La fin du bras de fer qui oppose depuis quelques semaines les enseignants des universités nationales du Bénin (Unb) à leur ministère de tutelle, n’est pas pour demain. L’intersyndicale l’a réaffirmé à travers une conférence de presse donnée ce mercredi 13 Mars 2019 à l’Université d’Abomey-Calavi (Uac). Au cœur de cette mésentente, la réforme des nominations des chefs d’entités et ses conséquences, et la nouvelle nomenclature en vue pour le Conseil national de l’Education (Cne). Dans leurs interventions, ils ont déploré les conditions de travail de leurs collègues nommés depuis quelques semaines, appelés à la fonction contre leur consentement. « Vous verrez des collègues qui n’arrivent pas à travailler librement. Ils ne peuvent même pas rencontrer leurs collègues avec qui ils vont discuter. Ils n’ont pas d’autorité et n’arrivent pas aussi à tourner les affaires académiques des entités. A partir du moment où les nominations ont été faites contrairement aux normes, la formation prend un coup » a déclaré le secrétaire général, Esaïe Gandonou. Au terme de la conférence qui a été suivie d’une assemblée générale des enseignants, l’intersyndicale a, au regard de la gravité de l’acte, pris des mesures pouvant permettre aux entités de fonctionner. Il s’agit d’un chronogramme qui sera défini pour doter les entités de responsables légitimes à travers des élections. Entre autres, les syndicats du supérieur prévoient déjà le blocage du système académique dans les universités, ensuite ils projettent un calendrier de déroulement des élections dans les normes afin de relancer les activités pédagogique et scientifiques bloquées pour raisons de non respect de normes. Le comble, les conférenciers ont dénoncé ne pas être impliqués dans les réformes en cours dans le domaine de l’enseignement supérieur à l’ère de la rupture et du nouveau départ. Pour le secrétaire général, Chrysla Kénoukon, les réformes engagées sont biaisées et sans diagnostic. A l’en croire, le dialogue entre le ministère de l’Enseignement Supérieur et de la recherche Scientifique et les partenaires sociaux est mis en veilleuse depuis le 31 janvier 2019, toujours selon l’intersyndicale des enseignants du supérieur.
Demande d’explication aux enseignants manifestants
Au Bénin, si vous participez désormais à une manifestation, vous avez de demande d’explication. C’est du jamais vu selon les enseignants qui se sont justifiés à la presse. « Il y a trois fonctions, qui résument la fonction enseignante au supérieur : il y a l’enseignement, la recherche et le service à la communauté. Et en participant à de telles manifestations de défense d’intérêt, vous servez la communauté. Elle doit exister avant que vous ne fonctionniez….Si nous organisons un sit-in au cours duquel nous avons adressé une déclaration que la ministre en personne est venue prendre et a délivré un message, mais par la suite, revient adresser des demandes d’explication, nous disons que l’enseignement supérieur est par terre au Bénin » a expliqué le secrétaire général Esaïe Gandonou. Pour l’intersyndicale, « quand un acquis fondamental est remis en cause, c’est la porte ouverte au scandale ».
CNE, réforme « biaisée » sans diagnostic
En sortant de son mutisme, l’intersyndicale des enseignants du supérieur qui a exprimé son désaccord face à la suspension du système de démocratisation de la gouvernance universitaire par le gouvernement de la rupture, a également exposé ses griefs contre le nouveau Conseil National de l’Education (Cne). Le Professeur Augustin Aïnamon a démontré le caractère « maladroit » du conseil. Pour lui, il s’impose un véritable diagnostic du conseil en question. « On doit avoir une structure légère qui a pour vocation de coordonner…Et d’abord, il faut s’informer de ce qui se fait pour savoir ce qu’il y a à faire… » conseille-t-il avant de dénoncer les textes qui instaurent l’institution. « Le CNE actuel installé tel ne fera rien pendant 10 ans. Il faut obligatoirement un état des lieux. Le décret sur le CNE est donc à revoir » déclare le Professeur Augustin Aïnamon. Pour lui, « si cet organe de cette grande vocation qui doit être dirigé par un président, c’est la catastrophe. Pour un organe qui a tant de pouvoir, il faut élire au moins le président » recommande-t-il. En somme, les conférenciers exigent du Conseil National de l’Education, le document qui renseigne sur le diagnostic et les perspectives de ladite réforme.