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Art et Culture

Photographe: Un métier qui nourrit son homme malgré tout

Publié le vendredi 29 mars 2019  |  La Nation
Gratien
© aCotonou.com par DR
Gratien Capo, chef section photo à l’Office national d’imprimerie et de presse (Onip)
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Il est indispensable pour les prises de vue lors des mariages, baptêmes, anniversaires et bien d’autres cérémonies. Nous parlons bien-sûr du photographe. Comme jadis, ce métier n’a pas perdu de sa valeur, et continue de nourrir son homme en dépit de l’invasion des smartphones et autres inventions technologiques à la portée de tous.

« Je n’ai jamais sollicité les services d’un photographe… », déclare Zoulkiflou Adamou, 32 ans, gestionnaire de base de données dans une entreprise de la place. Assis sur sa moto, les yeux rivés sur l’écran de son ordinateur à la place des Martyrs à Cotonou, il explique qu’il a fait le choix de prendre ses photos avec son portable. Ceci, en raison de la qualité de l’image que rend son smartphone. « C’est une image de haute définition. Ensuite, j’ai ma photothèque qui est en ligne et j’y accède à distance… », ajoute-t-il presqu’en souriant. Il se propose de nous montrer sa collection de photos en ligne, en dévoilant celles prises au cours de sa soutenance en master, il y a six semaines. En réalité, Zoulkiflou Adamou rogne ou retouche, à son gré, les photos à l’aide d’un logiciel, avant de les sauvegarder. A l’entendre, le processus de mise en ligne, pour une photo, dure cinq secondes au maximum, si la connexion internet est stable. « C’est rapide, et ça coûte zéro franc… », se réjouit-il.
A quelques mètres de la place des Martyrs, dame Antoinette range dans un énorme sac, des tenues cousues avec le pagne africain à divers motifs, et très prisés par les touristes occidentaux. Sur le sujet en débat, elle affirme que pour mieux promouvoir ses articles, elle sollicite aussi les services d’un photographe professionnel. Mais, en plus de l’album photos qu’elle doit obtenir de la part du photographe, elle sollicite aussi la version numérique de ses vues. « J’envoie les photos numériques des articles à mon fils au Brésil afin qu’il m’aide à les promouvoir là-bas… », informe-t-elle. Il lui est aussi arrivé de prendre des images avec son téléphone portable dans l’optique de les partager ou les imprimer. Outre l’album photos qu’elle achète elle-même, dame Antoinette paie 500 F Cfa pour obtenir les deux versions des photos. Début janvier 2019, elle en a commandé pour tout son stock, c’est-à-dire 250 photos.
Avec l’invasion du marché des téléphones portables intelligents, Zoulkiflou Adamou et dame Antoinette pensent que le métier de photographe professionnel est menacé de disparition. « Mais, les photographes peuvent continuer par vivre de leur métier s’ils font preuve de créativité afin de s’adapter à la multiplication des marchés de smartphones, du numérique et autres innovations technologiques à la portée de tous… », relativise Zoulkiflou Adamou.

Pas de menace, la photographie nourrit son homme malgré tout…

Les prises de vue avec les smartphones et autres accessoires ne constituent guère une menace pour le métier de photographe. « Les images prises avec ces appareils ne respectent aucune norme de cadrage ; et le laborantin est obligé de les modifier avant d’obtenir un cadrage acceptable… Par contre, celles prises par le photographe professionnel avec son appareil photo font toujours la différence… », apprécie Gratien Capo, chef section photo à l’Office national d’imprimerie et de presse (Onip). Il est appuyé par son confrère de la direction de communication du Mca-Bénin II, Teddy Attila. « Un photographe professionnel est très bien placé pour vous apporter les rendus en images que vous espérez dans diverses situations… Vous pouvez être sûr d'avoir de très bons résultats qui vous donneront des émotions chaque fois que vous allez poser vos yeux sur elles… », complimente l’intéressé.
Visiblement, c’est un métier qui, est loin d’atteindre son apogée, et continue de nourrir son homme.
Pour Gratien Capo, le photographe appliqué et dynamique, tire toujours le meilleur de son art en termes d’argent. Un avis tout à fait partagé par Teddy Attila. D’ailleurs, il dit avoir remarqué, après un petit calcul, qu’il est possible pour un photographe professionnel et actif d’arrondir ses fins de semaine à, au moins, cent mille francs Cfa. En réalité, ce qui fait vivre le photographe, aux dires du patron de la section photo à l’Onip, ce sont les visites de terrains, les rencontres sportives, les cérémonies officielles et autres. De plus, explique-t-il, le métier se conforme de jour en jour à la révolution du numérique. En exemple, l’album-photo d’antan a été remplacé par le photo-book. Il s’agit, en effet, d’un livre de photos bien légendées que le photographe professionnel réalise à la demande de ses clients ; ceux-là qui aiment les belles innovations. Mieux,
« aujourd’hui au Nigeria », révèle Gratien Capo, « les clients réalisent de plus en plus la photo-lumière : une forme de tableau numérique, posé dans leur chambre, sur laquelle ils peuvent voir les photos défilées en boucle ». C’est également au photographe professionnel de réaliser, en partie, la photo-lumière, explique-t-il.
Contrairement à ce que beaucoup pensent, l’avènement du numérique multiplie les sources de revenus du photographe professionnel, fait-il remarquer.
Par contre, ce qui menace la photographie, selon Gratien Capo, c’est l’amateurisme de la jeune génération. Celle-ci est « impatiente » de gagner de l’argent, se désole-t-il. Or, les jeunes doivent d’abord accorder du prix aux formations théoriques et ateliers pratiques, organisés dans les universités. « Ce qui n’est souvent pas le cas, et malheureusement, ils improvisent sur le terrain et se laissent emporter par la facilité… », déplore le numéro un des photographes de l’Onip. Il saisit alors l’occasion pour les inviter à une prise rapide de conscience.
Il s’avère que la photographie a encore de beaux jours devant elle. Et les professionnels de la photo continuent par nous émerveiller et surtout ils tirent un large profit de leur métier.

Ariel GBAGUIDI (Stag.)
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