On ne peut pas vouloir d’une chose et son contraire. C’est en tout cas une vérité de lapalissade que le Régime d’Assurance Maladie Universelle (Ramu) ne pourra fonctionner efficacement que si des infrastructures de santé dignes existent pour offrir des soins de qualité aux populations. La construction de l’Hôpital d’Instruction des Armées (Hia), un projet du temps du Général Mathieu Kérékou dont les ressources seraient encore disponibles, peut redonner confiance aux Béninois qui doutent déjà de l’efficacité réelle de cette initiative, pourtant noble du président Boni Yayi. Malheureusement !
Officiellement lancé par le chef de l’Etat, le 19 décembre 2011 et, mis en œuvre le 01er avril 2012, le Régime d’Assurance Maladie Universelle (Ramu) connaît des réticences au sein des différentes couches sociales. Non pas que cette politique sanitaire n’est pas salutaire, puisqu’elle se propose d’offrir aux populations de nombreuses prestations à coûts réduits. On avait même indiqué qu’il «prendra d’abord en compte tous les travailleurs du secteur structuré de l’économie, notamment les Agents permanents de l’Etat et travailleurs du secteur privé formel, avant de s’étendre progressivement aux autres couches sociales au fur et à mesure de l’avancée des réformes à effectuer pour les y intégrer». Mais, disons que ce qui pourrait constituer le socle de l’initiative paraît mis en berne. S’en est-on rendu compte pour inverser la pyramide des adhésions? Une chose est certaine, des récriminations fusent de toutes parts, même au sein des spécialistes de soins hospitaliers pour dénoncer, entre autres, le manque de structures sanitaires adéquates pour accompagner le Ramu. « Ne va-t-on pas encore assister à un Icc moderne du «tiers-payant» quand déjà il n’existe pas assez de structures sanitaires pour accompagner le Ramu ? », s’inquiètent des conducteurs de moto-taxi. Ou, « Nous roulons droit vers une forme d’escroquerie à la «refondation» », dénoncent des militants des Centrales syndicales du Bénin, qui accusent le gouvernement de mettre la charrue avant les bœufs. Pourtant, il existe bel et bien un projet de construction d’un hôpital de haut standing dans la commune d’Abomey-Calavi. Un projet dont la réalisation pourrait donner du souffle à la chose. Un hôpital avec une capacité initiale de 420 lits, lequel viendra non seulement satisfaire les besoins sanitaires et médicaux des armées, mais beaucoup plus pour répondre aux besoins grandissants des populations du Bénin et de la sous-région. Mieux, il va assurer la formation du corps médical, paramédical et technique, assurer une augmentation des capacités de soins et d’accueil par l’aménagement des locaux prévus à cet effet, notamment l’ajout de nouvelles unités de soins, la création d’un service de scanographie et des satellites, l’imagerie médicale, la création d’un service de grands brûlés pour ne citer que celles-là. Un hôpital qui en réalité va éviter les évacuations sanitaires souvent onéreuses aux patients et à leurs familles.
Le Hia pour sauver la face
Autrement dit, ce sera pour donner du souffle au Ramu qui se propose, lui, de prendre en charge les frais de consultation, de soins et d’hospitalisation, ceux de médicaments, de consommables médicaux et de produits sanguins. Aussi, ne seront-ils pas exemptés les frais des examens de cardiologie et de laboratoires, les frais de vaccinations obligatoires à l’exception de ceux couverts par les programmes de gratuité, les frais d’appareillage, ceux de transport des malades d’une formation sanitaire à une autre, les frais de prestations liés à l’état de grossesse et à l’accouchement à l’exception des actes pris en charge par les mécanismes de gratuité. « L’un sans l’autre serait une utopie », rassurent déjà des praticiens hospitaliers, qui n’hésitent pas à y voir une myopie du gouvernement. Evoquant par ailleurs que tout ce qui est gratuité dans le secteur de la santé bute contre l’inexistence de formations sanitaires adéquates et le manque de personnel dans les structures de santé, certains confient que des personnalités et non des moindres dans le cercle restreint de la haute autorité savent très bien la vérité sur ce projet de construction de l’Hôpital d’Instruction des Armées. Mieux, reconnaissant l’opportunité du Hia, elles y vont jusqu’à le classer parmi les « grands chantiers du pays », au regard du caractère fondamental qu’il pourrait jouer en tant que moteur du Ramu. Et si jusque-là, certaines parmi elles tentent de la cacher au chef de l’Etat, « l’éclipse finira par disparaître », confient les plus optimistes qui évoquent le cas du Sénégal où trois hôpitaux sont en chantier pour accompagner leur politique sociale sanitaire.