La rentrée judiciaire qui relance les activités juridictionnelles au Bénin est intervenue jeudi 31 octobre 2013 à la Cour suprême à Porto-Novo. Ouverte sous le thème « La grève en milieu judiciaire », elle a réuni la grande famille judiciaire en une audience solennelle présidée par le chef de l’Etat, Yayi Boni.
Membres du gouvernement, présidents d’institutions, invités de marque ont répondu présents à cette cérémonie. Abordant le thème de la rentrée judiciaire, le président de la Cour suprême Ousmane Batoko s’est interrogé sur les causes et les raisons qui conduisent le plus souvent le personnel judiciaire dans ses composantes, à exercer son droit constitutionnel de grève. A cet effet, pour étayer ses propos, il a évoqué entre autres la protestation contre les nominations jugées irrégulières par des magistrats, prononcées par le Conseil des ministres sur avis conforme du Conseil supérieur de la magistrature ; la suspension de l’exécution des décisions de justice rendues en matière domaniale décrétée par le gouvernement en 2007 pour des raisons de politique sociale ; des revendications d’ordre matériel ou financier. Pour lui, la Cour suprême n’ignore point que l’exercice du droit de grève est garanti au Bénin par les dispositions de l’article 31 de la Constitution. Mais faut-il se demander si la noblesse de ce métier ne contraste pas avec certaines formes d’agitation, de fébrilité et d’impatience qui caractérisent les syndicats de la maison justice, a déclaré le président Ousmane Batoko. Certes la justice est un service public, mais elle n’est pas un service public ordinaire, a-t-il ajouté avant d’appeler les acteurs du monde judiciaire à prendre des dispositions nécessaires afin d’assurer la continuité du service public. « Nous devons prendre conscience de ce que nous animateurs de la justice, représentons un pouvoir et nous affirmer comme tel, en évitant de nous banaliser, de désacraliser notre fonction, en nous confondant au commun des agents de l’Etat », a déclaré Ousmane Batoko. A la suite du président de la Cour suprême, l’assistance a eu droit à l’intervention du chef de l’Etat, le président Yayi Boni. Dan son intervention, il a fait le lien entre la justice et la démocratie qui constituent l’épine dorsale d’un Etat de droit. Le premier magistrat a profité pour partager avec l’assistance l’expérience des grandes démocraties comme la France, le Sénégal, l’Afrique du Sud et bien d’autres pays où l’exercice du droit de grève est refusé aux magistrats. Il les a enfin invités à y réfléchir.