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Edito: J’ai peur de Talon

Publié le vendredi 19 avril 2019  |  L`événement Précis
Rencontre
© Autre presse par DR
Rencontre des corps constitués de la Nation à la Marina avec le président Patrice Talon
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Le 16 avril déjà, le PRD exigeait l’annulation du processus électoral. Le parti d’Adrien Houngbédji soutenait qu’une fois que ses dossiers ont été rejetés par la CENA du fait qu’ « un des nôtres a été commis à cette basse besogne en introduisant dans les dossiers du Parti des pièces suspectées d’irrégularités ainsi que des doublons et ce, avec la complicité active de dirigeants d’un parti fantoche créé par le régime. » Titre du journal Matin Libre hier : « L’aveu de tricherie du PRD ». Et d’affirmer : « Par ces lignes, le PRD reconnait qu’il y a effectivement des irrégularités dans son dossier, et que, de ce fait, la CENA ne pouvait que le rejeter. Même si le PRD pointe du doigt le régime de la rupture qui, selon lui, aurait orchestré toute cette manœuvre, au moins il lave la CENA de tout soupçon. Implicitement, les Tchoco-tchoco reconnaissent que la CENA n’avait d’autre choix que d’invalider leur liste, étant donné qu’il comporte des irrégularités et des doublons. » Alors, la position du PRD se ramène à ceci : puisque ma liste a été rejetée à cause de mes propres irrégularités, il faut annuler les élections. C’est comme un candidat au Bac qui a été renvoyé du centre d’examen pour tricherie et qui exige l’annulation de tout l’examen. Je ne sais pas s’il y a pire inconséquence.
Il faut même se demander si le PRD ne discrédite pas toute action anti-Talon actuellement. Les raisons évoquées sont en effet une négation pure et simple de l’Etat de droit. Ce parti a obtenu sans anicroche son certificat de conformité et tous les quitus fiscaux de ses candidats. Le rejet de sa liste est, de ses propres aveux, le résultat d’actes répréhensibles qui ne dépendent de personne d’autre que du PRD seul. Si dans ces conditions, on en arrive à exiger l’annulation de tout le processus électoral, nous tombons dans une pure diversion.
Hier, ce fut le tour de Boni Yayi d’appeler le Chef de l’Etat « à arrêter le processus électoral en cours », selon ses mots. Autrement dit, il demande à Patrice Talon d’user de ses prérogatives présidentielles pour arrêter un processus électoral déjà engagé. Question : en vertu de quelle loi un Chef d’Etat peut-il arrêter le processus actuel, en l’absence de toute révision constitutionnelle ? Quelle disposition constitutionnelle lui permet à l’étape actuelle d’arrêter le processus comme il le demande ? Oui, on me dira qu’il peut user de l’article 68 de la constitution. Ceux qui font ce genre d’exigences s’imaginent à peine ce que cela implique. Aucune loi, aucune constitution au Bénin ne permet à aucun président de la république d’arrêter un processus électoral. Si cela avait été possible, depuis 1990, je connais des présidents qui en auraient usé pour éviter d’avoir à essuyer un échec cuisant. Plus proche de nous encore, si cette possibilité avait été offerte à Boni Yayi même en 2016, il aurait arrêté la présidentielle qui a vu l’échec cuisant de son candidat et son remplacement par son pire ennemi. Si l’article 68 de la constitution pouvait tout permettre, qui peut empêcher qu’il soit utilisé pour prolonger des mandats législatifs ou présidentiels ?
A l’heure actuelle, tous les appels lancés au Chef de l’Etat pour qu’il devienne un autocrate, tendent à faire croire qu’il est capable à lui tout seul de faire prolonger le mandat actuel des députés, pour rendre l’élection inclusive. Cette voie n’était possible que par la seule alternative parlementaire qui n’a pas prospéré du fait des obstructions orchestrées des deux côtés. Si malgré cette réalité aveuglante, l’on invite le Chef de l’Etat à user de voies extraconstitutionnelles pour faire un coup de force, il faut s’attendre au pire.
Humainement, un Chef d’Etat que l’on pousse à ses excès finit par y tomber. Et le risque est élevé de le voir un jour prochain faire fi de toute loi et gouverner selon ses humeurs. Le règne de l’arbitraire qu’exigent le PRD et Yayi Boni, est une perspective catastrophique dont les conséquences sont à peine perceptibles aujourd’hui. Les exigences qu’ils soulèvent sont en fin de compte un appel à l’anarchie qui est probablement un grand piège dans lequel Patrice Talon ne tombera pas.

Par Olivier ALLOCHEME
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