Dr Baba Soumaré est le coordonnateur régional du Centre des urgences pour les maladies animales transfrontalières au Bureau régional de la Fao pour l’Afrique. Rencontré à Cotonou dans le cadre du lancement du projet « Renforcement des capacités des services vétérinaires du Bénin » organisé par la Fao-Bénin, il insiste dans cette interview sur l’importance de ces services dans la production animale durable et saine et les attentes de l’Organisation vis-à-vis des parties prenantes.
La Nation : Pourquoi un projet consacré au renforcement des capacités des services vétérinaires du Bénin ?
Dr Baba Soumaré : Le souci majeur de l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (Fao), c’est d’assurer la sécurité alimentaire et nutritionnelle des populations, surtout celles qui en ont le plus besoin en Afrique. Et qui dit sécurité alimentaire dit nécessairement augmentation de la production durable en matière d’agriculture, d’élevage, des ressources halieutiques et des ressources forestières. On ne peut pas atteindre une population animale durable et saine sans des services vétérinaires compétents. Ces services assurent le système fondamental de gestion de la santé et du bien-être des animaux ainsi que celui de la santé publique vétérinaire.
En quoi consistera concrètement l’appui aux services vétérinaires ?
Ce projet qui vient en appui aux efforts du gouvernement du Bénin pour renforcer les services vétérinaires du pays pour la production animale, insistera surtout sur le renforcement des capacités du réseau de surveillance des principales maladies animales, des capacités de diagnostic des laboratoires vétérinaires, de la vigilance au niveau des postes de contrôle frontaliers.
Les services vétérinaires doivent avoir la capacité d’offrir durablement leurs prestations, y compris l’inspection et la certification des animaux et des produits d’origine animale, la gestion de la situation en termes de santé et de bien-être des animaux ainsi que le contrôle des maladies sans oublier les maladies transfrontalières et les zoonoses à l’interface animal-homme-environnement. Des vétérinaires compétents, ce sont des vétérinaires qui ont la capacité de conduire une surveillance épidémiologique, de poser le diagnostic au niveau des laboratoires fonctionnels, et d’assurer une couverture nationale en particulier au niveau des postes frontaliers où en général les risques d’introduction des maladies sont élevés. Par exemple, avec une situation de grippe aviaire au Nigeria, il y a un risque que cela arrive ici mais avec des services vétérinaires efficaces, ce risque peut être minimisé.
Cette capacité dans le temps est liée à la disponibilité des ressources nécessaires et à l’intégrité du système de gestion ; ce qui inclut non seulement des ressources humaines de qualité, mais aussi des formations, des stratégies, des politiques, des documents, des processus d’audit et d’évaluation des performances ainsi que la capacité à répondre aux urgences et autres situations critiques.
Qu’attend alors la Fao des acteurs ?
Avant tout, c’est l’appropriation totale du projet par les acteurs pendant les deux années de sa mise en œuvre. On ne peut pas atteindre seul les résultats. Il doit venir en complément, en synergie à ce qui est en train d’être fait sur le terrain. La Fao ne peut venir qu’en appui ; mais le leadership doit être au niveau national. Donc, il s’agit de prendre ce projet très au sérieux pour assurer l’accès à la nourriture, mais aussi pour protéger la santé publique. Aujourd’hui, nous sommes quelque part le gardien de la santé animale et de la santé publique.
En matière d’élevage, le contrôle des pesticides et herbicides constitue un défi à relever, quelle est la stratégie de la Fao en la matière en Afrique ?
Il s’agit d’abord de sensibiliser, de mettre les gens au courant des dangers et risques liés aux pesticides. En plus, il y a une menace mondiale : la résistance aux antimicrobiens en relation avec la production animale, c’est quelque chose qui a besoin d’être régulé et pour lequel les acteurs doivent être sensibilisés.
La législation doit être renforcée. C’est pareil pour les pesticides. Ça peut annihiler tous les efforts du gouvernement pour améliorer la production animale et protéger la santé de sa population.