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Patrice Talon : « Je n’ai pas le pouvoir de suspendre le processus électoral »

Publié le vendredi 8 mars 2019  |  Le Matinal
52e
© Présidence par DR
52e session de l`Assemblée parlementaire ACP & 36e session de l`Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE
Du 28 Novembre au 5 Décembre 2018. Cotonou (Dakar). S.E.M Patrice Talon à la 52e session de l`Assemblée parlementaire ACP & 36e session de l`Assemblée parlementaire paritaire ACP-UE.
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« J’ai initié cette rencontre pour apprécier la situation dans laquelle nous sommes depuis hier (mardi 5 mars 2019) à la suite de la proclamation des résultats par la Céna de la liste des partis politiques retenus pour participer aux élections législatives à venir. J’avais déjà rencontré il y a quelques jours des formations de l’opposition à la suite des diligences opérées au niveau du Ministère de l’intérieur pour la délivrance des certificats de conformité et des récépissés provisoires d’enregistrement des partis politiques nouvellement créés. A cette occasion, nous avons eu à constater et à déplorer le fait que beaucoup de partis politiques ne parvenaient pas, à cette étape, à satisfaire des exigences de la Charte des partis politiques. Nous avons pu constater nous tous, qu’à la date de clôture du dépôt des candidatures à la Céna, 7 formations politiques ont formellement fait acte de candidature. Hier, il est apparu que seuls deux partis sont restés en lice pour prendre part aux élections du 2 avril 2019. Ce constat est malheureux et c’est de toute évidence que cela nous interpelle. Je voudrais vous dire sans détour que c’est un constat malheureux et nul ne peut rester indifférent à cette situation. J’ai estimé qu’il convient de convoquer et d’inviter les responsables politiques à divers niveaux, notamment les responsables des formations politiques qui ont, depuis le début du processus, exprimé leur volonté de participer aux élections dans le cadre des nouvelles dispositions qui régissent les partis politiques, l’organe en charge des élections ainsi que le bureau du Parlement qui est notre espace d’expression, d’échanges politiques pour la prise des lois des dispositions qui régissent notre vie. C’est à ce titre, Monsieur le président de l’Assemblée nationale, que j’ai invité également les membres du bureau du Parlement parce que c’est le seul espace dont nous disposons au quotidien dans la vie de notre Nation pour statuer sur les questions d’intérêt national et politique. Mon souhait est qu’à partir d’aujourd’hui nous puissions examiner tout ce qui s’est passé. Une chose est de faire le constat, l’autre est de relever ce qui n’a pas fonctionné. Je veux bien croire qu’aller aux législatives avec deux partis politiques ne peut pas être de la volonté ordinaire et normale de tout le monde. Peut-être que nous arriverons-là un jour. Dans le pays, il y aura deux ou trois grands partis qui vont animer notre vie politique. Mais ce qu’on peut constater aujourd’hui, ne peut pas être considéré comme l’aboutissement d’un état d’esprit général. Il faut oser le dire. Ce que nous observons et qui conforte ma désolation est que ces deux partis qui sont aujourd’hui en lice se réclament des partisans du régime. L’impression que la situation donne est que les partis qui se réclament de l’opposition ne figurent pas sur la liste des deux formations politiques retenues. Cela est naturellement déplorable et n’est pas de nature à permettre le débat contradictoire au Parlement si les choses doivent rester ainsi, à renforcer l’idée de la démocratie des libertés même si, pour ma part rien n’a été fait délibérément pour arriver à cette situation. Cela ne nous honore pas, n’honore pas le pays et ne donne pas une bonne image du débat contradictoire nécessaire dans les communautés humaines. C’est cette analyse que je voulais partager avec vous tout en échangeant sur ce qui n’a pas fonctionné et voir s’il y a moyen de corriger le tir. Mon souhait est que nous puissions examiner les voies et moyens qui nous permettraient d’avoir une participation plus large des formations politiques du moins, celles qui ont formellement manifesté leur intérêt même si pour diverses raisons, elles n’ont pas pu franchir toutes les étapes de la sélection.Que faut-il faire de manière à protéger l’Etat de droit tout en permettant le débat contradictoire? J’ai espéré que l’ensemble des partis politiques seraient représentés. Je suis triste de constater que certaines formations et pas des moindres ont décliné l’offre. Elles n’ont pas voulu être présentes afin que nous examinions ensemble ce qu’il faut faire de manière globale et individuelle. Les partis politiques sont des biens de la Nation. A ce titre, j’ai l’obligation de veiller à leurs intérêts, existence et participation au débat politique. Je voudrais échanger avec vous sans pudeur et qu’à la fin de nos échanges, nous puissions faire des propositions concrètes permettant une large participation des partis politiques aux prochaines législatives…

