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Consolider la démocratie, l’Etat de droit et la bonne gouvernance/3 ans après: Pilier 1 du Pag : le contraste !

Publié le mercredi 10 avril 2019  |  Matin libre
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© Présidence par DR
Visite de travail du chef de l`Etat, Patrice Talon en Suisse
Mardi 22 mai 2018. Visite de travail du chef de l`Etat en Suisse à l`invitation de mon homologue S.E.M. Alain Berset, Président de la confédération Suisse.
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Trois principaux piliers fondent le Programme d’action du gouvernement (Pag) 2016-2021 du président Patrice Talon. Pilier 1 : Consolider la démocratie, l’Etat de droit et la bonne gouvernance ; Pilier 2 : Engager la transformation structurelle de l’économie et en 3 : Améliorer les conditions de vie des populations. Trois (3) ans après la mise en œuvre de ce Programme global de développement, s’il est un pilier qui est très décrié dans l’opinion, sans risque de se tromper, c’est bien le 1. Quel contraste, quel paradoxe est-on tenté de dire ! Quelques faits…

Partant d’un état des lieux sur la pratique de la démocratie au Bénin depuis 1990, Patrice Talon, dans la rédaction du Pag a dit ceci : « Près de vingt-six ans après l’adoption de la constitution du 11 décembre 1990, la gestion du processus démocratique au Bénin suscite des préoccupations majeures. Malgré une stabilité indiscutable, plusieurs problématiques se posent concernant la consolidation de la démocratie et de l’État de droit, l’équilibre fonctionnel des institutions, le système partisan, l’accès des populations à la justice, ou encore l’accès équitable de tous aux organes publics de presse ». Et au regard du diagnostic fait, il a promis d’ « engager des réformes institutionnelles profondes pour limiter le pouvoir excessif de l’Exécutif, assurer le fonctionnement efficace et adéquat des institutions de contre-pouvoir, dynamiser le système partisan et renforcer le système juridique et judiciaire ». Mais pour y parvenir, il faut des actions concrètes. Entre autres, le chantre de la Rupture/Nouveau départ a dit qu’il va « rétablir un État respectueux des principes de la démocratie », « Promouvoir une justice indépendante », « Assurer la liberté de la presse et l’accès équitable de tous aux organes de la presse ». Pour Patrice Talon, en effet, le rétablissement d’un État respectueux des principes de la démocratie », passe par l’amélioration de la gouvernance politique qui permettra de rendre les instruments de contre-pouvoir efficaces. « Le rétablissement des principes démocratiques sera effectif à travers la révision de la Constitution et d’autres réformes législatives majeures, qui visent à corriger les déséquilibres qui affectent l’efficacité des institutions de la République et fragilisent le système partisan », est-il inscrit à la page 34 du document. De belles intentions, mais dans la concrétisation, c’est un véritable problème. Certes, il faut reconnaître que le chef de l’Etat avait prévu de toucher à la loi fondamentale et d’opérer des réformes législatives majeures. Mais si dans la pratique, le premier point n’a pu prospérer, il faut tout de même reconnaître que beaucoup de lois ont été votées par le Parlement. Mais au fond, qu’est-ce qui a pu changer dans le sens d’améliorer le diagnostic fait au départ ? Pas grand-chose à part que contrairement aux dix dernières années, on a un président plus discret, plus tatillon sur les bords. Mais pour le reste, n’est-ce pas sous le même Patrice Talon que beaucoup de partis politiques ont connus de longues crises ? N’est-ce pas sous le même Patrice Talon que le règne de l’argent en politique a été ‘’ dénoncé ? N’est-ce pas sous Patrice Talon que les mots godillots et vassalisation d’institution ont été le plus utilisé, y compris par des acteurs directs de ces institutions ? N’est-ce pas sous Talon que la décentralisation a été sérieusement éprouvée avec des révocations de maire et adjoints au maire, des vagues de destitution à la tête de nos mairies ? N’est-ce pas sous Patrice Talon, qu’en lieu et place de l’élection on a opté pour les nominations, remettant en cause l’ordre préétabli ? Que dire des décisions rendues par la Cour constitutionnelle mais non respectées le Pouvoir Talon ? Que dire aussi de la décision de la Cour africaine des droits de l’homme au sujet de l’homme d’affaires Sébastien Ajavon ? Et pourtant Patrice Talon a juré de mettre tout en œuvre pour une justice indépendante. De quelle liberté de la presse et accès équitable de tous aux organes de la presse du service public parlait l’ancien candidat à la présidentielle ? Où en est-il ? Peut-il jurer la main sur le cœur qu’il a fait mieux que ses prédécesseurs dans le contexte actuel où des fréquences de radio sont brouillées, d’autres fermées ? Les acteurs de l’opposition, ont-ils vraiment accès équitable aux organes de service public ?
Axe 2 : Amélioration de la gouvernance

