Il y a 20 mois, quand par un ras-le-bol, j’ai lancé le mouvement #SachetHéloue, je ne savais pas que par une simple pétition, j’allais être engagée autant, avec passion et abnégation dans une cause aussi gigantesque que celle de vouloir débarrasser notre pays des sachets plastiques.
Rentrée définitivement au Bénin en Juillet 2017 après avoir vécu 20 ans dans plusieurs pays en Afrique, je me suis vite sentie catastrophée, voire anéantie par le fait que l’Akassa et plusieurs de nos repas chauds étaient directement emballés dans les sachets plastiques, toxiques pour la santé et dangereux pour l’environnement. Outrée par la saleté et les innombrables immondices qui jonchaient nos artères, je n’ai pas pu m’empêcher de lancer un grand coup de gueule.
Bien que n’étant pas environnementaliste de formation, la citoyenne engagée que j’avais toujours été, savais qu’en mobilisant plusieurs Béninois autour de cette problématique de santé publique, on pouvait faire changer les choses, pour notre bien être à nous tous.
Depuis 20 mois, il n’y a pas eu un seul jour où je ne me suis investis corps et âme dans cette campagne qui a accaparé mon temps, mes ressources et mes week end tranquilles en famille. S’il est vrai que j’ai été assez naïve pour penser que parce que la cause nous concernait nous tous, elle pouvait bénéficier de l’adhésion de beaucoup de citoyens, il est aussi vrai que malgré la difficulté liée au financement des activités de sensibilisation, c’est grâce à la générosité de certains Béninois, des autres citoyens du monde que nous avons tenu malgré tout.
Parler d’engagement civique ou de Responsabilité Sociétal d’Entreprise (RSE) pour des causes au Bénin et vous allez vite vous rendre compte que ce n’est pas la pertinence des causes, ni même la bonne foi des porteurs de ces projets qui offre une garantie de réussite.
Depuis que j’inonde les réseaux sociaux, écris des courriers, tape à plusieurs portes, assiste à des réunions avec des cadres de plusieurs ministères ou organismes, ce que je reçois de façon régulière sont des « likes » sur mes posts, parfois de gentils mots d’encouragement par ci et là mais très rarement un vrai engagement de mes concitoyens.
Il est vrai que les réalités du Bénin sont bien différentes de celles de certains des pays dans lesquels j’ai vécu. Au Rwanda où j’ai travaillé pendant 10 ans, la propreté et l’ordre sont une exigence nationale. Ce pays, considéré par les Nations Unies comme le premier pays en Afrique et le troisième au Monde à être aussi propre, n’est pas arrivé à ce niveau par magie. Ce que nous y voyons est la combinaison de plusieurs facteurs. Le patriotisme, la défense de l’image et de l’honneur du pays, l’engagement civique etc. Par exemple, l’Umuganda (travaux communautaires) qui a lieu tous les derniers samedis du mois est une obligation pour tous les citoyens ; riche ou pauvre, cadre supérieur ou maçon. Cotiser dans son quartier pour faire réparer quelque chose, apporter de l’aide à un cas social dans sa communauté ou pour faire construire la ruelle de son quartier sont des éléments d’engagement patriotique bien ancrés dans les habitudes. …et les preuves aujourd’hui en sont bien visibles.
Alors que le patriotisme est défini comme étant l’amour de sa patrie ; le désir, la volonté de se dévouer, de se sacrifier pour la défendre ; le civisme quant à lui est défini comme le dévouement envers la collectivité, l’État, et à la participation régulière à ses activités.
Même si mon expérience de ces 20 derniers mois me force à croire que nous avons énormément perdu ces valeurs de civisme ou de patriotisme, ma foi en nous m’oblige à croire que l’on peut encore corriger ces tares. Inculquer des notions de patriotisme et de civisme implique que chacun, au-delà des discours, s’implique réellement, un peu plus, dans son quartier, dans sa communauté. Cela requiert aussi que l’on commence tôt, dès le bas âge, à inculquer nos enfants sur ces valeurs.
Même si l’école est un socle fondamental de transmission des valeurs, et il est important que les parents n’abandonnent pas toutes ces responsabilités sur l’école. A la maison, poussons nos enfants à se porter volontaires pour des travaux dans nos quartiers. Poussons nos enfants à donner de leurs temps aux œuvres sociales et à l’apprentissage du soi de soi aux autres.
Comme le dit François Bayrou “Le citoyen n’est pas un consommateur. C’est un producteur d’idées, de convictions, d’engagement, de solidarité.”
Engageons-nous pour des causes qui touchent des personnes que nous ne connaissons pas particulièrement. Engageons-nous pour le bien-être commun. Engageons-nous pour faire améliorer l’image de notre pays.