Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

Edito: Que nous reste-t-il à faire ?

Publié le vendredi 15 mars 2019  |  L`événement Précis
Présidentielle
© AFP par PIUS UTOMI EKPEI
Présidentielle 2016: Ambiance dans les bureaux de vote
Dimanche 6 Mars 2016. Cotonou. Un électeur dépose son bulletin de vote à un bureau de vote à Cotonou lors des élections présidentielles
Comment


Pour l’instant, les candidats et les partis engagés dans l’élection législative du 28 avril 2019 ne pensent pas encore à l’économie. Ce qui les intéresse, ce sont les intrigues politiques. Le bas-peuple, habitué au chahut, mêle son ignorance et sa naïveté au concert des désœuvrés. Nous sommes dans l’arène de la démocratie démocratisante, celle où la politique grise tout le monde et cristallise toutes les énergies.
Non, la démocratie n’est pas inutile à la croissance économique. Selon une étude publiée en juillet 2015 par Takaaki Masaki de la Banque Mondiale et Nicolas van de Walle de la Cornell University, la croissance économique s’améliore dans les pays africains quand ceux-ci sont d’autant plus démocratiques. Les deux chercheurs sont donc parvenus à établir une véritable corrélation entre croissance économique et démocratie. Oui, les élections permettent de rationnaliser un peu la gouvernance politique, comparativement à la dictature qui, sans bride ni limite, conduit facilement les détenteurs du pouvoir à la dérive. Mais après une trentaine d’années, la démocratie béninoise ne se nourrit que de l’activité électorale. Elle ne génère pas un véritable mouvement social ou même politique vers l’économie.
A bien des égards, ce que je dis pourrait paraître absurde à ceux qui sont nourris de droit, pétris de sciences politiques et qui sont convaincus que le règne du droit assure immanquablement le développement économique. Mais je peux vous assurer qu’il n’en est rien. Malgré tous les chiffres de la croissance qui placent le Bénin dans le peloton de tête des pays africains en la matière, je fais partie de ceux qui attendent encore le vrai décollage économique. Ce n’est pas le coton ou les matières premières en général, qui développent un pays pauvre. La bonne administration des taxes et impôts, la gestion rigoureuse des finances publiques ou même la force du pouvoir judiciaire dans la lutte contre l’impunité ne sont pas capables d’induire le vrai développement, sans des choix géostratégiques mûrement opérés.
Un exemple pour situer mon propos. Le Nigeria de ces dernières années a montré des signes véritables de décollage économique, en lien avec la politique anti-corruption de l’administration Buhari. Elle a permis de boucher les trous de mauvaise gouvernance dans le pays. Mais quand on y regarde de plus près, le Nigeria est le pays qui compte l’une des populations les plus pauvres du monde : plus de 40 millions de Nigérians vivent sous le seuil minimal de pauvreté. Le pays est parvenu à dépasser l’Inde qui détenait ce triste record mondial. Bien entendu, si elles sont poursuivies, les politiques menées ces dernières années permettront de sortir le pays de cette spirale. Mais ce que j’observe même au Nigeria, c’est qu’il n’y a pas de débat sociopolitique réel sur les choix économiques d’avenir.
Les choix géostratégiques sont au début et à la fin de toute la réflexion macroéconomique. Mais ils sont délaissés au profit des actions conjoncturelles qu’impose le tohubohu politique. Les gens qui vont marcher contre telle loi électorale ou telle manœuvre politique du régime en place, sont incapables de bouger quand ils voient l’ampleur des inégalités sociales ou même l’absence d’une stratégie claire sur la question du chômage. Aucun chômeur ne marche au Bénin pour réclamer du travail, des politiques qui favorisent les stages…Vous ne verrez personne derrière vous si vous appelez à marcher pour inverser la tendance actuelle qui fait que la plupart des leviers de richesse sont détenus par l’achat-vente des produits venant d’ailleurs. Les pays occidentaux ont réglé ces problèmes économiques de base avant de s’engager dans l’aventure démocratique, c’est-à-dire qu’ils ont contrôlé les centres névralgiques de création de richesse et d’une culture nationale, avant que d’ouvrir les vannes du suffrage universel intégral.
On ne réinventera pas la roue. Nous sommes embarqués plus que jamais dans la locomotive de la démocratie électorale, sans maîtriser les leviers d’un véritable décollage économique qui assure un avenir d’indépendance à nos enfants et à notre pays. Aussi loin que remonte ma vision de demain, il nous faut une révolution culturelle pour changer le cours des choses : amener le peuple, comme les Gilets Jaunes en France, à se révolter sur des sujets économiques.

Par Olivier ALLOCHEME
Commentaires