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Situation sociopolitique au Bénin: Ce que pense l’ancien président Boni Yayi

Publié le vendredi 12 avril 2019  |  L`événement Précis
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© aCotonou.com par Didier ASSOGBA
Les forces politiques de l’opposition ont décidé de se constituer une liste unique pour affronter les législatives d’Avril 2019
Cotonou le 16 janvier 2019. Les forces politiques de l’opposition ont décidé de se constituer une liste unique pour affronter les législatives d’Avril 2019
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Plusieurs fois annoncé pour donner un point de presse sur la situation sociopolitique actuelle du Bénin, l’ancien chef de l’État, Boni Yayi a fini par s’exprimer sur sa page Facebook. Président d’honneur du parti Force Cauris pour un Bénin Émergent (FCBE), Boni Yayi ne partage pas le fait qu’il y ait élections législatives au Bénin sans les partis de l’opposition. Il l’a souligné dans son point de vue après sa rencontre avec une délégation de la Francophonie.

Lire l’intégralité de son message



CRISE POST ÉLECTORALE AU BENIN : MON POINT DE VUE SUITE À MA RENCONTRE AVEC LA DÉLÉGATION DE LA FRANCOPHONIE.



Je salue avec beaucoup de considération la délégation de la Francophonie notre organisation commune venue s’enquérir de la situation politique, sociale et économique qui prévaut dans mon pays le BENIN. Je voudrais illustrer mon propos en référence aux textes fondamentaux de notre organisation.

Dans la charte de la Francophonie adoptée à Hanoi (Vietnam) le 15 novembre 1997, ou peut lire dans le titre 1 : des objectifs et article 1 : « la Francophonie… a pour objectifs d’aider : à l’instauration et au développement de la démocratie, à la prévention des conflits et au soutien à l’Etat de droit et aux droits de l’homme ».

La situation qui prévaut aujourd’hui au BENIN est la négation flagrante de cette volonté de la Francophonie de développer la démocratie, de prévenir les conflits et de soutenir l’Etat de droit. En effet la décision du gouvernement de mon pays d’exclure toute l’opposition des législatives d’Avril 2019 ne promeut pas la démocratie ni ne prévient les conflits et est contraire à tous égards à l’Etat de droit.

Comme vous l’avez su certainement lors de votre rencontre avec l’opposition, tous nos efforts pour faire entendre raison à la mouvance et au Président Patrice TALON ont été vains. Notre volonté de nous conformer à la charte et au code électoral, exclusifs et conflictogènes tout comme la recherche du consensus n’ont guère prospéré dans l’environnement planifié de longue date par nos partenaires. Je voudrais à nouveau attirer votre attention sur le profond fossé qui sépare le texte fondamental de la Francophonie à savoir la Déclaration de Bamako du 03 novembre 2000 d’avec l’exclusion actée par le pouvoir de la rupture de prendre seul part aux législatives du 28 avril 2019.

En effet, la situation actuelle imposée à l’opposition est aux antipodes du texte contenu dans le Titre II de la Déclaration de Bamako qui consacre les principes fondamentaux auxquels nos Etats ont adhérés notamment aux points :

1- « La démocratie, système de valeurs universelles, est fondée sur la reconnaissance du caractère inaliénable de la dignité et de l’égale valeur de tous les êtres humains ; chacun a le droit d’influer sur la vie sociale, professionnelle et politique et de bénéficier du droit au développement ; »

3« La démocratie exige en particulier, la tenue, à intervalle régulier, d’élections libres, fiables et transparentes, fondées sur le respect et l’exercice, sans aucun empêchement ni aucune discrimination, du droit à la liberté et à l’intégrité physique de tout électeur et de tout candidat, du droit à la liberté d’opinion et d’expression, notamment par voie de presse et autres moyens de communications, de la liberté de réunion de manifestations et de la liberté d’association ; »

C’est la dénégation de toutes ces valeurs universelles gages de la démocratie qui explique le BENIN d’aujourd’hui avec tous ses fils en exil politique ou remplissant les prisons à la suite d’arrestations musclées.

4« la démocratie est incompatible avec toutes modifications substantielles du régime électorale introduites de façon arbitraire ou subreptice… »

La négation de cette disposition a produit « le certificat de conformité », inexistant dans les textes électoraux et par lequel l’exclusion arbitraire des partis de l’opposition a été assurée.

5« la démocratie suppose l’existence de partis politiques égaux en droit, libres de s’organiser et de s’exprimer, pour autant que leur programme et leurs actions ne remettent pas en cause les valeurs fondamentales de la démocratie et des droits de l’homme. Ainsi, la démocratie va de pair avec le multipartisme, elle doit assurer à l’opposition un statut clairement défini, exclusif de tout ostracisme ».

Ce point interpelle indéniablement la charte des partis dans sa philosophie.

Au titre III relatif aux proclamations on peut lire :

4« la démocratie, pour les citoyens-y compris, parmi eux, les plus pauvres et les plus défavorisés-se juge, avant tout, à l’aune de respect scrupuleux et de la pleine jouissance de tous leurs droits civils et politiques, économiques, sociaux et culturels, assortis de mécanisme de garanties. Il s’agit là de conditions essentielles à leur adhésion aux institutions et à leur motivation à devenir des acteurs à part entière de la vie politique et sociale ; »

A notre avis ce point interpelle toute la gouvernance actuelle et laisse dubitatif sur la nécessité de payer la caution de deux cent quarante-neuf million de franc CFA avant de prendre part aux législatives.

Au niveau du titre IV relatif aux engagements et au B intitulé pour la tenue d’élections libres, fiables et transparentes, les points suivants nous laissent perplexes quant aux perspectives ouvertes par le processus électoral en cours.

8« s’assurer que l’organisation des élections, depuis les opérations préparatoires et la campagne électorale jusqu’au dépouillement des votes et à la proclamation des résultats, y inclus le cas échéant, le contentieux, s’effectue dans une transparence totale et relève de la compétence d’organes crédibles dont l’indépendance est reconnue par tous ; »

10« impliquer l’ensemble des partis politiques légalement constitués tant de la majorité que de l’opposition, à toutes les étapes du processus électoral, dans le respect des principes démocratiques consacrés par les textes fondamentaux et les institutions… ».

Au regard de ces deux points, la nomination des sept sages de la Cour Constitutionnelle et les bégaiements récents, incompréhensibles de la CENA évoquant des fautes mineures et des fautes majeures pour tenter de justifier la consécration des partis de la mouvance et l’exclusion de certains partis de l’opposition puis de toute l’opposition ont jeté un froid certain sur notre démocratie et ont plongé le peuple béninois dans une inquiétude profonde et le désarroi quant à la tenue dans les conditions actuelles d’une élection transparente et paisible .

Nous sommes pour une vie politique apaisée conformément au point 14 qui stipule « faire participer tous les partis politiques tant de l’opposition que de la majorité à la vie politique nationale, régionale et locale, conformément à la légalité de manière à régler pacifiquement les conflits d’intérêts ; » c’est pourquoi nous restons fermes et déterminés à faire respecter et aboutir le principe sacro-saint démocratique selon lequel « pas d’élections sans la participation de l’opposition ».

Je vous remercie.
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