Les parents paniquent, les médecins rassurent
Le gouvernement béninois a l'instar d'autres pays africains, a initié du 5 au 11 mars dernier, une campagne nationale de vaccination contre la rougeole et la rubéole au profit de 5.142.466 enfants âgés de 9 mois à 14 ans révolus sur toute l'étendue du territoire national. En plus des vaccins, 1 million 786 enfants âgés de 9 mois à 5 ans ont reçu un supplément de vitamines A. Mais quelques jours après cette opération, comme en des situations pareilles, quelques cas de Manifestations adverses post injections (Mapi) sont enregistrés chez certains enfants. Les parents des enfants ont-ils des raisons de s'affoler comme c'est le cas actuellement?
De persistantes rumeurs et inquiétudes sont notées dans le rang de certains parents au lendemain de la récente campagne nationale de vaccination contre la rougeole et la rubéole. C'est le cas par exemple de dame Estelle K, mère d'une fille de 5 ans et restauratrice de bar à Fidjrossè Cotonou. «Franchement, je ne comprends rien. Mon enfant se portait quand même très bien. Quelques jours après la vaccination, non seulement elle souffre de la fièvre, et de petits boutons apparaissent sur le corps du garçon de ma voisine», s'est-elle désolée. Un autre parent, pour mieux exprimer son amertume face à la situation, le sieur Irénée A. placarde sur sa page Facebook, le mardi 19 mars 2019: « Le vaccin contre la rougeole a créé plus de problèmes chez les enfants au lieu de les préserver contre le mal». Mais le sieur Paul A., écrit en commentaire sur la même page ‘'L'une des plus grandes aspirations de toute Nation, en collaboration ou non avec les Ptf est la santé humaine en particulier celle des enfants''. Outre la dame Estelle et le sieur Irénée, des commentaires vont bon train et la panique semble être généralisée chez beaucoup d'autres parents. L'écoute des émissions interactives sur certaines stations de radio en disent long.
Même si les inquiétudes et réactions des parents de ces enfants ayant présenté quelques cas de manifestations adverses post injections sont fondées, la situation semmble sous contrôle et il n'y pas encore péril en la demeure. En effet, pour le Docteur Rodrigue Kohoun, Chef Service de la Santé publique à la direction départemental de la santé du Littoral, c'est très important de rassurer les parents pour qu'ils ne paniquent pas. « Parce que, même les enfants qui ont eu à développer la rougeole après l'injection des doses de vaccin, on est certain qu'ils ont maintenant développé des anticorps pour se prémunir contre cette maladie. Ce n'est pas du tout inquiétant. Dans tous les cas, les complications liées à l'injection du vaccin contre la rougeole ou la rubéole, particulièrement, la fièvre et les éruptions cutanées sont d'abord moins graves, ensuite réversibles et enfin, l'enfant en guéries sans séquelles », a-t-il rassuré.
Il renchérit que, lorsqu'on vaccine les enfants contre la rougeole et la rubéole, il est possible que dans 5 à 10% des cas, des enfants développent de la fièvre ou des éruptions sur le corps, une forme de rougeole qui rassure. « Car leur organisme a réagi et a fabriqué des anticorps de façon massive pour lutter contre le vrai virus lorsque les enfants vont se retrouver en contact avec les virus de la rougeole ou de la rubéole », a-t-il ajouté.
Même le «Manuel mondial pour la surveillance des manifestations post-vaccinales indésirables'' Mapi) » de l'Organisation mondiale de la Santé 2015 (révisé en Mai 2016) en ce qui concerne les événements concomitants en témoigne. Un extrait de ce document stipule : « Un événement peut se produire en même temps que la vaccination et, quelquefois, être attribué à tort au vaccin. En d'autres termes, une association temporelle due au hasard (c'est-à-dire un événement qui se produit après une vaccination) est considéré à tort comme dû à la vaccination. De telles associations temporelles sont inévitables étant donné le grand nombre de doses de vaccins administrées, en particulier lors de campagnes de vaccination de masse ».
