Le Parti du renouveau démocratique (Prd) de Maître Adrien Houngbédji est-il devenu un allié encombrant voire indésirable au sein de la Rupture ? Tout porte à le croire. En tout cas, au regard de faits successifs depuis le refus de cette formation politique de se fondre dans le Bloc républicain, on peut dire, sans risque de se tromper, que l’amitié forcée des Tchoco-Tchoco à soutenir Patrice Talon est en train de connaître ses derniers jours. La récente rencontre entre chef de l’État et ses soutiens au Palais de la République au sujet de l’impasse que connaissent les législatives, a révélé au grand jour, la guerre ouverte entre alliés. Ce dimanche, sur les ondes de Océan fm, la plaie est devenue plus béate.
En écoutant Charlemagne Honfo du Prd en première heure, ce dimanche, sur l’émission socio politique ‘’Cartes sur tables’’ et par la suite Jacques Ayadji de Moele-Bénin, qui a sollicité et obtenu un droit de réponse, on peut arriver à conclure que dans la maison Rupture, ça pu. Et la blancheur des dents que les alliés du système exposent à la face du monde n’est que pure hypocrisie pour ne pas dire la bonne ambiance de façade. Et il est aisé de le remarquer. D’abord, quand en opinant sur les deux partis, Bloc républicain et Union progressiste, retenus au final par la Céna pour les législatives, Charlemagne Honfo affirme : « il s’agit d’une liste unique divisée en deux. Et dans ces conditions, au lieu de dépenser des milliards pour organiser les élections, il faudrait mieux qu’ils s’asseyent dans un restaurant pour se partager les sièges entre eux et réserver ces fonds à la construction des écoles », c’est qu’il s’adresse indirectement au chef de l’Etat sous l’onction de qui ces deux partis de la Mouvance ont vu le jour. Nul doute donc que c’est un gros pavé jeté dans le jardin Rupture dans lequel le Prd broute. Parallèlement, pour le rejet de la liste du Parti du renouveau démocratique (Prd) par la Commission électorale nationale autonome (Cena), c’est le Mouvement des élites pour l’émancipation du Bénin (Moele-Bénin) qui reçoit un tacle de Charlemagne Honfo. Le maire de la commune de Sèmè-Podji, Vice-président et Porte-parole du parti arc-en-ciel crie à un complot. En des termes à peine voilés, il accuse le jeune parti présidé par le Directeur des Infrastructures au ministère des travaux publics, d’être à la base de ce coup ourdi. Mais la réplique de son allié Ayadji ne s’est pas fait attendre. « (…) aujourd’hui dire que Moele-Bénin a été créé rien que pour éliminer le Prd. Il est allé loin en disant que nous avons mis des ordinateurs à l’intérieur de la Cena. Qu’est-ce qui prouve que quelqu’un ne serait pas allé consulter les listes et y retrouver les doublons (…). Moi j’aurais été membre de ce parti adepte et fidèle de la vérité, je vous aurais dit que nous on a mis M. Acclassato sur notre liste parce qu’il est consentant. Vous avez vu, il a évité durant toute l’émission de parler de ça ». Le président de Moele Bénin poursuit : « Dire que oui, parce que nous on ne veut pas aller aux élections, donc on a été créé seulement pour éliminer le Prd, vraiment il faut être dans le mensonge. Il faut être celui qui a détruit le monde politique au Bénin pour dire des choses comme ça ». Et au sujet du président de l’Assemblée nationale et président du Prd, Me Adrien Houngbédji, mandaté par le chef de l’Etat pour entamer des concertations afin qu’une issue soit trouvée au plus vite à la situation d’impasse électorale, Jacques Ayadji déclare : « (…) D’ores et déjà nous disons que nous ne faisons pas confiance en Adrien Houngbédji pour conduire cette mission que le chef de l’Etat lui a confiée (…) parce que le mensonge ne peut pas régler la crise. Il faut quelqu’un de véridique, quelqu’un qui est capable de dire ce qui est ; quelqu’un qui est capable de dire ‘’oui, ah vraiment les militants nous ont floués. Comment nous allons faire ? Les mêmes personnes ont donné leurs dossiers à X et ont donné leurs dossiers à Y comment on fait pour s’en sortir plutôt que de commencer par insinuer que Moele-Bénin a été créé pour faire échouer le Prd (…) Lorsque vous voyez les derniers développements (de l’actualité ndlr) où le Prd sort un communiqué. Il fait un recours dans lequel il dit certaines choses qui montrent qu’il y a quelqu’un du Prd à la Cena qui ne respecte pas son serment du secret des délibérations, ça veut dire qu’au Prd vous n’avez pas des Républicains. Vous avez des gens qui sont capables de foutre l’Etat en l’air… ». A l’analyse des différents propos, c’est ni plus ni moins un véritable clash entre alliés de la même ‘’ Mouvance’’. Et cela intervient à la suite des échanges verbaux humiliants que le chef de l’Etat et le président du Parlement ont eus en milieu de la semaine écoulée au Palais de la Marina, toujours à propos des motifs du rejet des listes Prd et Moele-Bénin. Décidément pour le Prd, est-on tenté de dire. Car, avant cette actualité, il y a eu la saignée qu’a subie le parti Tchoco tchoco en fin d’année 2018 quand il s’est opposé à sa fusion dans le Bloc républicain voulu par Patrice Talon.
Et pourtant le Prd s’accroche !
Malgré ces coups de sabot pour le pousser à la sortie et malgré les répliques à peine voilées de sa part aussi, le Prd se réclame toujours de la Mouvance présidentielle. Dans des communiqués, le parti réaffirme son soutien au Programme d’action du gouvernement. Cela paraît paradoxal voire pathétique au point où d’aucuns se demandent pourquoi les Tchoco tchoco indésirables dans la Rupture s’accrochent toujours à la fine branche ? De quoi ont peur Adrien Houngbédji et les siens pour claquer enfin la porte, prendre leur destin en main et se constituer soit centristes, soit opposants radicaux ou constructifs à la Rupture ? S’il est vrai que depuis environ 5 ans le Prd avait affirmé que quelle que soit la situation il sera du côté du Pouvoir, la situation actuelle ressemble tout de même à un supplice que le parti subit. Et pourquoi vouloir coûte que coûte se faire ami à quelqu’un qui, en son for intérieur, sait que vous n’êtes plus son ami et vous traite comme tel ? Le Prd va certainement comprendre quand viendra le moment. Et peut-être qu’il serait déjà trop tard.