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Le PUJO, à travers une lettre adressée à la CEDEAO, appelle à une élection inclusive

Publié le mardi 5 mars 2019  |  aCotonou.com
Boni
© aCotonou.com par Didier ASSOGBA
Boni Yayi rencontre le bureau Exécutif National du Pôle Unifié des Jeunes de l’Opposition (PUJO)
Cotonou le 12 janvier 2019. le bureau Exécutif National du Pôle Unifié des Jeunes de l’Opposition (PUJO) se rend chez Boni Yayi pour lui souhaiter les vœux de nouvelles an et lui présenter ses objectifs pour les législatives d`avril 2019
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La situation au Bénin est inquiétante et risque de plonger le pays dans le chaos. Si nous sommes constamment à l’initiative, c’est parce que nous aimons notre pays, nous sommes son avenir et nous sommes préoccupés par les événements en cours. La crise politique que traverse notre pays est d’abord une crise de confiance envers ceux qui sont chargés de veiller au bien commun et à l’intérêt général.
La culture de l’affrontement semble prendre le pas sur celle du dialogue. Les événements malheureux qui se sont produits à Kilibo et à Tchaourou, ayant entrainé des morts et des blessés graves, suite aux bavures des forces de sécurité publique et de défense, font craindre le pire.
Pour permettre au peuple de déléguer son pouvoir à ses élus, toute élection nécessite la participation de toutes les composantes impliquées au processus électoral en amont comme en aval, afin de garantir aux consultations la transparence et l’équité nécessaires, condition sine qua non de l’acceptation des résultats par tous.
L’exclusion de l’opposition des élections législatives du 28 avril 2019, la réduction sensible de l’espace démocratique, la multiplication inquiétante de violations des droits humains et de la Constitution, l’emprisonnement de nombreux jeunes pour leurs opinions et la persécution des leaders de l’opposition (la prison pour certains et l’exil forcé pour d’autres) ne sont pas de nature à apaiser les esprits. En même temps, la souffrance de la population ne fait qu’empirer. Le peuple se voit sacrifié sur l’autel des intérêts individuels.
Nous déclinons notre responsabilité historique sur la dégradation du climat politique dans notre pays et sur les risques d’un embrasement du Bénin, dont personne ne peut aujourd’hui prévoir les conséquences. Comme vous allez le constater au cours de votre mission au Bénin, la situation est très tendue et pourrait exploser à tout moment.
Le Pôle Unifié des Jeunes de l’Opposition (PUJO) ne cesse d’appeler à la retenue, à la paix, à l’unité, à la non violence, à la non répression sanglante des manifestations pacifiques et au dialogue inclusif et sincère. Mais plutôt que d’apporter des réponses idoines pour rassurer tous les acteurs et le peuple, le pouvoir du président Patrice Talon a choisi de décréter une purge sauvage au sein de la jeunesse en particulier et des forces politiques de l’opposition en général. Certains de nos camarades sont actuellement traqués et arrêtés, d’autres en clandestinité pour éviter la prison.
La jeunesse béninoise ne veut pas être complice d’un pouvoir tyrannique qui n’écoute pas son peuple et qui bafoue les règles du jeu démocratique en lui imposant des lois liberticides et destructrices de nos acquis démocratiques.
Disposés à apporter notre contribution pour l’avenir heureux de notre Nation, nous voulons transmettre à la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) les exigences fondamentales du PUJO en vue de parvenir à une sortie de crise.
Soucieux de la nécessité d’éviter le chaos ou des lendemains incertains à notre pays, nous demandons à la CEDEAO de soutenir notre démarche citoyenne en :
► usant de tout son poids pour amener le Gouvernement du Bénin à organiser des élections inclusives, dignes de confiance, crédibles, pacifiques, libres et transparentes ;
► supervisant toutes les opérations électorales, afin d’en garantir la transparence et éviter ainsi à notre peuple des souffrances pouvant naître de l’exclusion de l’opposition et de la contestation des résultats électoraux.
► obtenant du Chef de l’Etat et du Gouvernement :

• l’ouverture rapide de discussions larges et inclusives (une table ronde) sous l’égide de la CEDEAO pour faire le point du processus électoral et définir les bases consensuelles d’une élection conforme aux normes démocratiques ;
• la suspension des lois électorales liberticides et scélérates (le nouveau code électoral et la nouvelle charte des partis politiques) ;
• l’utilisation des anciennes lois électorales (l’ancien code électoral et l’ancienne charte des partis politiques qui ont montré leur fonctionnalité) pour le compte des prochaines législatives ;
• la libération immédiate et sans condition de tous les prisonniers politiques ;
• la création des conditions favorables au retour au pays des exilés politiques ;
• l’arrêt des persécutions des jeunes opposants pour leurs opinions sur les réseaux sociaux ;
• la création d’une commission d’enquête totalement indépendante sur les événements dramatiques de Kilibo et de Tchaourou ;
• l’abolition de toute forme de censure, de surveillance de masse et de restriction de la liberté d’expression et d’opinion et à la liberté de pensée, de religion ou de croyance ;
• que le droit à la liberté d’expression et d’opinion, et le droit de réunion pacifique, de manifestation et d’association soient pleinement protégés.
C’est un secret de Polichinelle que les conflits politiques dans notre sous région sont souvent liés aux élections truquées, bâclées, tronquées et non inclusives. Nous souhaiterions vivement que la CEDEAO puisse appeler les autorités béninoises à rechercher une solution juste et durable à l’exacerbation rapide des tensions politiques dans le pays, à renoncer aux règlements de comptes politiques et à prendre les mesures nécessaires à un véritable dialogue politique. Nous sommes convaincus que la crise béninoise ne peut être résolue par l’imposition de réformes liberticides taillées sur mesure comme le fait le Gouvernement, mais qu’elle requiert une solution politique fondée sur un dialogue vrai et sincère.
Nous saluons votre leadership à la tête du Département des affaires politiques, paix et sécurité de la CEDEAO. Vous pouvez, par un geste symbolique important, à l’issue de votre mission, concrétiser la demande de la jeunesse béninoise. Le Bénin vous regarde. La jeunesse béninoise vous regarde. C’est l’honneur de la CEDEAO de défendre la démocratie, la bonne gouvernance et de prévenir les conflits chaque fois qu’elle peut le faire.
Il ne saurait y avoir élections le 28 avril 2019 sans la participation effective des forces politiques de l’opposition. C’est pourquoi, nous vous adressons cet appel pressant de la jeunesse béninoise, en marge de la rencontre de votre délégation avec le Bureau Exécutif National du PUJO, avec l’espoir sincère que vous pourrez porter l’attention requise à la situation du Bénin, ainsi qu’aux violations des Droits de l’Homme dans le pays, et que la CEDEAO prendra des mesures concrètes pour amener le Gouvernement béninois à organiser des élections véritablement inclusives, transparentes et paisibles.
Nous vous prions d’agréer, Monsieur le Commissaire, l’expression de notre très haute considération.

Le Coordonnateur National,

Léonce HOUNGBADJI
P.O.
Le Secrétaire Général,

Franck KPASSASSI

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