C’est ni plus ni moins ce qu’il convient d’appeler une crise de confiance entre la jeunesse béninoise et le président de la République. Vu la mal gouvernance qui sévit actuellement dans la gestion des affaires publiques, des associations de jeunes doutent des promesses interminables du gouvernement et de son chef.
Ce sont des mots que ne doit pas négliger le président de la République. De jeunes béninois doutent de sa capacité ainsi que de celle de son gouvernement à mener à bien les programmes annoncés à leur profit dans le projet de budget général de l’Etat gestion 2014. Il s’agit des milliards qui devront engendrer des centaines d’emplois pour les jeunes. Le vendredi 1er novembre 2013 à la bourse du travail, lieu évocateur de grogne sociale, certaines associations de jeunes ont jeté un pavé dans la mare du gouvernement. A leur corps défendant ! Ces jeunes béninois en ont marre de leur situation précaire contre laquelle il y a tant de promesses faites par le gouvernement et son chef. La valise de prospérité, pour eux, tarde à s’ouvrir. Ils ne croient plus personne, même pas le président de la République. Cependant, les jeunes veulent s’accrocher. Ils veulent s’accrocher aux milliards retenus dans le projet de budget général de l’Etat gestion 2014 et destinés à leur créer des emplois. Dans ce projet de budget en effet, les ressources prévues pour la promotion de l’emploi des jeunes dans les ministères s’élèvent à la somme de 30.759.429.000 F Cfa et 1.750.000.000 F Cfa pour sept nouveaux centres d’affaires à implanter à Abomey-Calavi, Kandi, Pobè, Natitingou, Bohicon et Lokossa. Au total, il est prévu 58 milliards pour l’emploi des jeunes, par l’opérationnalisation d’un vaste plan d’actions orientées principalement vers le Fonds National de la micro finance, l’Agence Nationale pour la Promotion de l’Emploi, le business center, l’entreprenariat agricole.
Yayi croit toujours à un lendemain meilleur
Les associations de jeunes en question ont fait le compte à leur niveau et entendent prendre désormais leurs responsabilités afin que ce ne soit plus de simples incantations venant de l’Exécutif. Pour ce faire, les jeunes exigent que : «Toutes les organisations de jeunes soient associées et impliquées dans la gestion des fonds annoncés pour l’emploi des jeunes », que « les syndicats de travailleurs, les organisations de jeunes soient associés et impliqués dans l’organisation et le contrôle des concours », et que «les organisations de jeunes soient associées aux autres projets de promotion de l’emploi ». Mieux, ils trouvent que «toute considération en dehors de cette voie ne serait qu’un réservoir d’enrichissement illicite sur le dos de la jeunesse en quête d’emploi décent et durable au Bénin». Que des associations de jeunes en arrivent à ce point montre clairement qu’elles ne font plus confiance à leurs dirigeants au plus haut niveau. Ils perdent patience et espoir. Mais pour le Chef de l’Etat, l’espérance est permise. Il l’a dit devant le Directeur général de la Fao en visite au Bénin. Encore un engagement pris devant une haute personnalité de ce monde. Et comme pour son engagement pris devant des personnalités de ce monde de partir du pouvoir en 2016, Boni Yayi voudrait bien que la jeunesse de son pays le croit. Mais cette jeunesse l’attend désormais au tournant. D’ailleurs, elle voudrait mettre la main à la pâte pour ne plus se laisser abuser.
Jean-Marie Sèdolo