Nombre de femmes veuves s’apitoient sur leur sort car exposées au dénuement. Mais Céline Amanlèda a choisi de faire la différence. Femme entreprenante, elle a embrassé depuis 5 ans un commerce qui peu à peu, prospère entre ses mains : la vente de l’attiéké : une spécialité culinaire ivoirienne. Découvrez davantage ici cette brave femme.
« Vendez-moi mon repas. Je suis là depuis 10min », crie un client avec insistance. « Et moi, alors ! Je suis là depuis 20 min. Servez-moi donc », rétorque un autre au bord de l’exaspération. C’est à ce spectacle matinal assez animé qu’on assiste chez Céline Amanlèda, vendeuse d’attiéké, un produit fini de la transformation du manioc, à Allègléta à Godomey Togoudo. Vêtue d’une chemise rayure en nylon aux manches courtes et de deux pagnes superposés comme le font les dames au Bénin, Céline Amanlèda, de teint noir, taille courte, de petits yeux un peu noircis par la fumée, s’affaire à satisfaire ses clients. Son visage rond, son nez pointu, ses lèvres émincées et ses belles joues révèlent ses qualités : humilité, douceur, bravoure et respect pour les autres. La quarantaine, avec une poitrine moins forte et des épaules peu larges, elle pousse son entreprise vers le succès.
Au commencement !
« J’ai choisi de vendre de l’attiéké parce que j’ai grandi en Côte d’Ivoire. Et j’ai vu ma mère le faire. Une fois venue au Bénin, je me suis mise à l’œuvre et ce, depuis 5 ans », confie-t-elle. Toujours matinale, Céline Amanlèda a travaillé seule dès qu’elle s’est jetée à l’eau. Sans aucune aide, elle s’approvisionne en matières premières. « Au début, j’étais seule à tout faire et à vendre mon attiéké dans le quartier », rappelle-t-elle d’une voix suave le regard tourné vers ses clients. Brave et endurante, Céline Amanlèda ne s’est pas découragée malgré le manque d’engouement au début de son commerce.
Céline Amanlèda perce par sa persévérance
Perfectionniste, elle prend particulièrement soin de son repas. Et son sacrifice a payé avec le temps. En effet de bouche à oreille, le commerce de Céline Amanlèda a atteint tout le quartier. « Depuis 2 ans, mon commerce a pris une autre tournure. Le nombre de clients a augmenté du fait de la publicité que me font les gens. En fait, ces derniers déclarent que mon repas est bien copieux. En plus, mon attiéké est le vrai », fait-elle savoir avec fierté. Son succès est si poussé que plusieurs restaurants s’approvisionnent chez elle. « J’ai deux conducteurs de taxi motos qui acheminent tous les matins à plusieurs endroits, mon produit », ajoute Céline Amanlèda.
Cette femme, qui a choisi s’auto-employer là où plusieurs autres attendent désespérément l’embauche de l’Etat, emploie actuellement une dizaine d’hommes et de femmes. Aussi, a-t-elle pu s’octroyer un moulin qui lui permet de moudre 20 à 25 sacs de manioc par semaine. « Maman Céline est un bon employeur. Elle nous paie bien. Elle est également très travailleuse. Dans ce commerce, elle fait face à beaucoup de défis qui auraient pu la décourager », témoigne Habib, un de ses employés en précisant que tous les matins à 4h, elle est toujours sur pieds pour apprêter sa marchandise. Odilon, affirme quant à lui que son employeur est très sympathique, battante. « Elle ne nous laisse jamais seuls abattre le travail. Elle s’y met toujours avec nous », laisse-t-il entendre.
Commerçante et mère de famille
Veuve depuis un an, dame Céline fait de son mieux pour prendre soin de ses enfants. « Maman est mon héroïne. En effet, le fait qu’elle n’ait pas choisi la voie de la facilité mais s’est battue pour mettre sur pied cette entreprise de commerce d’attiéké, m’inspire beaucoup », a déclaré avec beaucoup d’émotion Marie, l’une de ses filles.
Difficultés et perspectives
Malgré la croissance de son entreprise, tout n’est pas rose. « La demande est de plus en plus forte, mais je ne dispose que d’une seule machine. J’ai besoin d’une deuxième pouvant moudre les 20 à 25 sacs de manioc que nous exploitons hebdomadairement et de 4 autres pour presser l’eau du manioc écrasé. Je suis prête à rembourser toute structure pouvant me faire un prêt pour relever ce défi pressant. Je projette, avec la grâce de Dieu, d’ouvrir un restaurant où je vendrai attiéké avec du poisson braisé », poursuit-elle.
Foi et loisirs
Céline Amanlèda est chrétienne. Elle préfère en toute chose s’appuyer sur Dieu. « Malgré les nombreuses difficultés rencontrées dans le cadre de son travail, je ne l’ai jamais vu faire recours à quoi que ce soit d’autre sinon à son Créateur », révèle un de ses collaborateurs.
Il faut dire qu’à part le travail, cette femme spéciale aime la danse. A l’en croire, elle faisait partie d’un groupe de musique traditionnelle. Mais les contraintes de la vie ont fait qu’elle a quitté ce creuset sans grand regret. Entre la quête de l’épanouissement professionnel et le divertissement, Céline a fait son choix.
Sinatou ASSOGBA (coll.)