primaire à une économie fondée sur l’industrie et les services, ils dégagent des recettes plus durables, qu’ils peuvent affecter à la croissance, ont-ils souligné.
On considère en général que le secteur industriel comprend les industries manufacturières, les industries extractives et la construction. Mais de nombreuses études tendent à montrer que le secteur manufacturier est la branche d’activité industrielle qui offre les plus grandes opportunités en termes de croissance durable, d’emplois et de réduction de la pauvreté en Afrique.
Ce secteur, également en recul durant la dernière décennie, est stratégique car il est source d’emplois, d’innovations et produit d’importants effets d’entraînement sur le reste de l’économie par les services bancaires, d’assurances, et de communication qu’il utilise, ont-ils fait remarquer.
Dans son exposé intitulé « l’incidence du commerce Nord- Sud et du commerce Sud-Sud sur l’industrialisation en Afrique », Henri Atangana Onda, chercheur à l’Université Yaoundé II au Cameroun, a indiqué que les pays africains disposent d’un avantage comparatif en ce qui concerne le facteur travail.
Si de 1980 à 2009, la contribution des industries manufacturières au Produit intérieur brut (PIB) a légèrement augmenté en Afrique du Nord, passant de 12,6 à 13,6 %, elle a, par contre, régressé de façon considérable dans le reste du continent, où elle est passée de 16,6 à 12,7 %, a expliqué le conférencier en se basant sur des données de la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA).
Il a fait observer que plus d’un demi-siècle après les indépendances, et alors que les autres régions ont accru leur part des exportations de produits manufacturés, le continent dépend encore de ses exportations de matières premières vers les pays industrialisés. Ces matières premières sont ensuite transformées et revendues beaucoup plus cher à l’Afrique.
Malgré leurs efforts, la plupart des pays africains se sont heurtés à des écueils dans leur développement industriel. Le plus souvent, leur économie est toujours conduite par la production de matières premières et l’exportation de produits agricoles et miniers. L’Afrique reste le continent le moins industrialisé du monde. En effet, la croissance de la valeur ajoutée manufacturière a été décevante pendant la période des programmes d’ajustement structurel et plusieurs pays ont même connu une désindustrialisation.
S’agissant de la libéralisation du commerce, le conférencier a estimé que celle-ci a exposé les industries locales des pays africains à une concurrence à laquelle elles étaient mal préparées.
En conséquence, de vastes pans du secteur manufacturier ont disparu ces vingt dernières années en Afrique. Cette libéralisation était prématurée dans ces pays compte tenu de leur niveau de développement.
Evoquant les difficultés auxquelles est confrontée l’industrialisation en Afrique, le conférencier note que la contre-performance des industries s’explique par notamment le manque d’infrastructures, le déficit énergétique, la mauvaise gouvernance et la concurrence féroce des produits importés des pays émergents comme la Chine.
Le commerce avec les pays asiatiques cause la désindustrialisation dans certains pays africains. Le marché étant inondé de produits manufacturiers de mauvaise qualité.
Le conférencier a également souligné que le commerce Sud-Sud peut aussi dans certains cas être source de désindustrialisation pour certains pays du continent.
Il a cité les exemples de l’Afrique du Sud et du Nigeria, deux « géants économiques » qui peuvent dérégler le secteur manufacturier des pays de leurs zones, si des mécanismes de régulation ne sont pas mis en place par les dirigeants des Communautés économiques régionales (CER) de l’Union africaine.
D’autres communications ont été présentées lors de ce panel portant sur les « Politiques commerciales, structure de marché et performance du secteur manufacturier au Malawi de 1967 à 2002 », et la
« compétitivité et l’intégration commerciale des pays de la CEMAC : Avantages comparatifs et contribution au solde commercial ».
Initiée conjointement par la Banque africaine de développement (BAD), la Commission économique des Nations Unies pour l’Afrique (CEA) et le Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), la 8-ème conférence économique africaine se tient du 28 au 30 octobre à Johannesburg sou le thème « L’Intégration régionale en Afrique ».
Venus de toute l’Afrique et du monde entier, les participants à ces assises débattent des problématiques liées aux efforts accomplis par les pays africains afin de joindre leurs forces et d’intégrer leurs économies dans l’optique de développer leur économie, tant régionale que nationale.
La conférence est également l’occasion de se pencher sur les efforts déployés dans différents secteurs tels que la finance, les infrastructures routières, les pools énergétiques, la gestion des ressources en eau, la convergence fiscale et la mobilité des travailleurs.