Dans le cadre de la Journée internationale de la femme et du Colloque international pluridisciplinaire sur le leadership féminin et les Objectifs de développement durable en Afrique francophone, l’Union européenne a organisé vendredi, 08 mars 2019, en partenariat avec la Giz, Coopération, une table ronde sur l’engagement des femmes en politique et dans les instances de prise de décisions. Une initiative qui a permis aux experts sollicités d’entretenir les participants sur les enjeux et défis liés à l’animation de la vie politique par la femme…
« L’engagement des femmes en politique et dans les instances de décision », c’est le thème autour duquel se sont articulées les discussions au cours de la table ronde qui a mobilisé d’ailleurs plusieurs universitaires et partenaires techniques et financiers. Une table ronde organisée dans le cadre du Colloque international pluridisciplinaire sur le leadership féminin et les Odd, initié par Laboratoire d’Anthropologie Appliquée et d’Education au développement. Dans son intervention introductive, le député Arifari Bako a évoqué l’état des lieux de la situation des femmes en politique au Bénin, les récents progrès connus ainsi que les obstacles majeurs etc. Il s’en suivi, une causerie-débat entre les panelistes dont Prof Vicentia Boco, Directrice générale de l’Institut national pour la promotion de la femme (Inpf), Lucie Sessinou, présidente du Réseau des femmes élues conseillères (Refec), Diane Aurore Kindji, chargée de formation au Programme RECAFEM-4 de la Coopération Suisse, membre fondatrice du parti politique “Union progressiste”. Dans son allocution, le Chef de la Délégation de l’Union européenne, Olivier Nette s’est intéressé à la faible représentativité des femmes à des postes de responsabilités. Au sein du gouvernement, sur les 21 ministres, on ne dénombre de quatre femmes soit un pourcentage de 19% tandis qu’à l’Assemblée nationale, sur les 83 députés, on ne compte de sept femmes soit 8%. « Et au niveau local, la situation est encore moins reluisante: sur les 77 maires, seules 3 sont des femmes, soit un pourcentage de 3,8%. Or, comme partout, la moitié de la population béninoise est composée de femmes » s’en désole l’Ambassadeur. A l’en croire, les sociétés ne peuvent prétendre parachever la démocratie sans la participation et représentation adéquate en politique des femmes qui représentent pourtant la moitié de la population. Le défi reste alors la garantie d’une participation et une représentation égale des femmes et des hommes. Tout en reconnaissant l’inégalité de la représentativité des femmes au sein des Parlements nationaux des Etats membres de l’Union européenne, il s’est réjouit tout de même du fait qu’en Suède, les femmes représentent 55% des députés. « L’Union européenne essaie de poser des actes concrets qui puissent progressivement faire changer les choses. C’est notamment le cas dans nos projets et programmes de développement dans lesquels nous essayons de favoriser l’égalité des genres autant que possible, ce qui sera nécessairement plus évidents dans certains secteurs que dans d’autres…Des progrès sont déjà observables, notamment au niveau du middle management, mais le chemin est encore long avant d’atteindre la parfaite égalité à tous les échelons. D’ailleurs, à ce sujet, il est évident que les questions de différenciation et d’égalité des genres sont souvent ancrées socialement et culturellement. C’est pour cela qu’il peut être parfois nécessaire de prendre un certain recul pour constater les différences et dépasser les blocages culturels quand ceux-ci sont trop prégnants et empêchent les hommes et les femmes d’évoluer vers des rôles et responsabilités partagés dans nos sociétés » a déclaré le Chef de la Délégation de l’Union européenne. Il a également souligné la nécessité de soutenir les partis politiques en tant qu’acteurs clés des processus démocratiques et du développement durable. « Pour l’Union européenne, promouvoir la démocratie passe ainsi désormais par le soutien au renforcement du leadership politique, notamment du leadership des femmes…Les femmes qui peuvent se présenter aux élections rencontrent de nombreux problèmes, vu que la société leur octroie souvent un rôle limité, et qu’elles font face à de nombreuses discriminations et stéréotypes. Les partis politiques ont également un rôle déterminant à jouer dans ce processus car il leur revient de mobiliser et recruter davantage de femmes en leur sein, et d’assurer leur bon positionnement sur les listes électorales. Une évolution est donc possible si des cadres juridiques appropriés sont mis en place et si la volonté politique est là pour garantir l’égalité des chances entre femmes et hommes en politique » poursuit l’Ambassadeur Olivier Nette. Notons que le colloque a été organisé dans l’optique d’analyser sur la base des résultats des recherches scientifiques menées en Afrique francophone, les enjeux du renforcement du leadership féminin.