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Foultitude de propositions à Talon pour des législatives inclusives : Donc, tout ça à l’eau !

Publié le vendredi 12 avril 2019  |  Matin libre
Patrice
© Autre presse par DR
Patrice Talon,President du Benin
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Comme annoncé, le chef de l’Etat était hier face au peuple dans un grand oral. Rien de spécial à mettre sous la dent si ce n’est ce qu’on savait : la poursuite du processus électoral sans l’opposition. Patrice Talon avait déjà donné sa caution morale à la chose dans une décision du conseil des ministres. Il fallait trouver juste un créneau ou une tribune pour tenter de situer les responsabilités, passer son message et tourner cette page. C’était cela l’objectif du show médiatique d’hier. Et le chef de l’Etat n’a pas manqué d’exposer les motivations qui l’ont conduit à foncer. Cette sortie qui intervient la veille du démarrage de la campagne électorale semble être aussi une réponse aux nombreuses sollicitations de personnalités qui croyaient toujours que le chef de l’Etat pouvait sauver le modèle démocratique béninois en usant de ses prérogatives constitutionnelles. Et ils sont nombreux à appeler le président de la République, que ça soit par lettres ouvertes ou par des opinions publiées, à la prise d’une ordonnance pour ouvrir l’élection aux forces de l’opposition . Les constitutionnalistes Joël Aïvo, Victor Topanou, le Père Efoe-Julien Penoukoun, Reckya Madougou, Narcisse Tomety, Akindes Adékpédjou, Gustave Assah, l’ancien président Nicéphore Soglo, Célestine Zanou, Social Watch Bénin, Omar Arouna, Jean-Baptiste Elias, le Père Eric Aguénounon et bien d’autres avaient jusqu’à hier l’espoir que quelque chose pouvait être fait, que le chef de l’Etat se mettrait au-dessus de la mêlée pour aller dans le sens de ce que veut la grande majorité des Béninois. A toutes ces personnalités, Patrice Talon a donné une réponse : « ” Qui n’a pas envie de plaire à l’opinion publique ? Qui n’a pas envie de séduire ses concitoyens ? Qui n’a pas envie d’avoir une bonne image ? Je l’ai dit et je veux bien le répéter. L’issue de ces deux phases de qualification n’est pas quelque chose qui me donne à être fier, satisfait parce que je sais combien cela est suspectable, combien cela entache mon image personnelle et l’image du pays tout entier mais je n’ai pas à mon niveau, comme un souverain absolu, à remettre en cause ce qui est réglementé, structuré par la Constitution et les lois”.

Quant à la volonté exprimée par ces personnalités de voir le chef de l’Etat recourir aux mesures exceptionnelles, Patrice Talon a brandi l’argument de respect de la Constitution. D’abord il s’est servi de l’article 4 de la Constitution : « Article 4 : Le peuple exerce sa souveraineté par ses représentants élus et par voie de référendum. Les conditions de recours au référendum sont déterminées par la présente Constitution et par une loi organique.

La Cour constitutionnelle veille à la, régularité du référendum en proclame les résultats » pour montrer que les lois querellées (Code électoral et charte des partis politiques) tiennent leur légitimité du Parlement et qu’en tant que telles, toutes les parties sont tenues de les respecter. Fort de cela, le recours aux mesures exceptionnelles n’a plus sa raison d’être, car, pour Patrice Talon, cela reviendrait à une remise en cause de l’ordre constitutionnel ou à un coup d’Etat. Un chapeau qu’il n’est pas prêt à porter parce que cela a tout l’air d’une arme de destruction massive. « J’ai prêté serment pour respecter et protéger la Constitution (…) On ne prend pas d’ordonnance dans n’importe quel domaine », va-t-il lancer. Pour lui user de cette prérogative va créer un précédent grave. « (…) je ne veux pas assumer cette responsabilité », a-t-il martelé avant de lâcher : « A l’impossible, je ne suis pas tenu… A l’impossible, je ne peux tenir personne ».

Ainsi, le chef de l’Etat a jeté, l’une après l’autre, aux orties toutes les propositions à lui faites par les diverses personnalités. Pourtant ces personnalités n’étaient animées que par le désir d’être utiles à la nation, d’éviter au pays un recul démocratique et à préserver l’essentiel : la paix. Malheureusement, à l’arrivée, on a l’impression que ces intellectuels ont perdu du temps à écrire toutes ces pages et à faire des propositions au chef de l’Etat. Le président de la République est resté égal à lui-même, comme à l’accoutumée. Il croit dur comme fer que sa logique reste la vérité, la bonne voie qui conduirait le peuple béninois au Bonheur. Les réflexions de ce gotha, au finish, sont à l’eau. Dans quel état d’esprit seraient toutes ces personnalités après avoir suivi cet entretien d’une soixantaine de minutes qui n’a pas apporté un plus dans le débat ?

M.M
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