Légalement, la campagne électorale en vue des législatives du 28 avril doit prend fin vendredi. Mais au fur et à mesure que le jour tant attendu approche, la tension monte dans le pays et la psychose se répand dans l’opinion. Déjà, vendredi dernier, alors que les deux anciens chefs de l’Etat, Nicéphore Soglo et Yayi Boni, accompagnés des députés Rosine Soglo et Eric Houndété, étaient au grand marché Dantokpa pour sensibiliser sur ces élections non inclusives que le Bénin s’en va vivre, la tension est montée d’un cran. La police est intervenue, disperçant la foule à coups de gaz lacrymogène. Dans la foulée, des bousculades et accrochages avec à la clé des interpellations. Dans la soirée, la police présente ‘’deux gros bras’’ faisant partie de la garde privée des deux anciens chefs de l’Etat comme étant des « mercenaires » étrangers. Le démenti a été aussi prompt dans le camp de l’opposition. Les deux mis aux arrêts ne sont pas des mercenaires. Ils sont bien des Béninois, pères de famille, pourrait-on lire. On en était là quand dans un communiqué du 21 avril, signé du Général Nazaire Hounnonkpè, la Police républicaine demande aux « populations des villes et des campagnes à dénoncer aux services de police, contre de fortes récompenses, tous les projets d’actes attentatoires à la paix et à la sécurité dont elles ont connaissance ». En lisant entre les lignes, ce communiqué, il n’est pas exagéré de dire que même au niveau de la police républicaine, c’est l’alerte maximal et en mode prévention face à d’éventuels troubles à l’ordre public. Ce n’est donc pas aussi la sérénité au niveau des forces de sécurité. Et il semble qu’à son niveau, le chef de l’Etat, Patrice Talon est lui-même conscient de ce que ça peut dégénérer à tout moment. La persistante rumeur d’une rencontre en vue entre Patrice Talon et ses prédécesseurs ne trouverait-elle pas son fondement là ? Voilà que Yayi Boni et Nicéphore Soglo anticipent déjà sur une telle éventualité pour poser leurs conditions. En effet, avant qu’une rencontre du genre n’ait lieu, les deux anciens présidents de la République exigent de Patrice Talon, un message solennel à la Nation par lequel il « s’engage à suspendre immédiatement le processus électoral conflictogène pour créer les conditions d’un processus consensuel, inclusif et transparent. » Aussi, demandent-ils « des sanctions exemplaires aux agents de la police républicaine responsables de la bavure policière contre la personne des deux présidents en présence notamment de l’honorable Rosine Viera Soglo, présidente de la Renaissance du Bénin et de Eric Houndété 1er vice-président de l’Assemblée nationale ». Au cas où ces préalables ne seraient pas respectés, cela veut dire d’office que la présumée rencontre ne pourrait avoir lieu. Les choses en resteraient donc là. Mais là où la psychose s’empare de beaucoup de Béninois est l’atmosphère dans laquelle va se tenir le scrutin. D’un côté, le président Talon et ses soutiens sont pour le passage en force alors que du côté des forces de l’opposition y compris le Parti du Renouveau démocratique, ça ne passera pas. « Pas d’élection sans l’opposition », l’ont encore martelé Yayi Boni et Nicéphore Soglo dans un communiqué conjoint publié sur les réseaux sociaux et signé de leur cellule de communication. Un climat préélectoral particulier depuis trente ans presque que le Bénin a opté pour le processus démocratique.