Convaincu de l’opportunité et de l’urgence de son combat, le panafricaniste et activiste Kèmi Séba se heurte pourtant à de la résistance parmi les siens notamment les aînés. Ces derniers, visiblement, ne semblent point convaincus de la pertinence de sa lutte, jugée insensée et entretenue par des mains invisibles. Persona non grata en France pour ses positions tranchées contre le Franc Cfa et le néocolonialisme, il est perçu en Afrique, terre qu’il défend, comme un incendiaire à qui, il faut fermer ses frontières. Et déjà plusieurs frontières africaines se ferment pour le jeune béninois, Kèmi Séba qui, selon ses hommes de mains, mènent un combat de génération. Expulsé mardi de la Côte-d’Ivoire, l’homme est interpellé dans son propre pays ce mercredi. Ses aînés, les dirigeants africains, ne semblent pas encore convaincus de la lutte, de l’idéologie du “fou“ Kèmi Séba…
« Il faut être un fou pour défendre, seul, toute une nation et finir par se mordre le bout des doigts ou croiser les mains derrière la nuque en signe de regrets », renseigne un dicton yorouba. Et le destin du polémiste, panafricaniste et activiste Kèmi Séba semble se dessiner sous cet angle. Très tôt engagé dans une lutte que devraient mener, selon lui, depuis des siècles, les leaders, intellectuels et gouvernants africains, le jeune béninois refuse de s’attribuer une nationalité et se déclare africain. L’homme estime revendiquer, à travers son combat, une terre africaine véritablement “indépendante“, qui se suffit et qui décide de son propre destin. En témoigne ce message lancé dans une vidéo publiée sur sa page facebook mardi dernier avant de se rendre à la police ivoirienne : « l’Afrique est la terre de mes ancêtres et je vais toujours défendre l’Afrique ». Tel un jeune qui a découvert la mission de sa génération, Kèmi Séba semble décidé à ne point la trahir mais si cela se fera au prix de sa vie. “Ce garçon doit être mentalement malade“ diront certains mais ses actions sur le terrain semblent bien démontrer toute sa détermination à ne point reculer. Et pour preuve, après le Sénégal, la Guinée et le Togo, c’est au tour de la Côte-d’Ivoire de déclarer l’activiste persona non grata sur son territoire. Et pourtant, il n’abdique pas et s’estime déjà vainqueur en déclarant que la peur a déjà changé de camp. « Que tous les africains se lèvent et disent non à la Francafrique car ce ne sont pas nos dirigeants qui sont à la base de tout cela mais l’occident », lance-t-il avant de s’insurger contre les gouvernants africains qui attaquent leurs propres enfants qui mènent une lutte pour libérer l’Afrique, instaurer la souveraineté africaine. Militant anticolonialiste, Kemi Seba a été expulsé mardi soir de la Côte-d’Ivoire où, il devait animer dimanche une conférence « contre le néocolonialisme ». Au cours des derniers mois, il avait violemment critiqué Alassane Ouattara pour sa défense du franc CFA. Kèmi Séba aurait rencontré Alpha Blondy à Abidjan, selon une publication de Jeune Afrique qui révèle que le meeting devait se tenir dans la salle du Baron, à Yopougon, un haut lieu des mobilisations pro-Gbagbo, dans ce fief de l’ancien président ivoirien. Kemi Seba devait également rencontrer Simone Gbagbo mardi à 17 heure. Une rencontre avortée du fait de son arrestation. Expulsé alors de la Côte-d’Ivoire, il a été interpellé à sa descente d’avion à l’aéroport de Cotonou. De sources concordantes, il serait entendu par les services de renseignement béninois. Pourtant, rien ne semble encore le freiner dans son élan. « Vous me mettez en prison, je ressors plus fort. Vous m’expulsez d’un pays, je ressors plus fort », a-t-il par ailleurs martelé. Mais le hic, est qu’il se retrouve visiblement sans véritables troupes sur le champ de bataille car combattu par les siens, les aînés…
Des aînés sur le chemin de Kèmi Séba…
Mène-t-il un combat noble et opportun ? Seul Kèmi Séba et sa troupe de jeunes en sont convaincus. Inutile de chercher à rallier les gouvernants africains à cette cause. En tout cas, c’est ce qu’il convient de déduire au regard du traitement souvent infligé à l’activiste dans la plupart des pays africains où il met pied. « Expulsé du Sénégal en 2017, après avoir créé la polémique en brûlant un billet de 5 000 francs CFA lors d’une mobilisation, l’activiste a depuis eu maille à partir avec les autorités de plusieurs pays dans lesquels il souhaitait se rendre. En mars 2018, il a aussi été refoulé par la Guinée, où il devait participer à une conférence. En août 2018, c’est au Togo qu’il a été refoulé », nous remémore Jeune Afrique. Expulsé d’Abidjan pour menace de troubles à l’ordre public, l’homme a été gardé mercredi à la direction du renseignement territorial, selon plusieurs médias locaux. C’est donc clair que Kèmi Séba ne peut compter sur ses aînés, les gouvernants africains pour mener cette lutte. Et, il en est conscient visiblement. “Nous avons fait le choix difficile contre nos pères qui collaborent aux noms d’intérêts qui n’ont jamais été celui du peuple africain avec des gens qui ont installé l’esclavage, colonisation, néocolonialisation pour nos pays”, lâche Kamal Radji, un compagnon de lutte de Kèmi Séba. S’ils ne craignent pas les représailles, il importe de se rendre tout de même à l’évidence que cette position des gouvernants, des aînés, reste un véritable handicap dans la marche vers l’Afrique “rêvée“ par Kèmi Séba et sa troupe. Alors, cela pourrait bien ressembler à un combat de “fou“ et moins rassurant quant à l’avenir ! L’histoire retiendra !!!