Pour ce deuxième axe du pilier 1, « le Président de la République a pris l’engagement de promouvoir la qualité de la gouvernance et le retour à l’orthodoxie financière dans l’administration publique. À cet égard, pour les cinq prochaines années, le Gouvernement renforcera la bonne gouvernance pour accroître l’efficacité et l’efficience dans la gestion des affaires publiques. Il s’agira de rendre effectives les dispositions pertinentes portant réforme de l’administration et prenant en compte le développement d’une nouvelle culture administrative centrée sur les valeurs éthiques de travail, de mérite, de respect du service public, de juste rémunération, de contrôle systématique, et à tous les niveaux, de gestion administrative, de reddition des comptes, d’obligation des résultats et de sanction (positive ou négative) », page 37 du Pag. Le constat ici, est que quelque chose semble, a priori bouger avec la rigueur imprimée au sommet de l’Etat. Désormais, il y a une peur apparente ou une crainte dans l’administration publique parce que ça ne pardonne pas quand vous êtes épinglé dans tel ou tel dossier. Que vous soyez un soutien ou un opposant au régime. Les policiers, les enseignants et bien d’autres corps de métiers en savent quelque chose. Cependant ces problèmes qu’on semble corriger persiste toujours par endroits. Et parfois c’est le gouvernement qui en est l’auteur. Combien de fois le réseau d’Ongs de la société civile Social Watch n’a-t-il pas demandé au pouvoir Talon de rendre publics les dossiers d’appels d’offres par les canaux officiels ? Combien de fois s’est-il exécuté ? Que contient le contrat révisé de Pvi Bénin Control ? Quel citoyen béninois peut dire avec précision le salaire du chef de l’Etat et de ses ministres ? De quoi retourne la gestion déléguée du Port de Cotonou ? Même question pour le parc de la Pendjari. Le système de leasing des véhicules administratifs, combien de Béninois en savent quelque chose en terme de coûts ? L’importation de granité de la Norvège pendant que la ressource existe localement. Autant de sujets qui nécessitent lumière. La liste n’est pas exhaustive parce qu’on n’a même pas encore évoqué le bilan de Bénin Taxi puisque c’est toujours l’argent du contribuable.
Ces exemples pour montrer le hiatus, le fossé ou le paradoxe qui existe encore, après trois ans de gouvernance, entre ce qui a été dit au départ et ce qui est fait aujourd’hui. En prenant l’engagement en 2016 de Consolider la démocratie, l’Etat de droit et la bonne gouvernance, est-ce pour détruire l’existant en terme de fondamentaux ? Est-ce pour faire reculer le pays qui était bien connu dans le monde de par sa démocratie ? Toute la problématique est là. Il semble qu’il y a un problème de perception, de compréhension ou d’approche entre le ‘’Réformateur’’ et son peuple. En tout cas, à chacun son opinion sur ces différents faits réels cités pour mieux évaluer.

Worou BORO
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