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Interdiction de sit-in du 21 Mars dernier: L’Intersyndicale des Unb exige la démission de Attanasso

Publié le lundi 25 mars 2019  |  L`événement Précis
Marie-Odile
© Autre presse par DR
Marie-Odile Attanasso la Ministre de l`Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (MESRS) communique
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Les enseignants des Universités Nationales du Bénin (Unb) ne baissent pas les bras dans la lutte qui les oppose depuis quelques mois à leur ministre de tutelle. A travers une déclaration rendue publique, leur intersyndicale exige la démission de Marie-Odile Attanasso, suite à l’interdiction de leur sit-in prévu pour le 21 mars 2019. En plus de cette revendication, les enseignants ont rappelé au Chef de l’Etat et son gouvernement les principales exigences des universitaires. Il s’agit du retrait du décret 2018-441 du 20 septembre 2018 portant suspension des élections dans les Unb, ensuite de l’annulation de toutes les nominations et la reprise des élections des chefs d’établissement dans toutes les Unb, et enfin de la révision du décret portant création du Conseil National de l’Education (Cne) et un meilleur recentrage des attributions de cette structure sur la base d’un diagnostic approfondi du système éducatif béninois conduit obligatoirement avec la participation des partenaires sociaux, notamment l’Intersyndicale des Unb. L’Intersyndicale réaffirme que la démocratie universitaire n’a conduit à aucune crise majeure au Bénin. Au contraire, elle a induit des progrès visibles à partir de 2006 notamment, et nos universités ne s’en portent pas plus mal sur le plan des investissements dans les infrastructures et dans la recherche avec des niveaux sans commune mesure avec le passé. (Lire l’intégralité de la déclaration)

Emmanuel GBETO



DÉCLARATION

– Vu la déclaration rendue publique et transmise à Madame la Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique (MESRS) au cours du sit-in tenu le 31 janvier 2019 pour exiger, entre autres, l’annulation de la suspension des élections dans les UNB, un acquis fondamental des universitaires en vigueur depuis plus de 35 ans au Bénin ;

– Considérant que, dans le souci de permettre aux autorités du MESRS et au gouvernement de mener des réflexions approfondies en vue de faire reprendre les élections dans les UNB, un moratoire d’un mois leur a été accordé ;

– Considérant que, pendant le moratoire, le gouvernement a affiché un grand mépris face aux revendications des enseignants du supérieur et a refusé tout dialogue ;

– Considérant qu’en lieu et place de la recherche de conditions favorables pour mener un dialogue franc face à la crise, le gouvernement a décidé de multiplier les mesures arbitraires et oppressives contre les enseignants du supérieur ;

– Considérant les actions graves menées suite au sit-in du 31 janvier 2019 par le MESRS visant à recenser les enseignants du supérieur ayant pris part à cette manifestation et les demandes d’explication adressées à un groupe ciblé d’enseignants, en relation avec ledit sit-in ;

– Considérant que les deux arrêtés de la Préfecture et de la Mairie de Cotonou (Arrêté préfectoral Année 2018 N° 8/0083/DEP-LIT/SG/SP du 3 mars 2018 ; Arrêté municipal Année 2019 N° 036/MCOT/SG/SGA/DSAP/DASAP/SACCT du 15 mars 2019), brandis par le MESRS pour interdire la tenue d’un deuxième sit-in, sont anticonstitutionnels et dignes d’une époque révolue et des régimes de terreur que le peuple béninois a toujours combattus et vaincus ;

Les enseignants du supérieur, réunis au sein de l’Intersyndicale des Universités Nationales du Bénin, viennent, par la présente déclaration, réaffirmer leur ferme désapprobation de la suspension des élections dans les UNB.

Ils font l’amer constat qu’au lieu de prendre des mesures pour mettre un terme à la crise, Madame la Ministre multiplie des actes graves qui n’expriment rien d’autre que sa volonté de détruire l’enseignement supérieur public. En effet, alors que l’Intersyndicale s’attendait à un signe d’apaisement de sa part après le sit-in du 31 janvier 2019 et l’ouverture du dialogue, Madame la Ministre a préféré des actes agressifs et la persécution des enseignants du supérieur, à travers des travaux de recensement des manifestants au sit-in du 31 janvier 2019 et des demandes d’explications adressées à une prétendue liste d’enseignants qui sont appelés à justifier leur participation à cette manifestation.



