Actuellement, ils sont au moins quatre. Constitutionnalistes, publicistes tous bardés de diplômes leur donnant droit à une prééminence dans l’analyse et l’éclairage des lanternes juridiques. Quand, en matière de Droit public, Ibrahim Salami, Joël Aïvo, Dandi Gnamou et Victor Topanou se prononcent, on devrait pouvoir leur donner le bon Dieu sans confession. Mais voilà, face à une équation électorale, nos érudits ont trouvé les moyens de se contredire et de se médire. A l’épreuve de l’objectivité, nos juristes visiblement confondus aux chapelles politiques, n’ont rien à envier aux avocats du diable et aux pyromanes. Déjà, de l’opportunité de réviser l’article 80 de la Constitution du 11 Décembre 1990 pour éviter les nuages qui s’amoncellent dans le ciel des législatives de 2019 inclusives, ils sont tous en désaccord.
Entre nos juristes qui, mordicus, pensent qu’il faut éviter d’instrumentaliser notre Constitution pour ne pas s’enliser dans la crise et ceux qui défendent le respect de la légalité ou la solution du consensus pour sauter le verrou de l’article 80, c’est tout un charivari. Grosso-modo, la science, celle-là où tout le monde sait que ‘‘2 plus 2’’ font 4 a déserté le forum. Sinon, comment comprendre, dans un contexte où on ne saurait parler de la lutte des écoles, que non seulement les avis de nos juristes divergent mais aussi qu’ils ressemblent étrangement aux positions défendues par les camps en conflit. Finalement, à la recherche d’une solution pour sortir de l’impasse, en dehors des bras de fer proposés à l’hémicycle, depuis peu, nos oreilles s’accoutument aux ‘‘tac au tac’’ version juridique qui découlent des logiques qui n’ont absolument rien de Mathématiques.
Evidemment, le Droit est une science sociale spécifique qui laisse assez de place à l’interprétation et à la subjectivité. Mais, dans ce cas-ci, je persiste à croire qu’au nombre de nos éminents juristes, il y en a qui aiment des contournements longs et inutiles. Un peu comme ces gens qui au lieu d’aller droit au but, préfèrent s’abonner aux cachoteries. Maintenant, sans vouloir prétendre être plus juriste que nos juristes en vogue, je crois bien que l’exception n’est pas la règle.
Ceci, pour simplement dire que face à une situation qui nécessite une rallonge de temps, la solution qui vaille n’est ni la précipitation encore moins des échelles pour sauter les murs juridiques. Au risque de se fracasser des membres, il me semble qu’il faut chercher la clé du portail qui donne accès à la maison de l’ouverture. Et là, en toute sérénité, la famille politique se retrouve, corrige ce qui peut encore l’être avant de se mesurer dans les urnes. Sinon, j’ai bien peur que les raccourcis préconisés à tête chaude et sous une pression populaire suscitée ne nous conduisent dans un autre guet-apens.
En conséquence, au-delà du Droit et d’un fétichisme autour de la Constitution du 11 Décembre dont seuls nos juristes peuvent expliquer les motivations, il ne nous reste que le bon sens pour trancher dans l’intérêt du peuple. C’est d’ailleurs pour cette raison que j’inviterai nos députés toutes tendances confondues à faire fi de leurs émotions. Car, au grand jamais, on ne gouverne avec. Alors, que nos juristes se calment. Quoi qu’ils fassent, c’est le peuple à travers ses représentants à l’Assemblée nationale qui aura le dernier mot. Et de deux maux pourvu que ça soit le moindre.