Accueil    MonKiosk.com    Sports    Business    News    Annonces    Femmes    Nécrologie    Publicité
NEWS
Comment

Accueil
News
Politique
Article
Politique

En vérité : Les mémoires de Houngbédji

Publié le mercredi 3 avril 2019  |  Fraternité
Le
© aCotonou.com par dr
Le livre "La liberté au coeur : le temps des semailles " de Me Adrien Houngbedji, président de l`assemblée nationale
Comment


Il s’est livré à un exercice inhabituel dans le milieu politique béninois. Adrien Houngbédji, qui occupe pour la 3ème fois le prestigieux poste de président de l’Assemblée nationale, après avoir été premier ministre et maire de la ville de Porto-Novo, dit tout ou presque tout sur son parcours. Exercice périlleux s’il en est mais qui vaut la peine qu’on s’y consacre. Adrien Houngbédji l’a déjà fait une première fois en 2005 avec son premier essai autobiographique « il n’y a de richesse que d’hommes ». Il revient 15 ans plus tard avec un récit plus riche et plus détaillé intitulé « la liberté au cœur, le temps des semailles ». La différence fondamentale entre ces deux ouvrages tient aux périodes de leur publication. Le premier livré à l’approche de la présidentielle de 2006 apparaissait beaucoup plus comme un projet de société du candidat alors que le second qui intervient au soir de la carrière politique de son auteur donne plus d’intérêt à l’effort fourni.
Qu’est-ce qui a bien pu motiver Adrien Houngbédji à publier le tome 1 de ses mémoires juste au lendemain de son 77ème anniversaire de naissance ? D’abord, Un devoir de reconnaissance, ensuite, l’envie de raconter à ses contemporains et à la postérité l’essentiel de son parcours de 1960 à 1990. Reconnaissance, parce que contraint à l’exil qui dura une quinzaine d’années, il n’a pas eu l’opportunité et le privilège d’enterrer ses parents de qui il a tout reçu. Son père qui l’a forgé avec qui il a entretenu des liens étroits et sa mère qui bien que discrète a aussi pesé de tout son poids dans son éducation méritaient des honneurs qu’il n’a pas pu leur rendre « au seuil sévère du tombeau ». Ce livre répond dans une large mesure à sa soif maintenant assouvie de leur adresser, en tant qu’aîné de la fratrie, des oraisons funèbres dignes de leur rang.
Ensuite, contrairement à son premier ouvrage « il n’y a de richesse que d’hommes » qui n’a fait qu’une brève description de son évasion de son centre de détention, le jour de ses 33 ans, le nouveau livre tous les détails, noms à l’appui. Les Béninois apprennent donc avec surprise que Gatien Houngbédji faisait partie du trio qui l’a aidé à s’évader. « Gatien fut, en la circonstance, un modèle. Son geste n’avait pas de prix. Sa noble attitude justifie que j’accepte, sans jamais rien dire ni rien faire, les manquements, les humiliations, voire les outrages que j’ai dû subir par la suite, qui étaient régulièrement suscités ou exploités par mes adversaires politiques ». En rendant cet émouvant hommage à son jeune frère, Adrien Houngbédji veut rappeler à chacun et à tous, qu’« entre l’arbre et l’écorce, il ne faut point mettre le doigt ». Les tribulations qui furent les siennes en tant que magistrat, nommé procureur de la République à seulement 25 ans, son fort penchant pour l’Etat de droit au détriment de la raison d’Etat, sa démission puis sa reconversion en avocat, ses succès et ses déboires en exil, son rapport avec l’argent et le bien public sont relatés dans cet ouvrage avec une plume facile et alerte.
D’ores et déjà, l’auteur donne rendez-vous à tous pour la publication du tome 2 de ses mémoires. Déjà l’année écoulée, un recueil de discours intitulé « d’un perchoir à l’autre » à son actif est passé inaperçu. Cet essai bibliographique est une invite à toute la classe politique et même au-delà. Les personnages les plus illustres qui ont joué un rôle plus ou moins prépondérant dans l’histoire de ce pays se doivent de laisser des traces de leur contribution à la mémoire collective et pour la postérité. Albert Tévoèdjrè, Bruno Amoussou, Emile Derlin Zinsou, Basile Adjou Moumouni et Abraham Zinzindohoué l’ont bien compris. Tous les autres sont vivement attendus. Mathieu kérékou a malheureusement dérogé à cet exercice en emportant tous ses secrets dans la tombe. C’est bien dommage. Le couple Soglo, Boni Yayi, Pierre Osho, François Kouyami, Théodore Holo, Elisabeth Pognon, Robert Dossou et plus tard Patrice Talon (la liste n’est pas exhaustive) sont attendus devant l’histoire.
Moïse DOSSOUMOU
Commentaires