Propos de clôture du chef de l’Etat

Je voudrais pour clore ces échanges, réaffirmer que la situation est préoccupante. Je voudrais compter sur le génie et l’esprit de sacrifice de chacun. En dépit de tout, je voudrais exprimer mon attachement aux institutions de la République, aux hommes qui les animent et ma fierté d’appartenir à ce peuple malgré nos insuffisances. Je continue de croire que le ciel nous aide et nous aidera toujours à désigner ou faire désigner les hommes dignes de notre confiance pour siéger dans les institutions. Je veux espérer qu’à partir de tout à l’heure, de ce soir, demain jusqu’à lundi, mardi au plus tard, vous allez être en mesure de nous faire des suggestions pour prendre des décisions parce que vous en avez les prérogatives. Au besoin, s’il faut que l’Assemblée nationale aille en session extraordinaire dans le week-end ou dès lundi si vous voulez, pour proposer des mesures nous permettant d’atteindre les objectifs tout en respectant les lois actuelles ou celles de demain ou après-demain. Ce serait salutaire pour nous tous et nous allons partager le mérite. Je voudrais vous prier donc mesdames et messieurs et ceux qui ne sont pas avec nous ce matin, que vous puissiez leur faire parvenir ce message que dans l’état d’esprit peut-être de révolte ou de mécontentement qui s’est matérialisé par leur absence aujourd’hui n’est pour nous qu’un message de désolation. Je prends cela ainsi, que ce n’est pas plus que cela. Je voudrais leur dire que tout est encore possible. Certes ma volonté n’est pas de forcer la main aux partis politiques pour aller aux élections, mais mon souhait est qu’en mon temps, les élections soient de bonne nature et de même qualité et convivialité que ce qu’on a connues jusque-là. Sans vouloir leur forcer la main, je les prie de bien vouloir participer aux échanges afin que les problèmes qui leur sont particuliers puissent être débattus et que les dispositions à prendre maintenant et demain puissent les servir.

Monsieur le président de l’Assemblée nationale, ce serait bien que vous puissiez les appeler pour recueillir leurs préoccupations, les intégrer dans les réflexions qui vont nous faire sortir des propositions concrètes. Je n’ai pas le pouvoir de suspendre le processus électoral. Si j’avais ces prérogatives, je le ferais. Ni l’Exécutif, ni le Parlement n’a cette prérogative dans notre disposition constitutionnelle de le faire si la Cour constitutionnelle qui est l’arbitre en la matière ne constate pas des irrégularités sur lesquelles elle statue et prescrit quelque chose de concret et de formel. Je voudrais signaler que le temps presse. Le 15 mai n’est pas loin. Le processus en cours ne s’est pas arrêté. C’est à nous de le rattraper pour y incorporer ce qui nous semble indispensable à la concorde. Monsieur le président, je voudrais vous prier ainsi que le bureau du Parlement et la conférence des présidents de prendre l’initiative de ces échanges pour faire trouver les formules qu’il faut et la procédure qui peut permettre au Parlement de nous proposer les voies de sortie. Vous pouvez compter sur mon engagement. J’adhèrerai à tout ce que vous allez proposer comme mesures concrètes conformes à notre Constitution. Si dans vos échanges, nous devons aller jusqu’à faire des amendements à la Constitution, les jours à venir, je suis preneur. C’est vrai que nous sommes à 6 mois de l’échéance électorale. Modifier les textes relatifs aux élections requiert le consensus. Je crois que tout le monde est favorable au consensus. Le reste, c’est le génie qu’il faut. Et comme nous l’avons, je n’ai pas de doute que nous n’allons pas trouver la solution. Je vous remercie et je resterai nuit et jour pour apporter ma partition pour sortir de la situation actuelle ».

Propos recueillis par Océan Fm
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