Abondant dans le même sens, Alain Benoît Dovonon, Infirmier d'Etat et responsable du dispensaire du centre de santé de Djomèhountin à Cotonou a également confirmé les faits. «Effectivement, après la campagne, nous avons reçu quelques cas et des Mapi, mais des Mapi mineures, qui ont rapidement été prises charge». Il y a aussi deux ou trois cas de rougeole à de divers degrés que nous avons reçus. Il y avait donc des enfants qui avaient déjà souffert de la rougeole ou qui étaient en cours de faire la rougeole. Dans ce cas, pour lui, il est normal qu'il y ait des réactions chez l'enfant après l'injection. Il a aussi précisé que la zone sanitaire du Littoral était déjà dans le cas, de même que Dékoungbé et Godomey dans la commune d'Abomey-Calavi, avant la campagne. C'est pourquoi, il exhorte les parents à ne pas s'affoler, car des dispositions sanitaires sont prises pour gérer au mieux ces différents cas après l'opération.
Au regard, des éclaircissements de ces spécialistes face à la polémique autour des effets secondaires qui se manifestent chez certains enfants après la vaccination contre la rougeole et la rubéole, il est donc clair que les parents concernés peuvent rester tranquilles et suivre les conseils pratiques à eux prodigués.
Conseils et mesures urgentes
Lorsque ces cas se présentent chez des enfants après la vaccination, le Docteur Rodrigue Kohoun et l'Infirmier d'Etat Alain Benoît Dovonon, rappellent aux parents les conduites à tenir et les urgences. « Nous avions communiqué pendant la campagne, que lorsqu'un enfant sent un malaise, ou une fièvre par exemple ou des éruptions sur le corps ou tout autre malaise, que les parents l'amènent immédiatement au centre de santé public, le plus proche pour signaler aux agents de santé, pour qu'on les oriente vers les hôpitaux retenus pour qu'ils soient pris en charge gratuitement», ont-ils laissé entendre. Ici, témoigne, dame Paulette G., mère d'un garçon de 6 ans et maîtresse couturière à Sikècodji Cotonou: «C'est vrai. Avant la vaccination, on nous avait conseillées de prendre ces dispositions utiles. Et bizarrement, mon garçon a eu des boutons sur son corps. Automatiquement, je m'étais rendue à l'hôpital avec lui. Il a été soumis à des soins et gratuitement. Actuellement, il se porte bien.
Rappel et statistiques utiles
Rappelons que selon le Docteur Jean-Pierre Baptiste, représentant de l'Oms et de l'Unicef au cours du lancement de cette campagne à Allada, après le paludisme, les diarrhées et les infections respiratoires, la rougeole maladie virale très contagieuse continue d'être l'une des principales causes de décès des enfants, malgré l'existence d'un vaccin simple, efficace et bien toléré. Selon ces propos, « Les efforts fournis par les pays africains et les partenaires, dans le cadre du plan stratégique d'élimination de la rougeole initié conjointement par l'OMS et l'UNICEF ont permis à l'Afrique d'aboutir à une réduction de plus de 92% des décès liés à la rougeole en 2008. Mais, en raison des baisses de performances notées ces dernières années dans la plupart des pays pour la vaccination systématique, une résurgence est notée pour les cas de la rougeole. Pour cela, l'OMS a enregistré en 2017, au plan mondial, une augmentation des cas de rougeole de 30% par rapport à l'année 2016 avec 110.000 décès dus à la rougeole. Aussi, il ajoute que les cas confirmés de rougeole sont passés du simple au double de 2016 à 2017 pour être multipliés par 7 en 2018 avec 305 cas confirmés au laboratoire, en raison des multiples foyers épidémiques qu'a connu le pays.
