Les relations entre l’Unamab et le gouvernement se compliquent de plus en plus. Alors que le président Boni Yayi vient de réaffirmer son attachement au retrait du droit de grève aux magistrats, le Vice président du conseil supérieur de la magistrature évoque une fois de plus la récurrente question de corruption dans le secteur de la justice. Sans compter que l’Exécutif continue de trainer les pas pour la satisfaction des revendications des magistrats qui viennent de lui accorder un nouveau moratoire. Autant de faits vus comme une provocation par le président en exercice de l’Union nationale des magistrats du Bénin (Unamab) qui dit être prêt pour la guerre.
Entre l’Unamab et l’Exécutif, le bras de fer continue. Une crise dans la quelle le président de la Cour suprême semble jouer de son poids, en se mettant du côté de l’exécutif. Ce qui n’ébranle guère l’Union des magistrats du Bénin, visiblement prête pour l’accrochage.
Corruption et droit de grève
En effet, au cours de l’audience solennelle de la rentrée judiciaire 2013-2013, le président Boni Yayi a une fois encore souhaité que le droit de grève soit retiré aux magistrats. Estimant que le Bénin ne sera le premier pays, ni en Afrique, ni au monde à opérer cette réforme, le chef de l’Etat a semblé dire que le retrait du droit de grève aux magistrats ne sera qu’un problème de temps. Comme pour faire de l’évènement de cette rentrée judiciaire, le procès des magistrats du Bénin, le président de la Cour suprême, Ousmane Batoko, a évoqué quant à lui le nombre sans cesse croissant de plaintes enregistrées par la chambre judiciaire de son institution contre des magistrats avec constitution de parties civiles. A l’en croire, quinze (15) procédures pénales ont été engagées contre des magistrats, soit sur saisine de citoyens ou sur saisine du ministre de la Justice. Il s’agit pour la plupart de plaintes avec constitution de partie civile et qui reprochent à ces praticiens du droit des écarts de comportement ou des faits constitutifs de manquements graves aux obligations de leurs charges, tombant ainsi sous le coup de la loi pénale. "Ce constat relance la problématique du relâchement des comportements au sein du corps de la magistrature lorsqu’on réalise que parallèlement à ces plaintes avec constitution de parties civiles, le Conseil supérieur de la magistrature est également saisi de griefs articulés contre les magistrats" a précisé le président de la Cour suprême.
L’Unamab menaçante…
Une mise en garde, c’est ce qu’est venu faire hier sur le plateau d’une télévision de la place le président en exercice de l’union des magistrats du Bénin. Pour Michel Adjaka, les magistrats membres de l’Unamab sont en état d’alerte maximale et sont prêts à faire la guerre, si tel est le vœu du gouvernement. Insistant que le droit de grève se saurait être arraché aux magistrats, Michel Adjaka rassure que l’Unamab gagnera ce nouveau combat.
Interrogé dans la soirée de ce dimanche au sujet des inquiétudes du président de la Cour suprême, Michel Adjaka dit ne pas comprendre où est le problème car " la plainte ne suppose pas forcément culpabilité ". Toutefois, il invite le vice-président du conseil supérieur de la magistrature à dire quel est le contenu des dossiers, pour que l’on parvienne à conclure à des faits de corruptions. D’ailleurs, il donne les exemples de la plainte de l’ancien ministre Soumanou Moudjaidou contre l’ex procureur de Cotonou, la plainte des avocats de Patrice Talon contre le procureur général Sodonon.
A bien y voir, l’épilogue de la crise dans le secteur de la justice n’est pas pour demain. Les trois forces en présence restent camper sur leurs positions ravivant donc l’antagonisme. Mais les observateurs notent tout de même une bonne foi de la part des magistrats qui viennent de renouveler leur moratoire au gouvernement. Reste maintenant à l’exécutif de pouvoir faire des concessions avec les hommes en toge. Une mission de laquelle devrait s’investir le président de la Cour suprême que d’aucuns disent être attaché au renouvellement de son mandat.