Elle fait désormais partie du passé. L’épidémie de la fièvre hémorragique à virus Lassa a été finalement vaincue. Au Bénin, cette affection dangereuse et mortelle ne fera plus des victimes en série pendant un bon moment. Les actions conjuguées du gouvernement, les efforts constants du personnel de santé ainsi que les mille et une sensibilisations à l’endroit des populations ont porté leurs fruits. Tenace et teigneux, ce virus a causé l’émoi dans les cœurs pendant plus d’un an avant de disparaître. De décembre 2018, date de la découverte du premier cas à Parakou, il a fallu attendre mars 2019 avant de venir à bout de cette épidémie. La bonne nouvelle a été annoncée à l’opinion le mardi 29 mars dernier au cours d’un point de presse animé par le ministre de la santé sous le regard bienveillant du Représentant résident de l’Organisation mondiale pour la santé (Oms).
C’est donc tout heureux et fier que Benjamin Hounkpatin a déclaré la fin de cette épidémie. Puisqu’il n’y a pas eu de nouveaux cas signalés 42 jours après la guérison du malade, la parenthèse Lassa pouvait enfin se refermer. Ceci d’autant plus que la règle au niveau de l’Oms recommande une période de 2 fois 21 jours sans enregistrement de nouveaux cas. Ce qui a été respecté par le Bénin. Toutefois, la fin de l’épidémie ne signifie pas l’éradication du virus Lassa au Bénin. Cette précision importante vaut son pesant d’or. La stricte observance des règles d’hygiène prévaut toujours, aussi bien dans les ménages qu’au niveau des centres de santé. En cas de défaillance, à tout moment, l’épidémie peut à nouveau faire des vagues. De Parakou où l’alerte a été donnée, l’inquiétude a gagné les cœurs un peu partout dans le Bénin. Sur une vingtaine de cas, 9 ont été confirmés.
C’est heureux que tout cela fasse désormais partie du passé. On peut à présent souffler et passer à autre chose. Comme ce fut le cas il y a tout juste quelques petites années, cette épidémie révèle les failles du système sanitaire mis en place au plan national. La facilité avec laquelle des porteurs traversent nos frontières pour y répandre l’épidémie interpelle au plus haut niveau les décideurs qui traînent à prendre les mesures les plus idoines pour sécuriser la libre circulation des personnes. Ce principe n’empêche pas l’Etat de s’assurer que les personnes qui entrent sur son territoire sont en bonne santé et ne constituent pas une menace pour les populations. Veiller au grain à temps et à contretemps, telle doit être l’attitude des fonctionnaires civils, militaires ou paramilitaires commis à la surveillance des frontières. Sur ce plan, d’autres pays de la sous-région sont beaucoup plus proactifs que le Bénin.
Pour l’instant, le mal est derrière nous. Que chacun tire les leçons de ce drame, notamment le gouvernement qui à travers le ministère de la santé a su mettre en place une riposte conséquente. Mais la sagesse recommande qu’il vaut mieux prévenir que guérir. Sur toute l’étendue du territoire national, les Béninois sont en contact avec les rongeurs, vecteurs de cette fameuse maladie. Que fait-on en termes de sensibilisation pour éviter qu’on ne retombe dans un autre cycle d’anxiété surtout en ces temps où des mouvements de foule s’annoncent du fait de l’imminence des législatives ? Ne pas dormir sur ses lauriers, mais redoubler de vigilance, c’est ce qui est attendu du ministère de la santé à travers ses relais déployés dans tout le pays.
Moïse DOSSOUMOU