La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao) se veut désormais présente sur le chantier de la réclamation et de la restitution des biens culturels de ses pays membres. Cotonou abrite dans ce cadre, du 9 au 11 avril prochain, une réunion des responsables du patrimoine culturel et des musées. La rencontre vise à mettre en route un plan d’action régional sur le retour des biens culturels africains dans leurs pays d’origine.
L’idée de l’élaboration d’un plan d’action régional 2019-2023 pour le retour des biens culturels dans leurs pays d’origine répond à l’objectif principal de la politique culturelle régionale de la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (Cedeao). Lequel se résume en effet à « contribuer au développement socio-économique durable et à l’intégration régionale par la promotion de la diversité culturelle et des industries culturelles et créatives ». Fort de cela, et s’inspirant, par ailleurs, de l’exemple béninois, les pays de la sous-région, en rangs serrés, veulent redevenir propriétaires de leurs biens culturels détenus par les anciens colonisateurs. A l’instar de la Cedeao, l’Uémoa s’aligne également sur cette option, a fait savoir à l’ouverture des travaux qui réunit des experts depuis le mardi 9 avril à Cotonou, Komlan Agbo, représentant résident de la Commission de l’Uemoa au Bénin. Il s’agit, indique-t-il, « d’un combat commun dans tout l’espace communautaire » et le choix du Bénin, pour être l’hôte d’un tel conclave est tout sauf anodin. A l’origine de la démarche de réclamation des biens culturels, Komlan Agbo voit le chef de l’Etat béninois comme « un patriote convaincu, un homme de vision et de culture ».
Il rappelle en effet que c’est bien la première fois « qu’une ancienne colonie d’Afrique subsaharienne formule une telle demande de restitution ou de retour des biens culturels dans leurs pays d’origine ». Le représentant résident de la Commission de l’Uemoa au Bénin se dit surtout séduit par les actes qui ont suivi la parole. Depuis l’annonce de la restitution, les ministres concernés ne dorment pas sur les lauriers et les résultats sont palpables aujourd’hui et les demandes se multiplient dans tous les pays », salue-t-il.
Cet exemple de succès qui inspire l’espace sous-régional mérite donc que les experts réunis à Cotonou se penchent avec perspicacité et abnégation sur les documents à eux soumis pour en sortir un plan d’action avec des mesures hardies, pertinentes et exploitables, plaide enfin Komlan Agbo.
Une question hautement politique
Leopoldo Amado, commissaire éducation, science et culture de la Cedeao s’inscrit dans la même logique. Il justifie le conclave des experts à Cotonou par la déclaration politique faite sur la question de la restitution des biens culturels par les chefs d’Etat et de gouvernement en décembre dernier et l’obligation faite à la commission de leur présenter à la prochaine session, un plan d’action régional sur la question. Il estime en effet que la demande du Bénin et les actions qui ont suivi, notamment l’étude commanditée par le président français constituent des éléments de base qui permettront d’accélérer l’effectivité du plan d’action régional. « La question de la restitution est devenue une question d’actualité et une question hautement politique », assure Leopoldo Amado qui souhaite qu’ensemble, « la pression »
à exercer par les Etats soit plus forte. Ainsi, l’action commune régionale viendrait renforcer et donner plus de poids à celles déjà engagées par des Etats. « Cette rencontre se tient à une période où le rôle de la culture pour le développement a été reconnu à l’échelle internationale et où le problème de restitution de biens culturels africains est au centre des discussions », souligne le commissaire.
Modeste, le ministre en charge de la Culture, Oswald Homeky, tout en acceptant les reconnaissances publiques faites au Bénin estime qu’il « ne s’agit pas là d’une victoire pour le Bénin, mais plutôt d’une reconnaissance des efforts des dirigeants africains, conscients des enjeux politiques et des valeurs culturelles et identitaires fortes de ce patrimoine ». En acceptant d’accueillir cette réunion, poursuit-il, « le Bénin, conscient de sa place de pionnier de la question, tient à rappeler aux Etats membres de la Cedeao et au monde entier que nos biens culturels sont une partie de nous-mêmes et constituent l’essence même de notre histoire ». Ce rôle de pionnier, le Bénin l’assumera et partagera son expérience au cours des travaux de ce conclave des experts. Ceci, dans la perspective d’une démarche commune et concertée des Etats afin que ce conclave des experts qui se tient en marge de la réunion des ministres en charge de la Culture sur la question, puisse accoucher de propositions et résolutions concrètes, mais surtout pertinentes. Il faut tout de même rappeler que le comité chargé de la coopération muséale et patrimoniale entre la France et le Bénin prend une part active aux travaux à travers plusieurs de ses membres dont le professeur Nouréini Tidjani Serpos, les experts Alain