Tout se bouscule, tout se réorganise ou “se détruit“ dans les universités nationales du Bénin à travers des réformes et des actes que désapprouvent énergiquement la communauté universitaire. La pomme de discorde depuis un moment reste la suspension des élections des responsables des universités et la nomination dans les Unités de formation et de recherche (Ufr) des Unb. Face à ces multiples décisions et réformes qui remettent en doute les libertés universitaires et les acquis démocratiques, le Professeur René Ahouansou a, dans un message, plaidé pour que le Conseil africain et malgache de l’enseignement supérieur (Cames) interpelle le ministre Marie-Odile Attanasso et le Prof Joseph Djogbenou. Mais une intervention pour quel effet ?
Pour le Prof René Ahouansou, le Cames, pour exercer son autorité intellectuelle et morale sur les titres qu’il décerne, devra interpeller Prof Joseph Djogbenou, actuel Président de la Cour constitutionnelle et Marie-Odile Attanasso, ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique. « En conséquence de ses nombreux errements et choix conceptuels antinomiques avec la bonne et saine doctrine du droit, Monsieur Joseph Fifame Djogbenou doit être entendu d’urgence par les instances scientifiques du Conseil Africain et Malgache de l’Enseignement Supérieur (Cames). Cette décision sera officiellement notifiée à tous les Etats-membres pour préserver le caractère sérieux des titres qu’il décerne » plaide le Prof Ahouansou qui estime que l’université a une tradition humaniste et scientifique et qu’elle forme pour la construction de sociétés modernes tournées vers le respect des droits de l’homme et la démocratie et non leurs contraires. Même plainte contre la ministre Marie-Odile Attanasso, qui en sa qualité de Professeur de l’enseignement supérieur devra être contrainte à respecter les normes désormais en vigueur dans les universités qui sont dans sa juridiction. « Faute de se conformer à sa mise en demeure, elle se verra sanctionner et les Professeurs qui accepteraient d’être nommés par le pouvoir politique au lieu d’être élus par leurs pairs, se verront refuser leur inscription sur les listes d’aptitude du Conseil » plaide-t-il. « L’exemplarité de la décision et la vertu pédagogique de la décision ramèneront le bon sens dans les administrations des universités» précise le Prof Ahouansou. Selon lui, la menace de sanction contre les professeurs qui, par un sit-in, ont contesté la nomination des doyens et directeurs d’écoles remettant ainsi en cause leur élection par leurs pairs sera jugée contraire aux normes convenues désormais dans toutes les universités dans les pays libres. Seulement que le Prof René Ahouansou ne peut espérer grand-chose de l’intervention du Cames, selon plusieurs observateurs.
Une réaction du Cames pour quel effet ?
Car, faut-il le rappeler, il y a quelques longs mois seulement, suite à la polémique née de la réforme liée à l’organisation des examens nationaux de licence et de master, le Cames saisi, n’a pu arbitrer. Le Conseil, dans sa correspondance N°0207.2017/CAMES/SG/AA du 02 juin 2017 adressée à la ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche scientifique par le Secrétaire général du Cames, Professeur Bertrand Mbatchi, a estimé ne voir aucun fondement pour justifier son immixtion dans la situation conjoncturelle opposant le gouvernement béninois à certains Établissements privés d’enseignement supérieur (EPES) au sujet de la réforme des examens nationaux de Licence et de Master. Alors que les promoteurs d’universités privées dénoncent, à travers la réforme, une violation des règles du Cames et du système Licence-master-doctorat (LMD). Estimant respecter la souveraineté des Etats membres dont le Bénin, le Conseil a décliné toute responsabilité. Face au fait, que veut bien espérer le Prof René Ahouansou d’une quelconque intervention du Cames alors que la situation décriée semble similaire à celle relative aux examens nationaux ? De toute façon, les deux personnalités concernées par ce message du Prof Ahouansou ne sont plus que des enseignants d’universités. Si la ministre agit au nom du gouvernement, le prof Djogbenou est Président de la Cour constitutionnelle et parvenir à une telle extrémité ne sera point chose aisée. Encore que rien ne semble perturber ni arrêter ce gouvernement dans son élan. La seule évidence est qu’il faut craindre la même réaction du Cames comme celle servie au sujet des examens nationaux de licence et master. Cependant, il n’est pas exclu que cet appel du prof René Ahouansou reçoive un écho favorable…