Si la participation à un sit-in par un enseignant du supérieur vaut une demande d’explication, il devient aisé de déduire le but ultime de la suspension des élections dans les UNB : Madame la Ministre et le gouvernement sont en train de mettre en œuvre leur plan de liquidation des libertés publiques. Et, tout porte à croire que le gouvernement tient à perpétrer cette remise en cause des libertés à partir des espaces universitaires.

Pour tout enseignant du supérieur, il y a trois grandes attributions comme partout dans le monde : enseigner, mener des travaux de recherche et SERVIR LA COMMUNAUTE. En conséquence, défendre les libertés fondamentales et la démocratie est le plus sacré des droits des universitaires dans toute communauté. Le gouvernement ne peut pas ignorer que c’est en pleine conscience de ce droit que les enseignants du supérieur ont massivement pris part au sit-in du 31 janvier 2019.

L’Intersyndicale tient à rappeler qu’en 2013-2014, lorsque des actes graves de persécution ont été exercés sur les principaux acteurs du régime actuel, les enseignants du supérieur, sur la base de leurs obligations statutaires qui leur imposent la défense des libertés, ont manifesté leur totale désapprobation à travers des déclarations, des communiqués, des motions de grève et autres actions. Ils ont poursuivi ces manifestations jusqu’à l’élection présidentielle de 2016. Ce faisant, comme les archives en témoignent, les enseignants du supérieur ont démontré une fois encore, comme dans les années 80 et avant, leur ferme attachement aux libertés fondamentales, socle de toute vie épanouie et du progrès social. Ils ne peuvent pas faire autre chose en ce moment où tout indique que les libertés sont restreintes à commencer par les atteintes portées à la démocratie universitaire.

L’Intersyndicale réaffirme que la démocratie universitaire n’a conduit à aucune crise majeure au Bénin. Au contraire, elle a induit des progrès visibles à partir de 2006 notamment, et nos universités ne s’en portent pas plus mal sur le plan des investissements dans les infrastructures et dans la recherche avec des niveaux sans commune mesure avec le passé.

Les enseignants du supérieur sont maintenant parvenus au malheureux constat que les actes graves posés par Madame la Ministre ces dernières semaines sont la preuve qu’elle méconnaît les normes et pratiques de l’enseignement supérieur, en particulier la riche histoire de la démocratie universitaire au Bénin.

En conséquence, et dans le souci de faciliter une sortie rapide de la crise, les enseignants du supérieur exigent la démission de Madame la Ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Scientifique, Marie-Odile Attanasso, et un message d’excuses à tous les enseignants à qui elle a adressé des demandes d’explication.

En plus, ils rappellent au Chef de l’Etat et son gouvernement les principales exigences des universitaires à savoir :

1- le retrait du décret 2018-441 du 20 septembre 2018 portant suspension des élections dans les UNB ;

2- l’annulation de toutes les nominations et la reprise des élections des chefs d’établissement dans toutes les UNB ;

3- la révision du décret portant création du Conseil National de l’Education (CNE) et un meilleur recentrage des attributions de cette structure sur la base d’un diagnostic approfondi du système éducatif béninois conduit obligatoirement avec la participation des partenaires sociaux, notamment l’Intersyndicale des UNB.

L’Intersyndicale invite tous les enseignants du supérieur en position de commandement en ce moment à éviter de se faire complices de la remise en cause des libertés publiques, un principe essentiel dont les enseignants du supérieur du Bénin sont, à toutes les époques, les premiers défenseurs.

En tout état de cause, les enseignants du supérieur sont prêts à doter dans les plus brefs délais toutes les entités de responsables légitimes afin de renouer avec le fonctionnement régulier de nos universités. Ils tiennent, par ailleurs, seul le gouvernement pour responsable de toutes les déconvenues qu’engendrerait sa volonté d’opérer, par un coup de force, une liquidation de la démocratie universitaire et des libertés fondamentales.

Une fois encore, les enseignants du supérieur disent unanimement,

«OUI POUR LA DEMISSION DE MADAME LA MINISTRE, MARIE-ODILE ATTANASSO»

et

« NON A LA NOMINATION DES CHEFS D’ETABLISSEMENT »

Vive l’Intersyndicale des UNB !

Vive l’Université au service du développement !

Vive les UNB !

Vive le Bénin !

Cotonou, le 21 mars 2019

Pour l’Intersyndicale des universités nationales du Bénin
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