Décidément, au mot réforme au Bénin, la révolte, l’indignation et les mouvements d’humeur pointent leur nez. Probablement, effet de contagion, et à la prison civile d’Akpro-Missérété, les détenus ont carrément sorti des muscles pour faire comprendre à leurs gardiens qu’il faut savoir s’y prendre avant de restreindre davantage leur liberté. Si, évidemment, tout être en est jaloux et défend bec et ongles ses privilèges, le paradoxe est que des divorcés sociaux en viennent à vouloir des droits au même titre que les honnêtes citoyens. Pour ceux qui n’ont pas eu vent de l’insurrection et des dégâts orchestrés par les prisonniers d’Akpro-Missérété et qui veulent savoir le pourquoi, ouvrez grandement vos oreilles et sachez qu’ils défendent leur WhatsApp, leur verre de vin, leur opium, la qualité de leur repas, leurs heures de visites et surtout que les colis qui leur proviennent de l’extérieur leur parviennent sans un contrôle minutieux. Drôle n’est-ce pas ?
Comme vous, j’imagine que si c’est ça la prison, c’est plutôt un bon reposoir et beaucoup ne se gêneraient pas pour y faire des allers-retours. Sinon, à mon avis, une prison quel que soit le standing, c’est un lieu de privation, de repentance et de soumission aux normes établies. Autrement, quelle différence y aurait-il entre une maison de retraite et un pénitencier ? Avec le spectacle offert par nos détenus rebelles, je creuse mes méninges et je ne trouve presque rien. En définitive, nos prisonniers Vip exagèrent et s’il y a un conseil à leur donner, c’est de leur dire qu’ailleurs, à plus forte raison en prison, on ne fait jamais comme chez soi.
Justement, face à la situation qui a prévalu à la maison d’arrêt d’Akpro-Missérété vendredi dernier, beaucoup s’interrogent sur l’option du gouvernement de privilégier le dialogue avec les détenus. De plus, puisque, sauf erreur de ma part, ils ont commis le tort de se retrouver de l’autre côté, leur attitude pour revendiquer des privilèges liberticides a du mal à passer. Maintenant, je vois mal qu’à cause des casses, toutes les réformes prévues pour la sécurité des lieux et leur rétablissement moral soient abandonnées. Dans la mesure du possible, ils peuvent obtenir quelques améliorations de leurs conditions de détention notamment celles relatives à leur bien-être.
D’où, étant donné que personne ne se satisfait de son sort, ils feraient mieux de prendre leur mal en patience et de s’en contenter. Quoi qu’il en soit, la vie de forçat n’a jamais été facile quelque part. Seulement, il est à espérer que les régisseurs en premier et les gouvernants en second tirent leçons de la mutinerie des prisonniers d’Akpro-Missérété. Car, prévenir vaut mieux que guérir et des prisonniers dangereux qui, à de pareilles occasions, s’échappent, c’est parti pour des heures d’insomnie sur le plan sécuritaire. Raison pour laquelle, si nos prisonniers Vip veulent imposer leurs désidératas au dispositif pénitencier, qu’ils n’oublient surtout pas que leur liberté finit là où commence celle des autres.
La preuve, si cette fois-ci, du côté de la maison d’arrêt la plus moderne du Bénin, le pire a été évité, c’est dû en grande partie au professionnalisme des gardiens et de la hiérarchie policière. Mais, dans des situations confuses, le diable n’est jamais loin. Et donc, que nos prisonniers prennent garde et qu’ils sachent que dans un contexte où les Béninois ont d’autres chats plus sérieux à fouetter, leurs exigences liberticides et leurs casses ne sont pas les bienvenues. Alors, bagnards de l’autre côté d’Akpro-Missérété, sachez tout simplement raison garder !
Angelo DOSSOUMOU