Hier sur une chaîne de télévision privée, le porte-parole du Front des trois ordres de l’enseignement, Lucien Glèlè-Langanfin, a, dans une déclaration, appelé tous les enseignants à une rétention des résultats de toutes les évaluations scolaires.
Dans le même temps, les Directeurs des établissements publics d’enseignement primaire de la Commune de Calavi ont fermé les portes de leur école.
C’est fini. L’accalmie qui caractérisait, il y a quelques mois, l’école béninoise est à son terme. Et les mouvements de protestations qui ont secoué pendant plusieurs mois, l’année scolaire écoulée, planent de nouveau sur l’éducation au Bénin. Le Front d’action des syndicats des trois ordres d’enseignement, dans une déclaration publiée dans les colonnes d’organes de presse et appuyée par une sortie du porte-parole du Front hier sur une chaîne de télévision privée, est, en effet, monté au créneau. Il est monté au créneau pour dénoncer «les nouvelles défalcations effectuées sur les salaires du mois de février 2013 par le gouvernement en représailles aux deux journées de grève d’avertissement des 11 et 12 décembre 2012». Dans leur déclaration, les syndicalistes s’insurgent contre la politique des «traditionnelles fuites en avant» du gouvernement qui se refuse au dialogue. Et appellent à une rétention des résultats de toutes les évaluations scolaires. Cet embargo, à en croire Lucien Glèlè-Langanfin, vise à obliger le gouvernement à revenir à la table de négociation en vue de la satisfaction des revendications des enseignants de la maternelle, du primaire et du secondaire.
Le 2011-505 du 05 août 2011, le nerf de la guerre
Le bras de fer gouvernement/syndicats à rebondissement qui fait planer depuis l’année scolaire écoulée, des menaces sur l’école béninoise tire sa source d’un décret présidentiel. Le décret 2011-505 du 05 août 2011 portant institution d’un coefficient de revalorisation des indices de traitement des agents de l’Etat. Par manque de précision, ce décret a suscité une vive polémique aux conséquences désastreuses pour l’école, entre le gouvernement et les enseignants. Ces derniers réclamant la jouissance des avantages de l’acte présidentiel, ont mené plusieurs mouvements de grève jugés illégaux par les autorités qui ont effectué des défalcations sur salaires. Et la crise perdurant, à la jouissance du décret s’est greffée la rétrocession, sans délai, «des défalcations arbitraires opérées sur salaires pour fait de grève». Les principales revendications pour lesquelles, le Front décide d’un embargo sur tous les résultats d’évaluations scolaires à compter du 28 février 2013.
Les portes des circonscriptions scolaires de Calavi et Sô-Ava fermées
Dans la matinée d’hier lundi, les portes de la plupart des circonscriptions scolaires de la commune de calavi étaient hermétiquement fermées. Et, alors qu’il ne sonnait pas encore l’heure de la recréation, ce sont les directeurs des écoles publiques d’enseignement primaire des circonscriptions de Calavi 1, 2, 3 et de So-Ava, qui ont pris d’assaut les cours d’école. Abandonnant élèves, craies et salles de cours, les chefs d’établissement, révoltés contre leurs autorités de tutelle, ont manifesté leur mécontentement hier. Mécontentement dû au retard accusé dans la mise en place des subventions de l’Etat. «Nous sommes en train d’entamer le sixième mois de l’année sans la moindre subvention de l’Etat, or les écoles ont des charges», a précisé un manifestant qui appelle les autorités à prendre leur responsabilité. Et le «Docteur Yayi Boni qui a décrété la gratuité de l’école» est bien le premier interpellé pour qu’une solution soit trouvée au plus vite. Sinon, les portes des établissements resteront fermées. Et ce, jusqu’à nouvel ordre.
Avec l’embargo, du Front sur les résultats et les directeurs d’établissement primaire public sur les portes d’accès, les mouvements de protestations sont de retour dans le secteur éducatif. Cela, jusqu’à quand? On ne saurait le dire.