Pour éclairer l’opinion publique nationale au sujet de la coupure d’électricité intervenue jeudi 21 mars, le ministre de l’énergie jean Claude Houssou a rencontré la presse vendredi dernier. Au nombre des raisons évoquées, il déplore la rupture de la fourniture de l’énergie électrique en provenance du Nigéria qui se combine à une défaillance interne au système de distribution de l’électricité au plan local. Lisez ci-dessous, l’intégralité de sa déclaration.
Extrait des propos du ministre Dona Jean-Claude Houssou
« Par apport à la situation, je voudrais qu’on note que cette interruption différente de celles dont on avait souffert, sont dues à deux événements concomitants. C’est pourquoi j’ai décidé de vous rencontrer pour vous rendre compte pour deux raisons. Premièrement, la transparence par rapport à ce qui se passe, et deuxièmement vous rassurer des dispositions qui sont prises depuis bientôt trois ans par le gouvernement.
Alors de quoi s’agit-il ? Vous savez que notre pays est structurellement déficitaire en matière d’énergie. Nous avons toujours malheureusement importé notre énergie à plus de 90% et dont la provenance prioritaire est le Nigéria, secondairement le Ghana. Donc vous imaginez que la détermination du gouvernement pour prioriser le secteur de l’énergie dans le cadre du Pag, qui constitue près de 10% de l’ensemble des projets phares, soit légitime et de nature à conjuguer au passé les difficultés que nous avions rencontrées dans notre pays pendant ces dernières années.
Deux choses nous ont amenés à cette situation qui est en cours de règlement et donc vous pouvez avoir encore quelques soubresauts parce qu’un système électrique est quelque chose de très complexe. Nous avons donc eu, par notre fournisseur principal du Nigéria, un effacement autour de 22h 30. Un effacement signifie que pendant qu’il nous livrait environ 240 Mw, instantanément c’est passé à zéro. Quel que soit le pays du monde, quelle que soit la performance du système électrique, dans le monde quand ça passe à zéro c’est que ça passe à zéro. Après on le constate et on met en oeuvre des moyens de substitution. Nous avons eu cet effacement qui de manière concomitante s’est associé à un dysfonctionnement que nous avons eu sur notre réseau électrique interne. Ce qui a fait que les mesures que nous avons prises pour substituer à la grosse partie de l’énergie que nous recevions n’ont pas été fonctionnelles du fait de ces difficultés sur notre réseau.
Vous me permettrez de rappeler que tout système électrique a trois grands domaines. S’il y a un des domaines qui est défaillant, il n’y aura pas d’électricité pour les utilisateurs finaux. Nous avons la production, ensuite le transport et enfin la distribution. Vous avez vu la détermination du gouvernement qui se traduit aujourd’hui par la construction de la première centrale de 120 Mw dont on a démarré d’ailleurs le premier moteur ; les tests se poursuivent actuellement puisqu’il faut 6 à 7 jours pour pouvoir régler précisément un moteur. Après le premier on va lancer le deuxième et ainsi de suite jusqu’au septième. Et si tous les paramètres sont conformes on lancera l’utilisation complète de la centrale.
Cette décision prise depuis avril 2016 se traduit déjà par la construction de cette première centrale et il y en a deux autres derrière qui vont se poursuivre, notamment une autre de 127 Mw et une troisième de 25 Mw. Tout ça d’origine thermique avec priorité comme gaz à utiliser. Le gouvernement a décidé d’avoir un mixe énergétique responsable, c’est pourquoi le deuxième projet phare du secteur de l’énergie est consacré aux énergies renouvelables. Pour la première fois dans notre pays, nous allons également utiliser véritablement le système solaire pour produire de l’énergie. C’est pour cela qu’une centaine de Mw a été décidée d’être construite en centrale pour produire de l’électricité. C’est en branle aujourd’hui. Donc la production, nous sommes bien engagés dessus et ça avance.
Le deuxième volet, c’est le transport de l’énergie par le réseau électrique. Mais notre souci est que nous avons un réseau électrique vétuste. Une bonne partie date même des périodes des indépendances avec pour conséquence, des pertes d’énergie énormes. Nous avons l’un des taux de perte les plus élevés de la sous-région. Nous étions à notre arrivée autour de 24% alors que les meilleures performances sont autour de 14% ou 15%. Nous avons lancé des actions concrètes et de 2016 à 2018 déjà, nous avons gagné presque 1,5%. Nous sommes autour d’environ 22% aujourd’hui qui montre que la dynamique est bonne. Ce réseau est un domaine éminemment capitalistique. Pour rattraper tous les manques d’investissement depuis 50 ans en un seul coup, il faudrait investir 2500 milliards Fcfa pour rénover complètement le réseau. Donc ce n’est pas quelque chose qui peut se faire en un jour, en un mois ou en un an. C’est pourquoi très tôt le gouvernement s’est investi en mettant en priorité ce secteur et certain nombre de choses ont été déjà faites. Je peux vous donner deux exemples : en l’espace de deux ans et demi nous avons augmenté notre réseau en la rénovant de près de 17%, réseau haute tension, réseau basse tension également de plus de 15% qui m’amène même à dire que si on divisait ces taux par 10 et que par an on arrivait à les effectuer depuis 50 ans, le Bénin sera le pays le plus mailler et dont le système électrique serait le plus performant en Afrique. (…)
Le gouvernement aujourd’hui est décidé avec une vision claire pour anticiper les choses. Voir d’ici 5, 10, 15 voire 20 ans quels seront nos besoins, quelles seront les évolutions en matière démographique, en matière de tissu industriel pour pouvoir anticiper les choix d’investissement.
Ce que nous vivons aujourd’hui pour moi n’est pas justifiable. Tant que les souffrances de nos concitoyens sont énormes il n’y a pas de justification à ça. Ce qu’il faut noter, c’est la détermination du gouvernement à faire en sorte que nous traitions avec la plus grande célérité les difficultés observées.
Le défaut principal qui a provoqué cet effacement que nous avons eu a finalement été identifié ce matin à 8h 30. Quand il y a un défaut comme ça sur un réseau haut tension, des équipes sortent et parcourent les réseaux. Ils peuvent parcourir sur 100 km, 200 km voire 500 km pour trouver l’endroit où se trouve la difficulté, sans quoi ils ne peuvent pas apporter la solution. Donc nous sommes contents qu’ils aient finalement trouvé cette panne qui est au pylône 17 sur la ligne Ikédja-Sakété et qu’immédiatement les équipes ont été mises en branle pour traiter cette avarie afin que nous retournions dans de bonnes conditions.
Ce qu’il faut noter, c’est que le gouvernement a fait énormément en trois ans dans ce secteur et vous avez vu un certain nombre de résultats. Si je prends le temps de coupure de 75h en 2015 à moins de 17h aujourd’hui, le temps de traitement des pannes qui est passé de 10,6h en 2015 à autour de 2,3h aujourd’hui et nous poursuivons. Ces éléments montrent que les décisions qui ont été prises par le gouvernement il y a trois ans et dont on continue la mise en oeuvre sont des décisions justes. »