Propos du Dr Kohoun sur la situation
« L'injection du vaccin dans l'organisme, le vaccin provoque certaines réactions. Ces réactions vont permettre à l'organisme l'ayant reçu de s'adapter et fabriquer des anticorps pour mieux lutter contre la vraie maladie lorsque le vrai virus va être en contact avec son organisme. Et donc lorsqu'on vaccine les enfants contre la rougeole et la rubéole, il est possible dans 5 à 10% des cas que ces enfants développent de a fièvre ou des éruptions sur le corps, une forme de rougeole qui rassure, car leur organisme a réagi et a fabriqué les anticorps de façon massive pour lutter contre le vrai virus lorsque les enfants vont se retrouver en contact avec les virus de la rougeole ou de la rubéole. Nous avions communiqué pendant la campagne pour que lorsqu'un enfant sente un malaise, ou une fièvre par exemple ou des éruptions sur le corps ou tout autre malaise, que les parents l'amènent immédiatement au centre de santé public le plus proche pour le signaler aux agents de santé pour qu'on les oriente vers les hôpitaux retenus pour qu'ils soient pris en charge gratuitement.
Il est très important de clarifier un certain nombre de points. Si le Gouvernement a décidé d'organiser cette campagne, c'est parce qu'il y a eu d'abord du retard et puis après tout le pays était en épidémie de rougeole. Il y avait des foyers de rougeoles dans presque toutes les communes du Bénin. Il y avait donc des enfants qui avaient déjà fait des rougeoles ou qui étaient en cours de faire la rougeole. Soit ils étaient en phase d'incubation. Dans ce cas, lorsqu'on introduit ce vaccin dans leur organisme, la réponse devient assez bouillante et ils peuvent faire la rougeole. Il y a des cas de coïncidence de rougeole et les cas de Manifestations adverses post injections (Mapi) vaccinales. Dans tous les cas, que ce soit une Mapi par coïncidence ou une Mapi avérée, c'est-à-dire un effet secondaire indésirable avérée ou par coïncidence, il est demandé que systématiquement, lorsque les parents sont en face d'une telle situation puissent faire des diligences. C'est très important de rassurer les parents pour qu'ils ne paniquent pas. Parce que même les enfants qui ont eu à développer la rougeole après l'injection de doses de vaccin, on est certain qu'ils ont maintenant développé des anticorps pour se prémunir contre cette maladie. Ce n'est pas du tout inquiétant. Dans tous les cas, les complications liées à l'injection du vaccin contre la rougeole ou de la rubéole, particulièrement, la fièvre et les éruptions cutanées sont d'abord moins graves, ensuite réversibles et enfin, l'enfant en guéries sans séquelles.
Il y a d'autres manifestations de types allergiques et sont graves. Nous savons très bien si vous êtes allergiques à un produit, que cela soit un médicament ou un vaccin ou une nourriture, lorsque vous êtes en contact de cela, votre organisme va manifester brillamment un certain nombre de symptômes. Pour ces cas, ils se signalent généralement quelques minutes à quelques heures, maximum 24 heures après l'injection vaccinale. Nous avons eu quelques cas d'allergies qui ont été bien prises en charge et ces enfants guéris sans séquelles.
Je voudrais également préciser que les éruptions cutanées post injections vaccinales interviennent généralement entre le 5è et le 12 jours après que l'enfant ait reçu le vaccin. Donc c'est normal que jusqu'à présent (mardi 19 mars 2019 ndlr), car la campagne a pris fin, il y a peine une semaine, que quelques enfants développent de la fièvre ou des petits boutons qui apparaissent sur leur corps.
Je tiens à rassurer les parents que les enfants qui ont eu à manifester ces effets non seulement ne courent pas des séquelles parce que quand ils vont dans les centres de santé, ils seront pris en charge gratuitement et les enfants vont guérir. Et pour ces enfants on est certain qu'ils sont immunisés et sont protégés de façon permanente et indéfiniment contre la rougeole et la rubéole»
Propos recueillis et transcris par Antonin HOUNGBADJI