Les six préfets des départements du Bénin assistés des cadres de leurs ministères de tutelle ont tenu le jeudi 31 octobre à la préfecture de Natitingou leur deuxième conférence de l’année 2013. Placée sous l’égide du ministre de la décentralisation, de la gouvernance locale, de l’administration et de l’aménagement du territoire, Isidore Gnonlonfoun, ladite conférence a permis aux préfets de débattre d’importants dossiers touchant au fonctionnement des préfectures et d’exposer au gouvernement les difficultés de gestion qu’ils rencontrent.
« Un homme, une mission et des moyens ». Ce dicton ne semble pas être la règle au niveau des préfectures du Bénin, où les préfets sont nommés mais sans bâton de commandement. Ils ne disposent substantiellement de rien pour assurer la représentation de l’Etat au niveau des départements à la tête desquels ils sont placés. Au fil des années, la situation va de mal en pis au point où, de plus en plus, le rôle primordial et essentiel d’assistance-conseil et de coordination des actions de l’Etat au niveau départemental n’est plus pleinement assuré. A bout de souffle, ils ont saisi l’occasion de leur deuxième conférence de l’année à Natitingou pour interpeller le gouvernement. Des déclarations faites par chacun des préfets présents à cette rencontre, il ressort que les préfectures sont installées dans de vieilles bâtisses avec des meubles et équipements vétustes. A cela, s’ajoute l’insuffisance des bureaux. Ce qui oblige parfois les chefs services à partager le même bureau que leurs collaborateurs. Il y a aussi l’insuffisance des crédits alloués entraînant ainsi le non paiement de certains avantages aux personnels et des fois, plusieurs mois de retard de paiement des salaires, l’insuffisance de personnels qualifiés au point où certains services importants n’existent que de nom. Plus criard et humiliant, c’est l’inexistence du parc automobile dans la plupart des préfectures obligeant certains préfets à recourir à leurs propres moyens de déplacement ou à des véhicules de fortune. Le cas le plus frappant est celui du préfet des départements de l’Ouémé et du Plateau, Moukaram Badarou qui roule dans un véhicule à lui emprunté par la mairie de Porto-Novo. Toute chose qui fragilise son rôle de contrôleur de la légalité des actes du généreux maire. L’autre difficulté que rencontrent les préfets, c’est le refus de certaines structures décentralisées au niveau départemental d’associer les préfectures à leurs actions sur le terrain. En clair, la situation au niveau des préfectures béninoises est chaotique et il urge que le pouvoir central réagisse vite afin de permettre aux préfets ainsi qu’à leurs collaborateurs d’assurer pleinement leurs fonctions. En attendant, les préfets ont formulé des recommandations qu’ils ont adressées au gouvernement par le biais de leur ministre de tutelle.
Les assurances et conseils du ministre Gnonlonfoun aux préfets
En réaction à ces récriminations et doléances, le ministre de la décentralisation a rassuré les préfets de sa disponibilité à pleinement jouer sa partition afin que des solutions idoines soient trouvées à ces différentes préoccupations et ceci de façon progressive. Appuyé par le directeur général de l’administration d’Etat, il a énuméré quelques une des dispositions déjà prises par le gouvernement pour la résolution des problèmes les plus urgents. Toutefois, il a attiré l’attention des préfets sur la nécessité de bien gérer le peu de moyens mis à leur disposition ainsi que l’établissement d’un bon climat de travail au sein des préfectures. « … La transparence, la bonne gouvernance, le respect des règles de gestion des finances publiques ainsi que la reddition des comptes doivent être considérées désormais comme les principes cardinaux qui guident et fondent l’organisation et la fourniture du service public dans les départements », a conseillé Isidore Gnonlonfoun aux préfets avant de les inviter à créer des conditions favorables à l’amélioration des conditions de travail des cadres et agents en poste dans les préfectures. Aussi, a-t-il insisté sur la tenue régulière des comités de contrôle de la légalité des actes communaux, la tenue à bonne date des sessions du Conseil Départemental de Concertation et de Coordination (CDCC), la qualité des points débattus lors des réunions mensuelles de la conférence administrative départementale (CAD) ainsi que la présence effective des directeurs et chefs services départementaux à ces réunions. Signalons, pour finir, que cette deuxième conférence des préfets leur a également permis, entre autres, de faire le point de la tournée de prise de contact de leur ministre de tutelle dans les départements, le point d’exécution des tâches issues de leur dernière conférence tenue à Parakou, d’échanger sur la possibilité d’établir un partenariat public-privé avec les stations privées à l’intérieur des départements et surtout d’échanger sur l’utilisation rationnelle des ressources PAAC.